Sara Berenguer Laosa, dont le père ouvrier maçon libertaire sera tué au front en 1936, était l’aînée de cinq enfants. A l’âge de 13 ans elle avait commencé à travailler dans une boucherie, puis dans un atelier de broderie et fut très vite confrontée à la brutalité et au harcèlement des hommes qui la révolta contre « ce monde adulte qui livre les enfants au travail, sans aucune protection » et l’amena à adhérer au mouvement libertaire. Devenue couturière elle travailla ensuite dans un atelier puis à son compte jusqu’en juillet 1936.
Dès le soulèvement franquiste elle participa au Comité révolutionnaire du quartier de Las Corts (Barcelone) jusqu’à sa dissolution en juin 1937 après les affrontements de mai, puis au Comité révolutionnaire du syndicat du bois aux cotés d’Antonio Santamaria où elle assura les tâches de mécanographe et de comptable. Parallèlement elle exerçait des responsabilités au comité local des Jeunesses libertaires (FIJL), au groupe Mujeres Libres et fut la secrétaire de l’Ateneo Libertaire où elle faisait fonction d’institutrice. En mai 1937 elle avait participé aux affrontements avec les staliniens. Au printemps 1938 elle fut nommée au Comité national de la Solidarité internationale antifasciste (SIA) avec Angel Aransaez et effectua de nombreuses visites sur le front. A l’automne 1938 elle était nommée secrétaire de propagande de l’organisation féminine Mujeres Libres.
Passée en France lors de la Retirada elle échappa semble-t-il à l’internement dans les camps et parvint à rejoindre sa grand mère à Béziers. Pendant l’occupation nazie elle fut membre du groupe CNT de Bram et, avec son compagnon Jesus Guilen, assura les liaisons avec la Résistance dans l’Aude, l’Ariège, l’Hérault et la Haute-Garonne.
A la Libération elle était secrétaire de la CNT du Languedoc et participa notamment à la réorganisation de la SIA et de la FIJL dans le sud de la France. En 1947 elle était la responsable des cours de sténographie organisés par la CNT pour les réfugiés et participait activement aux groupes de théâtre organisés par le mouvement libertaire.
Elle fut également la responsable avec Suceso Portales de l’organe Mujeres Libres (Londres-Montady, 1964-1976, 47 numéros). Puis elle dut cesser de militer dans les années 1950 à la suite de problèmes de santé.
Au début des années 1960 elle était très liée aux groupes activistes de l’organisation, notamment autour d’O. Alberola, Cipriano Mera et A. Cañete. En 1965, suite aux luttes instestines au sein de l’organisation elle quittait la CNT et participait par la suite aux activités du groupe publiant le journal Frente Libertario. En 1973 elle était membre de la Commission de relations des groupes confédéraux de cette tendance dont elle contribua à organiser à Narbonne certaines des conférences annuelles.
Sara Berenguer, qui était la compagne de Jesus Guillen Bertolin, a collaboré, outre Mujeres libres à un très grand nombre de titres de la presse libertaire et à plusieurs anthologies de poésie. Elle collabora également à l’édition du livre « Mujeres libres : luchadoras libertarias (Ed. FAL, 1999) [ed. française “Des femmes libertaires en lutte”, Ed. Las Solidarias, 2000]. Lauréate de plusieurs prix de poésie, elle est décédée le 18 juin 2010.
Œuvres : — Cardes y flores silvestres (1982, poésies) ; — Jardin de esencias (poésies, 1982) ; — El Lenguaje de las flores (poésies, 1992) ; — Entre el sol y la tormenta (1988, mémoires)