Joseph Ouin, qui s’était battu avec un voisin s’étant introduit chez lui à Feuquières, avait été poursuivi et condamné en juin 1888 à 15 mois de prison. Lors de l’audience il s’était écrié « C’est parce que je suis anarchiste que vous me condamnez ! Vive l’anarchie ! Vive la révolution sociale ». Le compagnon Ancelle qui s’était avancé pour lui serrer la main en criant « Courage camarade, Vive l’anarchie ! », fut condamné à 25 francs d’amende.
Ouin qui résidait alors à Wancourt, était au début des années 1890 l’un des responsables de l’œuvre des soupes conférences à Amiens.
Le 1er janvier 1894, comme une trentaine de compagnons de la région et suite à l’attentat de Vaillant, il fut l’objet d’une perquisition où la police avait saisi plusieurs paquets de cartes de visite (libellées Le compagnon Ouin délégué des soupes conférences), un petit carnet de chansons anarchistes, divers paquets de journaux parisiens ayant trait aux attentats de Ravachol et Vaillant, quelques brochures socialistes et deux boites de cartouches de révolver.
Membre de l’Union révolutionnaire d’Amiens, Joseph Ouin participa, en juillet 1910, au premier congrès qui créa la fédération révolutionnaire de la Somme. Il collabora à Germinal, journal anarchiste (nov. 1904-nov. 1913).
Signalé disparu de la Somme en mars 1905, il fut arrêté à Paris et condamné en mai 1905 à un an de prison pour infraction à la loi sur l’interdiction de séjour. De nouveau arrêté le 14 juillet 1908 avec le compagnon Graux, au cours d’une manifestation antimilitariste, il fut inculpé d’outrage à magistrat et condamné à un mois de prison tandis que Graux était condamné à 15 jours.
En 1912 il s’installa à Paris comme confectionneur et résida 36 rue Pradier puis 41 rue Piat. De mars à mai 1912 il fut membre du Comité antiparlementaire révolutionnaire, impulsé par la Fédération révolutionnaire communiste (FRC), qui mena une campagne abstentionniste lors des élections municipales de mai. Ce comité, dont Henry Combes était le secrétaire et Lucien Belin le trésorier, rassemblait 25 personnalités anarchistes et/ou syndicalistes révolutionnaires.
Il fut également membre de L’Entraide, une caisse de solidarité avec les compagnons emprisonnés et leurs familles impulsée par la Fédération communiste anarchiste (FCA) en juin 1912. L’Entraide, dont le secrétaire était alors Messager, regroupait une quarantaine de personnalités.
En 1913, sous le nom de Walet, Ouin, membre des Amis du Libertaire dont le secrétaire était Ernest Duté, dirigeait un atelier de confections dans le XXe arr. à Paris où il demeurait alors 155 rue de Charonne. En janvier 1915 il avait été réformé.
En mars 1919 il fut l’un des signataires avec Sirolle, Schneider, Boudoux, Liger, Bidault, etc, d’une protestation contre les perquisitions effectuées au siège du Libertaire à la suite de l’attentat de Cottin contre Clémenceau (cf. Libertaire, 2 mars 1919).
Ouin qui avait également été surnommé Cou Tordu en raison d’une tension des muscles qui l’empêchait de tourner la tête, figurait en septembre 1923 sur une liste d’anarchistes disparus du département de la Seine.