Dictionnaire international des militants anarchistes
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Y’en a pas un sur cent… et pourtant des milliers d’hommes et de femmes de par le monde, souvent persécutés, embastillés, goulagisés et parfois au prix de leurs vies, ont poursuivi leur chevauchée anonyme à la recherche d’un impossible rêve : un monde sans dieux ni maîtres.

WILLAUME (ou WUILLAUME), Georges

Né à Paris le 11 novembre 1876 — mort en 192 ? — Artiste peintre — CGT — Paris — Sedan (Ardennes)
Article mis en ligne le 13 novembre 2013
dernière modification le 8 août 2024

par ps

Étudiant à Paris en 1897, membre du groupe des Étudiants socialistes révolutionnaires internationalistes, Georges Willaume (ou Wuillaume) collaborait déjà aux Temps nouveaux de Jean Grave où il se fit remarquer comme peintre « néo-impressionniste », c’est-à-dire réaliste, à côté de Luce, Pissaro, Signac, Van Rysselberghe, Constantin Meunier, Steinlen, F. Jourdain, Vallotton, Agar, Couturier, Hermann-Paul, Roubille, d’autres encore. Peinture violente critiquant la société bourgeoise, ses manifestations d’autorité, l’armée, la justice, l’église, la banque, l’école, même dirigée par l’État. Peinture qui appelait la Révolution et conçevait l’avenir révolutionnaire dans la paix des campagnes.

On a de lui la couverture d’une brochure non signée, de 1897, intitulée : Comment l’État enseigne la morale ; la couverture de L’Individu et le Communisme (1897) ;la couverture de La Liberté par l’enseignement(1898) publication n°1 du Groupe d’initiative pour l’École libertaire ; la couverture de L’Almanach de la Révolution, en rouge et noir, de Paul Delesalle (1903, 1905, 1906) ; un dessin de 1897 reproduit en couverture de la brochure de Enrico Malatesta Entre paysans (1904) : trois paysans dont l’un arrache les pommes de terre sont en grave conversation sociale sur un fond de paysage qui représente le village de Daigny (Ardennes), croqué d’après nature. De lui, l’on signale aussi des lithographies, dont L’Aurore (avant 1904), des dessins pour la série Patriotisme, colonisation en cartes postales illustrées. Enfin, de 1897 à 1908, il donna une dizaine de dessins à l’hebdomadaire de Jean Grave, Les Temps nouveaux.

Nous ignorons si Willaume était d’origine ardennaise. Toujours est-il que, dès 1897, il passait ses vacances à Daigny, près de Sedan. Est-ce là qu’il a été encouragé dans son art par J. Depaquit, natif de Sedan, puis peintre montmartrois ? Depaquit disait : « J’ai vu les peintures de Wuillaume ; ce n’est pas d’un…, c’est d’un artiste ! »

Vers 1905, Willaume vint plus fréquemment à Daigny. Il animait le Cercle d’études sociales dès qu’il s’agissait d’art et de littérature. Chaque semaine, un grand nombre de personnes de Daigny, même les enfants, assistaient aux réunions du Cercle, sous le préau de l’école des filles, surtout pendant les soirées d’hiver. Willaume présentait des tableaux et des études, parlait sculpture. Il donnait même aux jeunes militants ouvriers des leçons de peinture quand il ne leur apprenait pas à jouer de la mandoline ou du piano. Plus tard, il les lança dans le théâtre.

En 1911, il avait été nommé secrétaire de la Bourse du travail de Sedan. Au nom de la CGT, il parla à Revin en 1912, contre la guerre, puis à un grand meeting de Charleville en 1913.

Il s’occupa en 1912 de la grève des tissages Henrion, à Sedan, où les salaires demeuraient, ou peu s’en faut, ceux de 1891. Les cent vingt tisseurs, pour protester contre une diminution de salaires, cessèrent le travail, mais pas un n’était syndiqué. C’est Willaume qui prit contact avec le syndicat industriel du Textile ardennais et formula des demandes très détaillées, car il était précis, avec un sens politique et syndical évident. On voulut le corrompre. Un représentant parisien de la maison Henrion se présenta à la Bourse. Le syndicat industriel arbitra, assez content de voir en difficulté le concurrent déloyal. Selon le Maitron Willaume a été probablement d’accord ensuite avec Camille Dubois, secrétaire des Tissus, “pour encourager à la collaboration avec les patrons”. « Aujourd’hui, les industriels sedanais, revenus d’injustes préventions, demandent à la Bourse le personnel ouvrier qui leur est nécessaire, et la Bourse est heureuse de se mettre à leur disposition. » (Socialiste ardennais, 26 juin 1913) ; selon nous il s’agissait plutôt d’imposer le contrôle du syndicat sur l’embauche. Henrion, personnellement, ne désarmait pas, refusant le nouveau tarif. Puis il se trama entre les patrons un projet de lock-out. Wuillaume était en mesure de prouver, documents en mains, qu’une puissante association patronale se chargeait de payer aux lock-outeurs leurs frais généraux pendant la durée du conflit. En août 1913, Henrion traduisit en correctionnelle les membres administratifs de la Bourse pour pose d’affiches l’attaquant.

Avec Philippe, Willaume organisa les ouvriers et ouvrières des Tissages Courtehoux à Gaulier. C’était dans un café en face de l’usine, à l’heure du casse-croûte de midi. œuvre difficile : le prolétariat sedanais du Textile était de plus en plus réfractaire à l’organisation syndicale.

G. Wuillaume ne revint à Daigny après 1918 que pour y vendre sa maison. Il habita Nancy, puis Paris, et mourut peu après.


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