
Auguste Breton, qui avait été tiré au sort dans le Loiret et avait fait son service au 89e Régiment de ligne, correspondait avec Victor Loquier, anarchiste et coiffeur à Epinal qui avait été son voisin de chambre, 26 rue des Écoles (Ve arr.). Il était en relation journalière avec le compagnon Louis Cluzel qui demeurait dans la chambre, occupée auparavant par Loquier.
Le 24 janvier 1894, une perquisition effectuée à son domicile, amena la découverte de brochures anarchistes, de lettres ainsi que les portraits encadrés de Louise Michel, de Reclus, de Kropotkine et de Ravachol. En mars 1894, Breton écrivait à Loquier pour le prévenir de cette action de la police.
Le 30 juin 1894, le préfet de police délivrait un mandat de perquisition et d’amener à son encontre, pour association de malfaiteurs. Le 1er juillet, à 4h du matin, le commissaire du quartier de la Sorbonne se présentait à son domicile, 26 rue des Écoles, au 6e étage. Il découvrit un revolver, une lanterne sourde, un lance-pierre et divers papiers. Arrêté et conduit au commissariat, il reconnut être anarchiste mais ne s’être jamais occuper de propagande. Le 4 juillet, il fut emprisonné à Mazas. Lors de son interrogatoire il déclara que c’étaient « Les injustices sociales qui m’ont fait adopter les idées que je professe ». Il avait ajouté qu’il était opposé à la propagande par le fait, qu’il ne fréquentait plus les réunions et qu’il ne voyait plus que le compagnon Cluzel qui habitait à coté de chez lui. Il avait également déclaré avoir acheté le revolver trois ans auparavant pour tirer dans le bois de Vincennes, avoir acheté la lampe sourde pour sa sœur qui devait partir aux Indes et avoir fabriqué lui même le lance pierres.
Le 7 juillet, le juge d’instruction délivra une commission rogatoire au juge d’instruction d’Epinal, pour effectuer une perquisition chez Loquier à Epinal.
Le 9 juillet à 16h, le commissaire d’Epinal se présentait chez Victor Loquier, 25 rue Rualménil. La perquisition fut infructueuse car Loquier détruisait sa correspondance aussitôt après l’avoir lue.
Dans une lettre au juge d’instruction, Auguste Breton écrivait : « En somme, je me vois mis au ban de la société, traité de paria, sans jamais avoir commis l’ombre d’un délit qui puisse justifier ces façons d’agir ; je suis anarchiste, il est vrai, mais de pensée seulement, or il n’est pas à ma connaissance de nouvelles lois restaurant le délit d’opinion ».
Le 19 juillet 1894, Breton était remis en liberté, par le juge d’instruction Franqueville.
Le 4 juillet 1895, le juge d’instruction Meyer délivrait un non-lieu concernant l’inculpation d’association de malfaiteurs.
Breton restait inscrit sur l’État récapitulatif des anarchistes au 31 décembre 1896. Il figurait également sur une liste d’anarchistes dont la présence était vérifiée, de 1900 à 1912. Il demeurait alors 16 quai d’Orléans. Son dossier à la Préfecture de police était enregistré sous le n°72133.