Dictionnaire international des militants anarchistes
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Y’en a pas un sur cent… et pourtant des milliers d’hommes et de femmes de par le monde, souvent persécutés, embastillés, goulagisés et parfois au prix de leurs vies, ont poursuivi leur chevauchée anonyme à la recherche d’un impossible rêve : un monde sans dieux ni maîtres.

FERRO TRIGO, Manuel “Justo MURIEL”

Né à La Havane le 23 décembre 1902 — mort le 19 juin 1984 — Comptable — MLCE — La Havane (Cuba) — New York & Miami (USA)
Article mis en ligne le 4 juin 2013
dernière modification le 9 août 2024

par ps

Né dans une famille d’origine galicienne, Manuel Ferro Trigo, sa mère étant tombée malade, avait été envoyé par son père en Galice où il fut élevé de l’âge de 6 à 15 ans. De retour à la Havane en 1917, il commença à travailler comme employé d’un prêteur sur gages.

C’est un ami et parent de la famille, Ramon Cal, qui lui fit prêta alors les mémoires d’un révolutionnaire de Kropotkine et lui fit découvrir l’anarchisme au travers des textes de Reclus, Malatesta, Malato ou Anselmo Lorenzo. Dès 1918 il commença à fréquenter régulièrement les réunions et conférences tenues par les libertaires au Centro Obrero de la rue Egido où pour la première fois il assista à une conférence de celui avec lequel, bien des années plus tard il nouera une indéfectible amitié, Marcelo Salinas, l’une des plus célèbres figures de l’anarchisme cubain.

Après avoir travaillé dans une fabrique de meubles, il commença un nouveau travail dans une joaillerie et avec Agustin Castro, Manuel Mourelle et Jesus Castiñera, trois compagnons également d’origine galicienne, constitua un groupe affinitaire dont les membres au début des années 1920 avaient l’habitude de déjeuner et de se réunir au restaurant El Vegeteriano situé rue Aguila. C’est là que Ferro et ses compagnons rencontrèrent le militant asturien Aquilino Lopez Fombona qui venait d’arriver à La Havane et qui allait fortement influencer le groupe et surtout jouer un rôle important dans l’analyse des déviations du processus révolutionnaire de la Révolution d’’Octobre par les marxistes pour laquelle les anarchistes cubains s’étaient montré enthousiastes jusque là.

En 1921 il commençait à collaborer à l’hebdomadaire Los Tiempos Nuevos (La Havane, 1921, 5 numéros), avec notamment Marcelo Salinas, l’espagnol Baldomero Sebastia, Adrian del Valle (Palmiro de Lidia) l’un des meilleurs écrivains anarchistes cubains et le compagnon Vénézuelien Miguel Zapata. Puis en 1923, après avoir collaboré à l’heddomadaire Acción Consciente (1922 et 1923), il fondait avec Marcelo Salinas le périodique Nueva Luz tout en collaborant à Aurora et à Tierra ! deux autres hebdomadaires anarchistes de l’époque.

En 1924 il joua un rôle très important dans la fondation de la Fédération des groupes anarchistes de Cuba et la fusion de toutes les publications existantes en deux seuls titres : Tierra ! et El Progreso. Manuel Ferro devint le directeur administrateur de cette seconde époque de Tierra ! où il écrivit sous le nom de plume de Justo Muriel jusqu’à l’automne 1925 où le titre fut interdit par la dictature de Machado. Pour échapper à la répression féroce, Ferro dut alors s’exiler aux États-Unis et s’installa à New York. Il participa alors aux manifestations en faveur de Sacco et vanzetti et notamment à un grand meeting au Madison Square Garden avec notamment les compagnons Arigoni et Margharita eux aussi exilés à New York.

La répression s’étant atténuée, il rentrait peu après à Cuba où il allait devenir l’un des diffuseurs de la revue espagnole La revista Blanca éditée par Federico Urales et dont il était un collaborateur régulier.

Après la chute en août 1933 de la dictature de Machado suite à une grève générale des ouvriers des transports, Ferro édita une troisième époque de Tierra ! qui n’eut que 8 numéros jusqu’au début 1934. Il reprit à cette époque des études, obtint un diplôme de comptable et tout en restant fidèle à ses idéaux libertaires, cessa le militantisme actif.

En 1939-1940, lors de l’arrivée à Cuba des réfugiés espagnols, il aida ces compagnons dans la mesure de ses moyens et continua d’aider financièrement par la suite de nombreux compagnons et toutes les initiatives libertaires et notamment l’Alliance libertaire cubaine (ALC).

Après la chute de la dictature de Batista et la prise de pouvoir par les castristes, et comme plusieurs vieux compagnons, il s’opposa très vite à la main mise des communistes sur le processus révolutionnaire et le mouvement ouvrier. En 1963, i l parvint avec sa famille à sortir de Cuba et s’installa à Miami (Floride) où, pratiquement à l’âge de la retraite, il recommença à militer dans le mouvement libertaire cubain en exil (MLCE). Il fut l’un des premiers, avec l’aide du compagnon italien Enrico Arrigoni qui traduisait en italien, à écrire à destination de la presse anarchiste internationale des articles sur « la réalité politique et sociale cubaine », dénonçant la main mise des communistes et de Castro sur la Révolution ; ces articles qui furent généralement mal accueillis voire censurés notamment dans les organisations anarchistes européennes enthousiasmées à cette époque par la Révolution cubaine et furent à l’origine d’une polémique dans le mouvement anarchiste international, entraînant la marginalisation du mouvement libertaire cubain accusé de faire le jeu des intérêts américains…

Membre dans les années 1980 du collectif publiant la revue Guangara libertaria (Miami, 1979-1992) à laquelle il collaborait sous le pseudonyme de Justo Muriel notamment dans une série d’articles critiquant sévèrement le marxisme et Castro et aussi dans la section Livres dont il était responsable.

Manuel Ferro Trigo, anarchiste végétarien et naturiste, opposé à tout sectarisme, qui s’était montré toute sa vie opposé à toute violence, même révolutionnaire et détesta profondément tout acte terroriste et toute imposition d’une idéologie même anarchiste, est décédé à Miami le 19 juin 1984.


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