Après la mort en 1919 de sa mère, victime de la grippe espagnole, Luigi Sofra avait dû abandonner l’école et avait décidé de rejoindre son père émigré en Argentine peu après sa naissance. Après avoir travaillé sur des chantiers du bâtiment à Reggio Calabre il s’était embarqué clandestinement en juillet 1920 sur un bateau à destination de Malte où, découvert il fut rapatrié en Italie.
En 1923 il émigrait clandestinement en France où il s’installait à Toulon et commençait à y fréquenter les milieux syndicalistes et libertaires. Lecteur du Libertaire, il fréquentait alors les compagnons italiens qui s’étaient regroupés autour des journaux Il Monito et La Diana.
En mai 1925 il fut impliqué dans une affaire de contrebande de cigarettes et fut l’objet le 26 juin 1925 d’un arrêté d’expulsion après avoir été condamné à Aix-en-Provence à 6 mois de prison. Grâce à l’aide du compagnon anarchiste italien Paoletti, et sans doute sous une fausse identité, il trouva ensuite un travail à Fréjus et participa à l’organisation d’une section syndicale des ouvriers maçons. Ses activités syndicales et antifascistes attirèrent l’attention de la police française qui le soupçonnait également d’utiliser les fausses identités de Ramon Bori (né à Manlleu le 30 janvier 1908) et de Domenico Goiro (né à Reggio Calabra le 8 janvier 1910). Le 2 février 1926 il était condamné par la tribunal de Grasse à 3 mois de prison pour « abus de confiance ».
En avril 1927, suite à une bagarre sur un chantier entre les ouvriers et la police, il échappait à l’arrestation et se réfugiait ensuite au Luxembourg où il avait une lettre de recommandation destinée au compagnon Angiolono Boccia qui n’était autre qu’Angelo Sbardelotto futur auteur d’un attentat contre Mussolini et avec lequel il allait être très lié. Après l’assassinat au Luxembourg du consul italien et les expulsions de réfugiés italiens, les deux hommes allèrent en Belgique d’où, au bout de quelques mois, Sofra fut expusé.
Avec un passeport au nom de Enrico Loddo il retourna alors à Toulon où il fut arrêté peu après et condamné le 23 mars 1929 à 3 mois de prison pour « infraction à l’arrêté d’expulsion ». A sa sortie de prison il gagnait Paris où il trouvait un travail dans un garage. En mars 1931 il était arrêté avec Tommaso Serra Barba et extradé vers la Belgique. A la frontière belge, il parvenait à s’enfuir et, après être passé par Toulon, à gagner Barcelone.
En octobre 1931 il y était arrêté et implqué dans une affaire d’attaque à main armée — dont il était totalement innocent —, condamné à 3 ans de prison et, en mars 1933, était expulsé d’Espagne.
Il allait alors en Suisse où à l’automne 1934 il fut poursuivi à Bâle pour « possession de faux documenst » et condamné en août 1935 pour « vol » — avec notamment Angelo Mantovani, Antonio Panozzi, Romeo Bassani, G. Vecchi et Gino Napucci — à 2 ans de prison. Il se réfugia ensuite à Strasbourg.
En 1937 il revenait discrètement en Suisse mais était arrêté en novembre pour « infraction au décret d’expusion » et était extradé vers l’Italie où il était condamné à 5 ans d’internement au confinat. Interné d’abord à l’île de Ponza, il fut ensuite transféré à Ventotene puis à Tremiti.
Libéré en août 1943, et après un voyage rocambolesque jusuqu’à Rome, il regagnait son village natal de Galatro où, avec de vieux militants socialistes, il reconstituait la Chambre du travail dont il était nommé secrétaire. A la Libération il était nommé commissaire à l’office de rationnement de la ville. Du 15 au 19 septembre 1945, il fut, avec Giacomo Bottino et Antonio Malara, l’un des délégués calabrais au congrès de fondation de la Fédération anarchiste italienne (FAI) tenu à Carrare.
En 1947, dégouté par le comportement de la bureaucratie locale, il démissionnait de ce poste et décidait de retourner au Luxembourg où pendant une dizaine d’années il allait travailler comme maçon puis comme employé dans les hauts fourneaux.
Tombé gravcement malade il rentrait en Italie à la fin des années 1950 et s’installait à San Remo. C’est dans les années 1960 que Luigi Sofra, sans toutefois se réintégrer au militantisme, reprenait contact avec le mouvement libertaire et notamment avec Aurelio Chessa et la rédaction de l’hebdomadaire Umanità nova. Puis il s’insatllait à Imperia où il commençais à rédiger ses mémoires. Luigi Sofra est décédé en 1994.