Dictionnaire international des militants anarchistes
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VEZZANI, Felice “LUX” ; “FELIX”
Né le 26 mai 1855 à Novellara (Reggio Emilia) – mort le 11 février 1930 - Peintre décorateur - Bologne – São Paulo (Brésil) – Argentine – Suisse - Paris
Article mis en ligne le 14 juillet 2011
dernière modification le 14 septembre 2023

par R.D.
Felice Vezzani

Felice Vezzani était le fils d’un vendeur ambulant de fromages Alessandro et d’une ouvrière fileuse, Giuseppa Rossi. Il avait adhéré très jeune aux idées socialistes et en 1888, sous le pseudonyme de V. Enizza, il collaborait à la revue satirique Bononia rider (Bologne) fondée par un groupe d’étudiants de tendance socialiste dont G. Podrecca et G. Galantara. Il devenait ensuite le secrétaire de la Société de secours mutuel et de résistance des ouvriers boulangers et le vice président de la Société ouvrière de Bologne, devenant ainsi l’un des animateurs du socialisme de la région. Il fut l’un des organisateurs de la manifestation du 1er mai 1891 et se rapprocha des idées anarchistes. C’est après le congrès tenu à Gênes par le Parti des travailleurs italiens (PDLI) en août 1892 et auquel il participa, que les attaques anti anarchistes de ses compagnons socialistes le firent définitivement adhérer au mouvement libertaire.

En janvier 1893 il émigrait au Brésil où à la fin de l’année il fondait l’hebdomadaire anarchiste humoristique L’Asino umano (São Paulo, 1893-25 mars 1894, au moins 28 numéros). En avril 1894 i était arrêté avec une quinzaine de militants anarchistes et socialistes après une réunion du Centre socialiste international dont il était membre et était emprisonné sept mois d’abord à São Paulo puis à Rio de Janeiro. Dès sa libération il commençait à collaborer au journal L’Avvenire (São Paulo, 18 novembre 1894-18 août 1895) dont les rédacteurs principaux étaient Giuseppe Consorti, Augusto Donati et Lodovico Tavani. Il aurait également collaboré ou dirigé à cette époque le journal Gli Schiavi bianchi (Brésil ou Argentine ?).

De nouveau arrêté en mars 1895, il était alors expulsé en Argentine d’où, à partir de novembre 1895 il dirigeait l’organe des anarchistes italiens L’Avvenire (Buenos Aires, au moins 250 numéros du 10 novembre 1895 au 20 février 1904) et collaborait au bi-mensuel romain Il Pensiero moderno.

Rentré en Italie en mars 1897, il commençait immédiatement à collaborer à L’Agitazione (Ancône, 14 mars 1897-12 mai 1898) et à son supplément quotidien (10 numéros du 21 avril au 30 avril 1898) et participait au numéro unique de Il Domicilio coatto (Forli, 14 novembre 1897) dénonçant la loi sur l’assignation à résidence. En mars 1898 il fut le co-signataire avec Vivaldo Lacchini et Nino Samaja, au nom du Cercle d’études sociales de Bologne, du Manifeste Al popolo italiano en faveur des militants anarchistes jugés à Ancône et qui fut publié comme supplément au journal L’Agitazione.

Après les affrontements de mai 1898 à Milan, il gagnait clandestinement Lugano avant d’être condamné à deux ans, 10 mois et cinq jours de prison pour « incitation à la désobéissance et à la haine de classes par voie de presse ». A l’été 1898 il collaborait à l’organe communiste anarchiste L’Agitatore (Neuchâtel, 12 numéros du 2 juillet au 17 septembre 1898) dont les principaux rédacteurs étaient Ciancabilla, Domenico Zavattero et Ersila Cavedagni Grandi, puis entré en désaccord avec les rédacteurs, cessait cette collaboration en août.

Puis il partait l’année suivante pour Paris où il avait trouvé du travail sur le chantier de l’Exposition internationale de 1900 et où il retrouvait plusieurs compagnons de la rédaction de L’Agitazione dont Barnaba, Lacchini et Samaja. Il collabora depuis Paris et souvent sous le pseudonyme de Felix à divers organes anarchistes italiens dont L’Avvenire sociale (rubrique « Dalla Francia »), L’Agitazione, Combattiamo (Gênes) et Pro Justicia (Imola, un numéro unique, 17 février 1900) publié par Lazarro Rafuzzi. Il était également membre du Groupe de solidarité international et de soutien aux détenus quo était alors animé par Charles-Albert, Jean Grave, Paul Delesalle, etc. Il participa également à diverses réunions préparatoires d’un congrès révolutionnaire international dont la tenue fut finalement interdite par le gouvernement de Waldeck Rousseau. Son modeste logement parisien accueillit de nombreux réfugiés italiens.

Dès la fondation en juillet 1900 à Genève de Il Risveglio par L. Bertoni, Vezzani en devint l’un des correspondants avec Samaja et Lacchini. Il était également le distributeur en France de nombreux organes italiens dont L’Avvenire (Buenos Aires), La Questione sociale (Patterson) et bien sûr Il Risveglio.

Selon le rapport d’un indicateur (18 août 1900), il avait rencontré Jean Grave pour obtenir la réouverture d’un local rue de Montmorency, mais n’avait guère trouvé d’aide chez ce dernier à propos duquel il aurait déclaré : “On dirait que Grave n’a ni langue, ni bras ; il est comme le christ : tout en bois !” (APpo BA 1498).

Le 29 août 1900, à l’occasion de la visite du Tsar à Paris il était l’objet d’un arrêté d’expulsion qui fut finalement suspendu à la suite de l’intervention de diverses personnalités du monde politique français dont J. Allemane. L’année suivante il collaborait au numéro unique de Pro Calcagno e contro il domicilio coatto (Messine, 30 janvier 1902) et à L’Armonia (Naples). Devenu l’un des principaux animateurs de l’anarchisme italien à Paris, il était proche du groupe des Temps nouveaux et entretenait des contacts réguliers avec Bertoni à Genève et Malatesta à Londres.

Il collabora ensuite avec Charles Malato, Carlo Frigerio et Amilcare Cipriani au numéro unique de Verso l’emancipazione (Paris 1er mai 1906) publié par Malatesta. En 1913 il participait à la campagne organisée par le Comité de défense sociale en faveur de Masetti et notamment au numéro unique de Liberiamo Masetti (Paris, novembre 1913) dont le gérant était Émile Aubin.

En 1913 il collaborait à la revue Volontà (Ancône) à laquelle il envoya plusieurs articles critiquant le corporatisme et les tendances centralisatrices de la CGT.

Au moment de la déclaration de la guerre, il gagna Londres avant de regagner Paris en avril 1916 d’où il continua d’avoir des contacts avec L. Fabbri, A. Borghi, etc. et collaborait à Umanità nova sous le pseudonyme Lux.

Après la mort de sa compagne en août 1917, il rentrait en Italie. Revenu définitivement à Paris en 1922, il reprenait sa place de contact pour tous les exilés italiens et continuait de collaborer à la presse anarchiste dont Fede ! (Rome), L’Agitazione a favore di Castagna e Bonomini (Paris, 15 décembre 1924), Il Monito (Paris), Germinal (Chicago), L’Adunata dei refrattari, Il Risveglio (Paris), Fede ! (Paris), Vogliamo ! (Biasca).

En 1925 il fut, avec V. Cantareli, Roberto Giglioi et Paolo Casadei, l’un des animateurs du comité de défense de Mario Castagna condamné à 7 ans de réclusion pour avoir tué l’un des fascistes qui l’avaient agressé.

En 1926, avec notamment Fabbri, Berneri et Fedeli, il avait adhéré au groupe Pensiero e volontà et en octobre 1927 il fut le cofondateur avec L. Fabbri, Camillo Berneri, Ugo Fedeli et Torquato Gobbi de La Lotta umana (Paris, 1er octobre 1927- 18 avril 1929) dont il fut l’un des rédacteurs et dont Séverin Férandel était le gérant. En 1927 il était le secrétaire du Comité Mario Castagna (fondé en 1923) dont les contrôleurs étaient les compagnons R. Gilioli et et P. Casadei.

Felice Vezzani est décédé à Paris le 11 février 1930 à son domicile de la rue des Cloys.

Œuvre : - Alle madri d’Italia (brochure) ; - Il viandante e l’Eroe (1906) ; _ De squadrista a Prefetto (1923) ; - Demenza e giustizia (1924).


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