Demeurant 2 rue de Kabylie, Charles Favier était à l’été 1895 le coordonnateur d’un projet d’édition d’une Encyclopédie anarchiste. Il fut à partir de août 1896 le gérant du journal La Sociale (Paris, 76 numéros du 12 mai 1895 au 18 octobre 1896) animé par Émile Pouget et où il avait remplacé A. Gauthey. Puis ce titre était remplacé par une nouvelle série du Père Peinard à partir d’octobre 1896 dont C. Favier fut également le gérant jusqu’au 27 février 1898 où il fut remplacé par L. Grandidier.
Le 1er mai 1897, à la fin de la réunion organisée Salle du Colysée à Beauvais à laquelle avaient participé quelques 300 personnes, il avait été arrêté pour avoir chanté Les Antipatriotes. Remis en liberté provisoire, il fut inculpé de “provocation au meurtre et au pillage”. En juin 1897 il fut arrêté pour « outrages à agents » à la Brasserie libertaire de Beauvais et fut condamné à 1 mois de prison pour avoir qualifié les agents de “bêtes à cornes”. En octobre 1897, alors qu’il était allé travailler à la Foire de Lige, il fut arrêté et expulsé de Belgique. En janvier 1898 il était signalé par la police comme se déplaçant de Reims à Provins avec la troupe Junck du théâtre des Fantoches parisiens qui devait s’y produire à l’occasion de la foire annuelle.
En 1906 il collaborait parfois à L’anarchie (Paris) de Libertad. Il demeurait alors 19 rue Cité Delasalle et avait pris l’initiative au printemps de regrouper les antimilitaristes de la région en “syndicat de défense”.
En 1908, il était le gérant de La Mère Peinard (Parc Saint-Maur, au moins 7 numéros de septembre à la fin de l’année), journal sous-titré Réflecs hebdomadaires d’une lavandière et qui selon Henri Zisly aurait été inspiré par Fortuné Henry. Ce titre sera violemment critiqué « pour sa vulgarité » dans les colonnes des Temps nouveaux de Jean Grave. L’année suivante, C. Favier, qui aurait habité rue Palikao et appartenait au syndicvat des ferblantiers, était soupçonné par la police « de se livrer à la fabrication d’explosifs ». Lors d’une réunion révolutionnaire tenue le 13 mai rue Croix-Nivert « il aurait fait l’apologie du 17e et se serait livré à des excitations au pillage ». Le 19 juin la police signalait qu’à « une réunion publique de l’Association Internationale Antimilitariste, 27 rue de Belleville » il avait déclaré « que la patrie n’existe pas… et préconisé l’insoumision ». A cette même réunion, il avait dit « que la chimie pourrait fournir des moyens assez puissants pour tenter d’empêcher les régiments de sortir de leurs casernes ». Dans un nouveau rapport du 4 août, il était soupçonné « d’avoir placardé des affiches non timbrées de l’AIA », mais la police n’avait pu le localiser. Puis le 6 novembre était poursuivi à Pontoise dans une affaire dans laquelle il était impliqué sous le nom de Duthoit .
En 1910 il fut particulièrement actif au groupe formé dans le XIe arrondissement à l’occasion de la campagne antiparlementaire lors des élections où il s’était inscrit comme candidat abstentionniste. Le groupe qui se réunissait à la coopérative la Famille du XIè, 2 rue Saint-Bernard, diffusait dans le quartier une affiche intitulée Ne Votons plus !.
En 1911 il était membre de la Fédération Communiste Révolutionnaire. Il résidait à cette époque à Montrouge, 75 route d’Orléans.
Réserviste dans la territoriale, Favier, qui était inscrit au Carnet B, avait été mobilisé en 1914 comme artilleur, mais était parvenu, après un long séjour à l’hôpital à se faire réformer. Le 21 février 1915, il participa à la réunion tenue à l’initiative d’E. Armand chez Bonnery à Montrouge à laquelle assistèrent une vingtaine de camarades dont Henru Zysly, Mauricius et sa compagne, Georges Gillet et Émile Renaud. A cette réunion destinée à reprendre les contacts et à fixer une attitude face à la guerre, il raconta qu’à Lizy-sur-Ourcq, lors de la bataille de la Marne, le 88e régiment de la territoriale avait levé crosse en l’air et que l’État-major avait fait tirer à l’artillerie lourde sur le régiment qui “avait été anéanti”. Il ajouta que le lieutenant de la pièce qu’il servait, l’avait baptisé la “CGT”.
Dans certains comptes rendus ou rapports, le prénom n’étant pas précisé, il y a peut être identité ou parenté avec Camille Favier, collaborateur de L’Action Antimilitariste (Marseille, 4 numéros du 15 septembre 1904 au 15 janvier 1905), organe de l’AIA dont le gérant était Auguste Berrier. Camille Favier est décédé fin 1959.