La famille de Carouy, d’abord dans l’aisance, se trouva soudain ruinée. Lorsque sa mère mourut, il n’avait que trois ans et son enfance fut misérable. Dès l’âge de 12 ans il avait commencé à travailler dans une raffinerie de sucre, puis comme vendeur de journaux et ouvrier tourneur sur métaux. Victor Serge (Kibaltchiche) qui l’avait connu en Belgique vers 1907-1908 écrivit dans ses Mémoires d’un Révolutionnaire 1901-1941 : « J’avais rencontré Édouard, un tourneur en métaux, trapu, bâti en hercule forain, à la face épaisse, fortement musclée, éclairée par de petits yeux timides et rusés. Il sortait des usines de Liège ; il lisait Haeckel, Les Enigmes de l’Univers, il disait de lui-même : « J’étais parti pour faire une belle brute ! Quelle veine j’ai eue de comprendre ! ».
Anarchiste depuis 1906, il fut l’administrateur aux cotés notamment de R. Callemin, Kilbaltchiche et Jean De Boë.du journal individualiste Le Révolté (Boitsfort, 1908-1914), qui avait pris la suite de Le Communiste (Boitsfort, 15 juin 1907- 8 août 1907) organe de la colonie libertaire L’Expérience.
Il vint en France en décembre 1909 et vécut un temps à Romainville au siège de L’anarchie puis à partir de l’été 1910 au 30 rue Paul de Kock (19e arr.) avec J. De Boë. Il fréquentait de jeunes illégalistes — Callemin, Garnier, Valet, Soudy entre autres —, connut Bonnot — qu’il aurait rencontré lors d’un séjour à Genève en 1908 — et s’intégra à son groupe. Il avait alors pour compagne Jeanne Bélardi qui devint ensuite, en février 1912, celle de Lorulot.
Dénoncé par un anarchiste individualiste, il fut arrêté, à Lozère (Seine-et-Oise), le 2 avril 1912. À l’époque, Victor Méric en traça ce portrait : « … Aspect plutôt vulgaire. Tête carrée, cheveux plantés dru, moustache épaisse, des yeux fureteurs, quelque peu sournois, avec ça les bras courts, de même que les jambes, et des mains larges, énormes. Peu d’instruction. Intelligence plutôt au-dessous de la moyenne » (V. Méric, Les Bandits tragiques).
Traduit devant la cour d’assises de la Seine le 3 février 1913 il fut condamné aux travaux forcés à perpétuité et se suicida le jour même du verdict, le 28 février à neuf heures du matin, en absorbant du poison.