Dictionnaire international des militants anarchistes
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Y’en a pas un sur cent… et pourtant des milliers d’hommes et de femmes de par le monde, souvent persécutés, embastillés, goulagisés et parfois au prix de leurs vies, ont poursuivi leur chevauchée anonyme à la recherche d’un impossible rêve : un monde sans dieux ni maîtres.

DESGRANGES, Antoine

Né le 5 mars 1852 à Saint-Étienne (Loire) — Cordonnier, puis teinturier — Villefranche-sur-Saône (Rhône)
Article mis en ligne le 26 février 2007
dernière modification le 7 janvier 2025

par R.D.

Ancien épicier et conseiller municipal, Antoine Desgranges, après avoir perdu sa place de cordonnier, devint teinturier et, jusqu’en mars 1881, fut secrétaire de la chambre syndicale de la teinture fondée à Villefranche en 1877. Des déclarations qu’il fit lorsqu’il présenta sa défense au procès de Lyon de janvier 1883, on peut considérer qu’il devint anarchiste à la suite de l’échec de la grève des teinturiers de Villefranche en septembre 1881 ; c’est après cette grève qu’il contribua à la formation du groupe anarchiste Le Glaive.

En 1882 il s’installait à Lyon où il fondait le groupe des Expulsés caladois. Il travaillait alors sur le chantier de La Buire dont il ; fut licencié suite à un incendie.

Le 21 octobre 1882, dans une réunion publique tenue à Villefranche, Desgranges fit l’apologie des actes de Montceau-les-Mines (voir Gueslaff) disant qu’il fallait en finir avec la bourgeoisie, que l’heure des bourgeois était venue. « Pour trouver les bourgeois », ajouta-t-il, « vous n’avez qu’à aller à l’Assommoir, mais patience » (Arch. Nat. B B 24/875. Rapport Fabreguette, procureur général, 31 juillet 1884). Vingt-quatre heures plus tard, une bombe explosait à l’Assommoir, salle commune du restaurant du théâtre Bellecour à Lyon (voir Cyvoct). Selon le rapport d’un indicateur, c’est lui qui le 22 ou 23 octobre, à Lyon, aurait vu Cyvoct “entièrement rasé et portant des lunettes bleues” qui repartait pour la Suisse. Le 26 octobre, soupçonné de l’attentat, il fut arrêté chez les frères Thévenin.

Desgranges fut impliqué dans le procès, dit procès des 66, qui s’ouvrit à Lyon devant le tribunal correctionnel, le 8 janvier 1883 à la suite des manifestations des mineurs de Montceau-les-Mines d’août 1882 et des attentats à la bombe perpétrés à Lyon en octobre 1882. Selon l’importance des charges retenues contre eux, l’accusation avait classé les prévenus en deux catégories (voir Bordat). Desgranges, prévenu de la 1re catégorie, fut condamné à trois ans de prison, 500 f d’amende, dix ans de surveillance et cinq ans d’interdiction des droits civils ; le jugement fut confirmé par arrêt de la cour d’appel de Lyon, le 13 mars 1883. Sa compagne, Mathilde Manasses (voir ce nom), repasseuse « fanatique des principes anarchistes », dit la police, avait été soupçonnée d’avoir participé à l’attentat d’octobre 1882, mais les poursuites avaient été finalement abandonnées.

Après avoir purgé sa peine, Desgranges retourna à Villefranche où il continua à animer les groupes anarchistes et travaillait comme manœuvre. Le 26 mars 1886, il fut condamné par défaut à 6 mois de prison pour “outrages à un maire”. En 1891 il était cordonnier 13 rue Desfayettes et diffusait Le Père Peinard et La Révolte. En 1892 il demeurait toujours à Villefranche, 13 rue Desfayettes et son nom figurait sur un carnet d’adresses saisi en mai lors d’une perquisition à Marseille chez Sébastien Faure.

A l’automne 1892, c’est chez lui que se tenait es réunions du groupe anarchiste qui comptait une trentaine de membres dont Champalle, Gillet, Berthet, Lagier et un certain Brutus et disposait d’une bibliothèque d’une centaine de volumes.

En 1893 il participa aux réunions de préparation de la publication de l’hebdomadaire communiste anarchiste régional L’Insurgé (Lyon, 12 août au 18 novembre 1893). Il figurait toujours en 1894 sur les registres de surveillance de la police.

En août 1894, suite à l’arrestation à Paris de Denis Fayard (voir ce nom), il fut l’objet comme plusieurs autres militants de Villefranche d’une perquisition dans sa boutique du rez-de-chaussée de la rue Desfayettes où la police avait saisi deux numéros du Père Peinard et un supplément de La Révolte. Lors de son arrestation Antoine Desgranges avait déclaré loger chez le cordonnier Jean Marie Fournet, rue Magnolet où la police s’était aussitôt rendue et avait effectué une perquisition sans résultat…


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