Dictionnaire international des militants anarchistes
Slogan du site

Y’en a pas un sur cent… et pourtant des milliers d’hommes et de femmes de par le monde, souvent persécutés, embastillés, goulagisés et parfois au prix de leurs vies, ont poursuivi leur chevauchée anonyme à la recherche d’un impossible rêve : un monde sans dieux ni maîtres.

AUDA, Michel

Né à Nice le 31 janvier 1873 — mort le 21 avril 1918 — Employé de commerce ; cocher — Nice (Alpes-Maritimes)
Article mis en ligne le 27 janvier 2011
dernière modification le 8 août 2024

par Dominique Petit, R.D.
Michel Auda

Michel Auda était marié avec Marie Muller, ils n’avaient pas d’enfant. Il avait le matricule 1394, de la classe 1893 et avait été réformé le 23 novembre 1894, pour “défaut de taille”.

Il était membre du groupe Les Libertaires de Nice qui avait été fondé au printemps 1897 et qui tenait ses réunions dans la buvette du Comptoir de Nice, 33 rue Pastorelli.
Le 8 août 1897, en sortant d’une réunion au Comptoir de Nice, un agent de la Sûreté entendit le cri « Vive l’anarchie ! ». Le 9 septembre, le parquet ouvrit une enquête qui se solda par un non-lieu. Michel Auda se trouvait dans les inculpés d’après sa fiche de police. Il demeurait alors 4 rue de Belgique.

Il fut le gérant du journal L’Esclave (Nice, 2 numéros en août et septembre 1898) qui était sous-titré Organe des revendications prolétariennes (voir Portfolio).
Le 30 mars 1898, il quitta Nice, avec sa femme, pour se rendre à Paris où le 26 avril 1898, il fut signalé comme anarchiste à la Sûreté générale. Le 24 juin suivant, sans ressources, il sollicita un secours à la Préfecture de police, pour pouvoir rentrer. Le 14 juillet, il était de retour à Nice.

En août 1898 il fut soupçonné par la police d’avoir apposé avec Joseph Gioan, autre membre du groupe, des papillons « L’armée est l’école du crime. Vive l’anarchie ».

Le 11 décembre 1898, au Salon d’Art de la rue Blacas, une conférence dreyfusiste devait traiter se la question « Dreyfus-Picquart et la politique ». Il y avait foule devant la porte, des groupes se formaient dans la rue, l’entrée dans la salle se fit avec de formidables bousculades. Environ 200 personnes trouvèrent place. L’orateur Barrucand, de La Revue Blanche essaya de parler mais des anti-dreyfusards poussèrent des cris : « A bas les juifs ! Vive Picquart ! Vive l’armée ! ». Dans le fond de la salle des chaises furent brisées. Des agents entrèrent pour faire évacuer, quelques altercations se produisirent à l’intérieur et dans la rue. Deux hommes crièrent « A bas l’armée ! ». Ils furent arrêtés et conduits au commissariat du 3e arrondissement. Il s’agissait de Michel Auda et d’un belge nommé Hannmann.

En 1899 il collaborait au Libertaire, dans le numéro du 6 février 1899, il dressait un constat assez pessimiste de l’état du mouvement anarchiste à Nice : « De la façon dont les camarades procèdent, nous arriverons difficilement à faire quoi que ce soit pour la propagande. A part deux ou trois militants, inertie complète chez les autres. Cependant le moment est venu d’agir. Il est bon de se concentrer d’une façon définie sur la ligne de conduite bien déterminée que nous devons prendre, étant donnés les événements qui se déroulent. C’est pourquoi je prie les bons camarades de se trouver dimanche à une heure et demie, au local convenu pour communications diverses et l’affichage des placards concernant le Journal du Peuple ».

Dans Le Libertaire du 22 janvier 1899, il dénonçait les agissements des socialistes : « Les socialistes de Nice avaient fait appel aux militants de tous les partis pour fonder un groupe révolutionnaire. Nous nous y sommes rendus avec empressement, mais nous nous sommes vu refuser l’adhésion que nous offrions — sous prétexte que nous combattions les candidats socialistes. Nous avons ajouté que nous combattrons toujours toutes les candidatures, mais que pour la lutte, les révolutionnaires pouvaient cependant trouver un terrain neutre et d’entente. Le refus obstiné de ces Messieurs nous a convaincu de l’urgence absolue à créer à Nice une agitation révolutionnaire, nous allons en prendre immédiatement l’initiative et avec l’aide du Libertaire et de la Lutte sociale nous espérons y arriver ».

En novembre 1899, un rapport de police fit état de dissensions au sein du groupe libertaire de Nice, celui-ci ayant perdu son local pour se réunir, le loyer n’étant plus payé. En effet Auda aurait été accusé d’avoir dépensé pour ses besoins personnels l’argent du groupe.

Au début des années 1900, Auda aurait adhéré au Parti socialiste unifié, selon J.C. Laurent. Mais il était toujours surveillé comme anarchiste, sa notice individuelle était renouvelée. A l’automne 1900, Auda qui demeurait rue Barla, déménagea au 1-5 rue Emmanuel Philibert où vint le rejoindre le compagnon Eugenio Agostinucci.

Le 6 mai 1901, il quitta Nice pour Genève (Suisse) où il comptait passer la saison d’été. Le 11 juin, il rentrait à Nice.

Le 11 décembre 1901, le tribunal de simple police, le condamnait à trois francs d’amende, pour tapage injurieux, il avait insulté un prêtre sur l’avenue de la Gare.
En avril 1905, il était concierge 5 rue Guiglia, en mai il partit rejoindre sa femme employée dans un hôtel à Monaco.

Michel Auda est décédé à Cannes le 21 avril 1918.


Dans la même rubrique