Né à Lyon de parents polonais, Charles Eugène Fedorowitch (ou Fedorowiez) travaillait comme graveur sur métaux à Marseille à la fin des années 1880 et participait aux réunions du groupe anarchiste russo-polonais (voir Tchernikov). En 1890 il était en contact à Bollène (Vaucluse) avec les compagnons Sauveur Durandet Emile Maucuer. Le 20 octobre 1890 il fut condamné par le tribunal correctionnel de Marseille à 2 mois de prison pour « infraction à un arrêté d’expulsion ». Il s’était alors réfugié en Suisse où à l’automne 1892 il purgeait à enève une peine de 6 mois de prison et 6 ans d’expulsion du canton pour "vol et complicité de vol". Le 4 otobre 1892 il adressait à Maucuer la lettre suivante : "Prison de St Antoine
Le 4 octobre 1892
Cellule n°2
Cher Émile,
Veuilles m’excuser, si je ne t’ai pas écrit plus vite, comme je te l’avais promis, mais sitôt arrivé à Genève, je n’ai pu faire comme j’ai voulu, car je me suis trouvé mêlé à des affaires, qui malheureusement pour moi, m’ont amené où tu le vois toi-même. Je viens d’être condamné par le tribunal correctionnel de Genève à 6 mois d’emprisonnement pour vol et complicité de vol avec effraction ; mais qu’importe, j’ai déjà 2 mois de fait et le jour de la sortie approche de plus en plus.
Je te ferais savoir que la plupart des compagnons ont quitté Genève et qu’il n’existe plus de groupe, cependant il se fait un journal de propagande intitulé le Précurseur.
Pour ce qui concerne le compagnon de Lyon que tu m’avais parlé, dont tu voulais prendre chez toi l’aîné de ses enfants, il a quitté Genève avant que j’y arrive. La propagande ne se fait ici que très faiblement.
Pour ce qui me concerne, sans parler de personnalité, je te promets que je me fais des cheveux, car je suis dépourvu de tout, même de tabac et si j’avais eu quelques sous, cela aurait amélioré tant soit peu ma peine.
Donne bien le bonjour fraternel de ma part à Durand-Sauveur et dis-lui que sitôt que je serai sorti, je lui écrirai.
Le compagnon Durand qui se trouvait avec moi, lors de notre passage à Bollène est parti pour l’Italie. Donne moi des nouvelles des compagnons de Valence et d’Avignon, cela me fera plaisir, et tu me diras aussi comment marche la propagande à Bollène.
Je te demanderais bien à me prêter 5 francs jusqu’à ma sortie, mais je n’ose pas, quoique tu saches bien que je n’en fais aucun cas des préjugés de la société actuelle.
Donne le bonjour à ta compagne de ma part ; ainsi que ta famille et celle de Sauveur.
Le compagnon tailleur dont tu m’avais donné l’adresse à Valence n’y est plus, il est ici à Genève, où il est venu rejoindre son fils.
Réponds moi le plus vite possible, cela me fera plaisir.
Le bonjour à Sauveur et à toi.
Amitié et salut fraternel.
Fedorowiez Charles, n°13
Voici mon adresse : Fedorowiez Charles, prison St Antoine, cellule n°2, Genève (Suisse)
Ce même mois d’octobre, il adressait une lettrre au ouverneur militaire de Varsovie pur demander son admission dans l’armée russe pour pouvoir "réparer la faute commise par son père, émigré polonais."
En 1894 il figurait sur l’État signalétique confidentiel des anarchistes étrangers non expulsés résidant hors de France. Sa résidence était alors inconnue et il était alors noté comme “employé de commerce”. La police signalait également qi’ul était tatoué sur le bras d’un zouave, d’un cœur percé d’une flèche et de trophées.