Dictionnaire international des militants anarchistes
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FAUGOUX, Auguste, Alfred
Né à Nantes le 24 février 1862 - mort au bagne le 25 (?) octobre 1894 - Manoeuvre - Nantes (Loire-Atlantique) - Paris - Genève - Londres - Guyane
Article mis en ligne le 30 avril 2007
dernière modification le 27 octobre 2023

par R.D.

Ancien élève de l’École professionnelle de Nantes où il avait travaillé cinq ans comme employé aux écritures aux Forges et Chantiers de la Loire, Auguste Faugoux avait été en 1889 candidat abstentionniste lors des élections législatives et selon un rapport du procureur (18 décembre 1893) avait été avec Victor Cails et Régis Meunier l’un des animateurs du syndicat des hommes de peine de Nantes, fondé le 10 février 1890 au cabaret tenu par Vannier.

Puis il avait gagné la région parisienne pour travailler aux Forges et Ateliers de Saint-Denis.

Demeurant 37 rue de l’Union à Asnières, il fut avec Lucien Weil Henri Dhorr le gérant des premiers numéros du journal d’Émile Pouget Le Père Peinard (Paris, n°1, 24 février 1889). Après la condamnation le 18 avril 1890 de Lucien Weil, remplacé par J. Bebin, il avait remplacé ce dernier en mai à la gérance ce qui lui valut, suite à 9 articles parus dans 3 numéros, d’être condamné le 8 décembre 1890 à 2 ans de prison et 3.000 francs d’amende pour "apologie du meurtre du général Seliversfoff, incitation au pillage et à l’incendie et à la désobéissance de militaires". Il fut alors remplacé à la gérance par G. Mayence. Ayant fui d’abord en Espagne (à Barcelone semble-t-il), il gagna ensuite, via Marseille, Genève où sous le nom de Martin il travailla comme ouvrier doreur ambulant, puis, après avoir été expulsé du canton de Genève comme ouvrier cordonnier à Lausanne. Après divers séjours en Suisse, à Londres - où au printemps 1891 il partagea une chambre avec Lucien Weil (cf Arc. Nat. BB 186451) - et Bruxelles, il revint à Paris en décembre 1891. Vers le 20 février 1892, il fut arrêté à Ménilmontant et, ayant été trouvé porteur d’un révolver, fut condamné pour "port d’arme prohibée" à 1 mois de prison. Puis le 3 mars il repassait aux Assises et écopait d’une peine de 6 mois de prison pour un article paru en décembre 1890 dans Le Père Peinard où la troupe était encouragée à ne pas tirer sur les grévistes de Revin.

Faugoux fut condamné par la cour d’assises de Versailles, le 27 juillet 1892, à vingt ans de travaux forcés et à vingt ans d’interdiction de séjour pour vol de dynamite à Soisy-sous-Étiolles dans la nuit du 14 au 15 février, avec la complicité de Ravachol, B. Chevenet, Drouhet et G. Étiévant.

Après sa condamnation, dans une lettre adressée à sa mère et à sa sœur, il écrivait : “…Après avoir revendiqué mon droit à la révolte par différents articles de journaux, je fus condamné, comme vous devez le savoir, à deux ans de prison et 3.000 francs d’amende. Je demandais asile aux puissances étrangères qui me refusaient, sinon l’hospitalité, comme la Suisse, du moins le droit à l’existence : le droit de vivre en travaillant. C’est alors que je revenais à Paris et, le 16 février dernier, je tombais aux mains de la police, dénoncé par un individu chez lequel j’avais déjeuné le jour même. J’ai déclaré ce jour là, que si je n’avais pas été arrêté à l’improviste, j’aurais vaillamment défendu ma liberté ; c’était la seule fortune qui me restait. Auriez vous osé me considérer comme un assassin ou comme un soldat de la Révolution ?

Séchez vos larmes ! Votre fils, votre frère n’est pas un voleur. J’ai exproprié M. Cussy, entrepreneur de carrières à Soisy. Dans cet acte, le vol ne saurait exister, quand on songe que patron ne produit rien et gagne 600 francs par jour en exploitant 300 ouvriers.

Quant au mobile du soi disant vol, peut il exister une cause plus légitime que celle de venger ses vaillants compagnons tombés dans la lutte et lâchement assassinés à Xérés (Espagne) ?

… Ne pleurez plus ! Chère mère, chère sœur j’ai agi comme je croyais devoir le faire, suivant ma conscience et ma bonne foi, par amour pour l’humanité, pour l’émancipation des travailleurs par eux-mêmes, par haine contre cette société qui m’a si mal traité… Ne vous faites pas de peine à mon sujet et chantez plutôt L a Carmagnole et le Çà ira, ça me fera plus plaisir ; si vous ne les savez pas, apprenez les. Apprenez aussi à conserver votre dignité… Je n’ai qu’un regret, c’est de ne pouvoir vous serrer dans mes bras et vous embrasser une dernière fois. Adieu ! Adieu !” (cf. Le Père Peinard, 7 août 1892)

Il fut transporté en Guyane avec d’autres militants anarchistes dont Léon Lepiez, Paridaën, Charles Antoine Simon Biscuit, Benoit Chevenet et Maxime Thiervoz. Tous furent débarqués à la réclusion de l’île Saint-Joseph où il allait tomber malade. Clément Duval, dans ses mémoires, écrivait à son propos : “Faugoux était tombé malade… on le laissa sans soins ; la dhiarrée qu’il avait contractée par ce changement de climat, le surmenage, la mauvaise nourriture, s’aggrava. Au lieu de l’envoyer à l’hôpital où il aurait eu quelques soins, on le mit à l’infirmerie, où il n’y avait rien, un peu de quinine, de bismuth, et comme nourriture, celle du camp. Aussi il y resta trois semaines et fut envoyé à l’île Saint-Joseph pour se servir de la pelle et de la pioche, rouler de gros blocs de pierre, ce dont il n’avait pas la force. Tous les soirs, avant l’appel, je profitais que la porte restait ouverte pour aller voir ces mamarades, et m’entretenais avec Faugoux que je fus à même d’apprécier comme étant vraiment sous tous les rapports un bon, énergique, courageux camarade”. Toujours malade Faugoux, qui avait le matricule 25696, fut ensuite transféré à l’infirmerie de l’Ile Royale où il mourut de la dysenterie le 25 (?) octobre 1894.


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