Dictionnaire international des militants anarchistes
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Y’en a pas un sur cent… et pourtant des milliers d’hommes et de femmes de par le monde, souvent persécutés, embastillés, goulagisés et parfois au prix de leurs vies, ont poursuivi leur chevauchée anonyme à la recherche d’un impossible rêve : un monde sans dieux ni maîtres.

ESPAGNAC [Léopold, Jules ESPAGNAC ?]

Libraire — Paris
Article mis en ligne le 9 novembre 2017
dernière modification le 8 août 2024

par R.D.

Espagnac (parfois orthographié Espagnacq) avait été signalé comme faisant des conférences à Choisy-le-Roi en 1888. A cette même époque, dans d’autres réunions, il dénonçait le général Boulanger dont il rappelait que « comme Galliffet il avait été le fusilleur du peuple en 1871 ». Il demeurait avec sa compagne au 10 passage de la Reuss.

Selon la police, début 1888 il avait projeté avec notamment Gouzien de former un groupe ouvert à toutes les tendances, appelé Les Gueux dans le Ve arrondissement où il était aussi signalé dans les réunions du groupe des V et XIIIe arrondissements…

Le 29 mars 1888, aux cotés notamment de Lutz, Louiche et Leprince, il fut l’un des orateurs de la réunion contre les bureaux de placements tenue par la Chambre syndicale des hommes de peine à la Bourse du travail et à laquelle avaient assisté quelques 800 personnes dont un grand nombre de garçons coiffeurs. Après avoir dénoncé les élections, il avait appelé à « wattriner » les placeurs et avait conclu son intervention ainsi : « Travailleurs, vous n’avez rien à attendre que de vous-mêmes. Les placeurs sont des bourgeois et tous ces exploiteurs se soutiennent ensemble. Si vous voulez vous émanciper, si vous voulez obtenir justice, suivez nos avis. Nous sommes anarchistes, c’est à dire des hommes libres, ne relevant que de nous-mêmes. Nos pères, les prolétaires de 1789 ont fait la révolution en promenant la torche incendiaire dans les châteaux. Imitez leur exemple et vous ferez aussi votre révolution ». A la sortie de la réunion un groupe avait été dispersé par la police qui avait arrêté un cuisinier de 26 ans (Carat ??) et le jeune garçon coiffeur Lebourbaquet (âgé de 19 ans) alors qu’ils arrachaient la plaque d’un bureau de placement rue Saint-Honoré. Un autre groupe, formé d’une soixantaine de garçons coiffeurs, s’était dirigé vers l’Hôtel de Ville où, sur l’injonction des agents, ils avaient choisi quatre délégués qui avaient été reçus par le bureau du conseil municipal.

Le 7 avril 1888, il fut arrêté Place de la Concorde alors qu’il s’était mêlé à plusieurs dizaines d’ouvriers sans travail venus sur la place à la suite de l’apposition par un groupe anarchiste d’une fausse affiche officielle du Ministère du travail annonçant l’ouverture de bureaux d’embauche (voir Mataigne).

Le 13 avril, lors d’une réunion chez le père Rousseau, il avait proposé avec Lutz et Lucas d’aller « démolir les bureaux de La Lanterne et casser les reins de ses rédacteurs » qui avaient publié des « articles injurieux pour les compagnons », proposition qui avait notamment été repoussé par Moucheraud, Pivier et Moreau considérant que cette action servirait de prétexte à « La Lanterne pour encore accuser les anarchistes d’être payés par la police pour envahir les bureaux des journaux ».

Lors de la grande grève des ouvriers terrassiers de Paris en juillet 1888, il incitait, comme Pennelier, les compagnons à y participer activement.

Le 9 août 1888, aux cotés de Louise Michel, Tennevin, Gouzien, Malato, Pausader, Lutz, Tortelier et G. Roussel, il avait été l’un des orateurs de la réunion organisée par les groupes anarchistes du XXe arrondissement au profit des victimes de la police lors de la journée du 8 août, enterrement d’E. Eudes où il y avait eu de nombreuses bagarres avec les forces de l’ordre. Il avait notamment déclaré : « Si jamais un policier me tient, je ne peux répondre ce que je ferais ». Ayant déployé un drapeau rouge lors de ces funérailles, il avait été l’objet de poursuites et s’était réfugié à Ostende.

En novembre 1888, suite à deux explosions contre des bureaux de placement, il fut arrêté ainsi que les compagnons Soudey, Lesplats, Mouvet, Louvet, Cochin, Leprince, Stadelmann, Ducron et Blivet avec lesquels il fut emprisonné à Mazas puis bénéficia d’un non-lieu. Lors de son arrestation à son domicile, passage de la Reuss, le matin du 9 novembre, il avait d’abord refusé d’ouvrir la porte, puis s’était emparé d’un révolver chargé que les agents, parvenus à entrer, lui avaient arraché des mains.
Le 18 décembre suivant, lors d’une nouvelle perquisition à son domicile, passage de la Reuss, il avait crié à un policier qui cherchait des explosifs dans un grand pot à confiture en faïence « Prenez garde, elle va partir ! », provoquant un mouvement de recul des policiers présents. Mais aussitôt une petite perruche verte s’était envolé, se posant tour à tour sur la tête des agents. Espagnac avait alors ajouté : « Ne faites pas attention. Cette petite bête est anarchiste comme moi ». (cf. Le Temps, 19 décembre 1888).

Le mois suivant il avait, avec Lutz, proposé sa candidature pour être délégué de la chambre syndicale des hommes de peine au congrès ouvrier devant se tenir à Troyes début 1889. A cette époque il était également signalé dans les réunions du Cercle anarchiste international qui se réunissait salle Horel, rue Aumaire.

Au printemps 1889 il fut aux cotés notamment de Tennevin, l’orateur de réunions publiques organisées par le groupe du XXe arrondissement.

Libraire à Paris, il fit au début des années 1890 des conférences à Nice et Pau. Un autre de ses frères, Léopold, était également militant au milieu des années 1890 à Paris où il travaillait comme ouvrier cordonnier.

Le cadet des frères Espagnac participait en 1887 aux réunions du groupe Les Libertaires du XXe, rue de Ménilmontant.

S’agit il de Léopold Jules Espagnac qui en 1893 demeurait 51 rue de Montmorency ?