C’est pendant son adolescence que Debora Cespedes avait été amenée à l’anarchisme par le vieux militant libertaire Pedro Othaz. A l’âge de 16 ans, grace au camarade Negro Palmieri et à sa compagne Matilde Carreras, elle trouvait un emploi de kiosquière dans un quartier résidentiel de Montevideo. Adhérente aux Jeunesse libertaires où elle rencontra son futur compagnon Luis Alberto Gallegos Beto, elle commençait en 1937 à travailer à l’entrepôt frigorifique Anglo de Montevideo où elle allait nouer une amitié avec Esperanza Auzeac, une jeune anarchiste russe à laquelle elle restera liée jusqu’à la mort de cette dernière en Bolivie. Avec Esperanza elle organisait alors dans l’entrepot une Société de résistance ouvrière ce qui valut aux deux jeunes filles d’être licenciées. Peu après Debora Cespedes retrouvait un travail à l’entrepot frigorifique El National où elle poursuivait son travail syndical et participait à la fondation d’une fédération des travailleurs de la viande.
Parallèlement elle fréquentait la Casa de los libertarios dont le local était près de celui du syndicat des boulangers, collaborait à la rédaction et à la diffusion du périodique Voluntad et participait à la fondation de l’athénée anarchiste du quartier du Cerro où fut organisé le groupe théâtral Emilio Zola formé d’ouvriers et d’ouvrières des entrepôts frigorifiques. Debora fut à plusieurs reprises actrice lors de ces représentations de théâtre social.
Pendant la seconde guerre mondiale elle fut une active protagoniste de la campagne menée notamment par les syndicats autonomes, les Jeunesses libertaires et la Fédération des étudiants d’Uruguay contre l’instauration d’un service militaire obligatoire.
En 1947 elle allait rejoindre son compagnon à Buenos Aires où il s’était réfugié suite aux persécutions pour son activisme au syndicat des plombiers et où il s’était intégré au syndicat FORA de la construction navale. Elle y noua des relations avec la FORA et de nombreux militants dont Jacobo Prince, Maguid, Juanita Quesada, Abad de Santillan, Lunazzi, etc. et participa dans les années 1950 à la fondation de la Fédération Libertaire argentine (FLA).
En Argentine elle collabora également à la Coordinadora anarquista Rioplatense créee à La Plata l’initiative du professeur Lunazzi et de l’Ateneo de Avellaneda.
Après 16 années passées à résister au péronisme, Debora et son compagnon retournaient en 1963 à Montevideo où Debora renouait immédiatement avec Luce Fabbri avec laquelle elle était en relation depuis 1938. Au moment de la rupture de la Fédération anarchiste uruguayenne (FAU) entre partisans et opposants de la révolution cubaine, elle abandonna la FAU et participa avec notamment Luce Fabbri, Gomensoro, Iriondo, D’Ottone, les frères Errandonea, Cresatti, H. Fabbri, etc, à la fondation de l’Alliance libertaire d’Uruguay (ALU) opposée au soutien aux castristes, qui disparut en 1973 avec l’instauration de la dictature militaire.
Elle participa sans doute aux activités du Centro de acción popular (CAP) sui regroupait anarchistes et non anarchistes et tentait d’organiser des communautés autonomes.
Lors du retour à la vie démocratique avec son compagnon elle participa aux cotés de Luce Fabbri à la fondation du Groupe d’études et d’action anarchiste (GEAL) qui en 1985 remplaça l’ALU et à son périodique Opcion libertaria (1986-2004) dont elle avait proposé le titre. Elle participa également à une tentative de coordination anarchiste du Rio de la Plata (Argentine-Uruguay) à laquelle participèrent notamment Lunazzi, Corral et l’athénée de Avellaneda.
De mars 1974 à février 2001 elle fut la rédactrice responsable du bulletin mensuel Centro Oeste tiré à 1000 exemplaires. Elle collaborait également à la revue féministe argentine La mitad del cielo dont la directrice était l’écrivaine Leonor Benedetto.
De 1991 à 1998 elle collabora très activement à l’organisation d’une coopérative de consommateurs qui parvint à réunir 80 groupes. Debora Cespedes, qui écrivait de la poèsie depuis l’âge de 10 ans, fut lauréate de plusieurs prix tant en Uruguay qu’en Argentine et fut l’auteure de la chanson « Nacer de nuevo » écrite pour la chanteuse argentine Sandra Mihanovich lors de sa libération de prison.
Debora Cespedes qui avait été la protagoniste avec Beto Gallegos du livre de Hugo Fontana « Historias robadas « racontant leurs parcours, est décédée à Montevideo le 18 mai 2009
Œuvres : — Algunos bienes que algun dia tuve (Biblioteca y archivio Luce Fabbri, 2008à.