Fils d’un instituteur, Wei huilin avait découvert l’anarchisme dès l’âge de 18 ans à la lecture de la revue Huiming lu (Le coq chantant dans l’obscurité) édité par Liu Sifu, convictions qui furent renforcées par le mouvement du 4 mai 1919. En 1920 il partait étudier l’anthropologie à l’université Waseda de Tokyo. Il y prit rapidement contact avec un groupe anarchiste chinois, rencontra Sakae Osugi et Taiji Yamaga les principaux animateurs de l’anarchisme japonais et s’intéressa au socialisme utopique notamment à Fourier et Owen.
Revenu en Chine en 1922 ou 1923, il s’installa à Shangaï, entretenant des contacts avec les groupes de Pékin – où en 1923 il organisa un meeting – et l’école d’espéranto animée par le compagnon russe Eroshenko. En 1925 il devenait l’ami de Li Pei Kan (Ba Jin) – avec qui il avait étudié autrefois à l’Université de Nankin – avec lequel il participa au mouvement du 30 mai et partit pour la France en 1927.
Tous deux vécurent à Paris dans une petite pension de famille de la rue Blainville (5e arr.) Tout en poursuivant des études d’anthropologie à la Sorbonne et au Collège de France – il fut l’élève de Marcel Mauss et de Célestin Bougié – il présenta un mémoire sur Proudhon et, outre le groupe chinois de Paris, fit la connaissance de nombreux militants anarchistes et syndicalistes dont Jean Grave, Pierre Besnard, Sébastien Faure, Paul Reclus et croisa Nestor Makhno. Il collaborait également aux revues anarchistes Minzhong (La cloche du peuple) et Pingdeng (Egalité, San Francisco, 1927-1929). Avec Ba Jin et Wu Kegang il fut l’auteur en 1927 d’une brochure où chacun des trois compagnons argumentait quant à l’opportunité pour les anarchistes chinois de collaborer ou pas avec le Guomindang.
Revenu en Chine en 1930, il participa vers 1934 à la fondation dans le Fujian de deux écoles modernes inspirées de la pédagogie libertaire de Francisco Ferrer : l’école Limin (L’aurore) où il enseigna les sciences et l’école Pingmin (les gens ordinaires). Ces deux écoles perdurèrent jusqu’en 1949, mais depuis la guerre sino-japonaise avaient changé d’orientation pédagogique et avaient cessé de se revendiquer de l’anarchisme.
Pendant toutes ces années 1930-1940 il habita le plus souvent à Nankin où il eut des contacts réguliers avec le sinologue français Jacques reclus, fils de Paul, qui résidait alors en Chine.
En 1949 lors de l’arrivée des communistes au pouvoir, il parti pour Taiwan où il allait devenir professeur à l’université et où il fut le fondateur du département de sociologie. Devenu ethnologue il s’intéressa particulièrement à l’étude des aborigènes de l’île.
En 1973 il émigra à New York où il continua de fréquenter les milieux anarchistes. En 1982 il retourna en Chine pour y donner des conférences et en profita pour revoir son vieux camarade Ba Jin qui, dans son roman Brouillard (1931) l’avait pris comme modèle sous le nom de Wu Renmin. Puis en 1991 il revint définitivement en Chine et s’installa à Quanzhou (province de Fujian) où il décédait le 26 juin 1992.
Œuvre : - L’anarchisme et les questions pratiques [Wuzhengfuzhui yu shiji wenti] (co auteur avec Wu Kegang et Ba Jin, 1927).