Denis Fayard, à sa sortie de l’école à l’âge de 15 ans, avait commencé à travaillé comme employé chez un avoué, puis au bureau des hypothèques avant d’exercer la profession de teinturier. Dans certains rapports il est également signalé comme ancien coiffeur. Il avait été réformé pour claudication d’où son surnom Le boiteux et avait été signalé comme « propagandiste anarchiste dangereux » en 1893. Depuis novembre 1893 il aurait été le correspondant à Villefranche du journal Le Peuple (Lyon).
Membre de la Libre pensée, il avait rédigé en avril 1893, comme plusieurs autres militants de Villefranche un testament où il déclarait « vouloir être enterré civilement et qu’aucun emblème ne figure sur ma tombe » et chargeant ses camarades François Raby et Claude Clair de « faire exécuter ma formelle volonté par tous les moyens légaux, envers et contre tous » (voir Portfolio).
Le 20 décembre 1893, lors d’une perquisition faite chez le compagnon Sanlaville à Lyon, la police avait saisi un article venant de Villefranche, faisant l’apologie des attentats de Barcelone, signée Pan Klaos (voir Portfolio) et devant être inséré dans le journal L’Insurgé dont Fayard était le correspondant local. La police soupçonna fortement Fayard d’en être le véritable auteur où d’être lié à l’auteur.
Le 1er janvier 1894, le domicile de Denis Fayard, 210 rue Nationale à Villefranche, avait été l’objet d’une perquisition où la police avait saisi des journaux et des brochures anarchistes, un grand portrait de Ravachol, le brouillon d’une chanson anarchiste et une lettre prouvant qu’il était le correspondant local du journal socialiste révolutionnaire Le Peuple (Lyon). Lorsque la police s’était présentée à son domicile elle y avait trouvé un couple dont l’homme avait dit se nommer Auguste Andé et être tisseur et qui fut identifié par la suite comme étant Delalé condamné à Cherbourg comme gérant du Père peinard. Lors de son interrogatoire Fayard prétendit ne pas connaitre Delalé et ne l’avoir hébergé que sur la demande d’un autre compagnon. Entre temps, Delalé, qui avait été laissé libre, était parti le jour même de Villefranche. Fayard fut remis en liberté le 18 janvier suivant.
Il gagna par la suite, en mars 1894, la région parisienne où il subsistait en faisant le camelot en bonneterie et quincaillerie avec Martin Blanc avec lequel il demeura d’abord dans un garni de la rue de la Bûcherie.
Le 26 août 1894, suite à une dénonciation (une lettre signée Louis qui lui était adressée depuis Villefranche annonçant l’envoi d’une somme d’argent par les compagnons et comprenant la phrase « prouver qu’il y a parmi nous des hommes prêts à inscrire leurs noms dans la liste déjà longue du martyrologe anarchiste », lettre qui avait été trouvée dans la rue et envoyée au commissariat), il fut l’objet, en son absence, d’une perquisition sans résultat à son domicile d’un hôtel meublé 49 rue Orfila où il occupait une chambre avec Martin Blanc (21 ans, né à Paris). Alors qu’il rentrait chez lui, Il fut arrêté quelques heures plus tard pour “association de malfaiteurs et infraction à la loi sur les menées anarchistes”. Lors de son interrogatoire, il refusa formellement à donner les noms des anarchistes qu’il pouvait fréquenter, prétendit que la lettre était un faux et refusa ensuite de répondre aux questions et de signer le procès-verbal d’interrogatoire. Il avait également déclaré ne plus s’occuper d’anarchie depuis le 1er janvier 1894.
Parallèlement un grand nombre d’anarchistes ou supposés tels (Marcel, Guittard, Boyaux, Combier, la fille Monet…), furent arrêtés et poursuivis à Villefranche pour « association de malfaiteurs » par la police qui tenta vainement d’identifier l’auteur Pan Klaos (ou P. K.) de l’article saisi chez Salaville.
Denis Fayard fut incarcéré à la prison de Mazas et lors de multiples interrogatoires persista à dire que la lettre était un faux. Il reconnut seulement avoir reçu de Villefranche des correspondances de P. Marcel et de Louis Guittard ; ce dernier fut transféré également à Mazas en octobre 1894 et nia être l’auteur de la fameuse lettre. Une analyse graphologique conclut que ni Guittard, ni Combier, ni Boyaux n’étaient les auteurs de la lettre, mais que Fayard paraissait bien être l’auteur de l’article signé Pan Klaos.
Fayard et Guittard bénéficièrent finalement d’un non-lieu le 7 mars 1895 et furent remis en liberté.
En avril 1896 Fayard fut “candidat pour la forme” lors des élections municipales, ce qui lui valut une convocation à la police, à laquelle il refus de se rendre, suite à l’apposition dans les rues de Villefranche de plusieurs affiches non timbrées <Le Libertaire au peuple (voir Portfolio).