Italo Ragni, dont la mère était morte des suites de l’accouchement, avait été élevé à Grosseto dans la famille de sa tante Rosa Ragni Bacci. Il commença dès l’adolescence à fréquenter avec son cousin Algiso Giovanelli les milieux anarchistes — notamment Marcuccio Marcucci, Angiolo Moretti, Firmo Biagetti et Mellido Ramaciotti — et à lire les journaux L’Avvenire anarchico et Volontà. Il adhéra au Cercle Germinal dont les principaux animateurs étaient Firmo Biagetti, M. Marcucci, Angiolino Moretti et Egisto Serni.
Le 4 septembre 1919, lors d’une journée de grève, il participait avec d’autres compagnons anarchistes et socialistes à l’occupation de la gare de Grosseto et en juin 1921 aux durs affrontements avec les groupes fascistes qui avaient envahi la ville. Qualifié « d’anarchiste dangereux, par ce que de caractère violent », il bénéficia toutefois en janvier 1924 d’une amnistie entraînant l’abandon des poursuites pour l’occupation de la gare en 1919.
Trois mois après, en avril 1924, comme de nombreux autres compagnons — dont Ruggero Gonnelli, Lelio Iacomelli, Giulio Savelli, Zaccaria Orbatti, Ricardo Gaggioli, Max Portanti — Italo Ragni s’exilait en France France où il s’installait à Lyon, 9 rue de Sully, puis 20 rue de Monclay et où il fut rapidement l’objet d’un signalement et d’une surveillance par les services du consulat fasciste local.
Le 26 mai 1927, un groupe d’anarchistes s’en prenait à coups de bâton au secrétaire du Fascio de Lyon, Mario Scribanti, lors de la commémoration de la déclaration de guerre de l’Italie. Le lendemain Ragni était arrêté par la police française avec Giulio Savelli autre militant anarchiste de Grosseto, Romeo Seghettini, Umberto Malfatti et Romeo Romani. Lors du procès, le 5 août, Ragni fut acquitté pour insuffisance de preuves, tandis que d’autres étaient condamnés par contumace à plusieurs mois de prison.
Le 24 octobre 1928, Ragni était expulsé de France vers la Belgique. Il s’installait avec le compagnon Umberto Malfatti à Liège, 6 rue Alfred Smeets, puis à Seraing, 91 rue du Marais, « véritable nid de subversifs » selon les agents fascistes qui le surveillaient toujours étroitement.
En 1929, il se liait avec Camillo Berneri à Bruxelles et diffusait Bandiera nera (Bruxelles, 17 numéros avril 1927-mai 1931), mensuel publié par Giuseppe Bifolchi. Expulsé de Belgique en juillet 1929 avec Malfatti et Aldo Gorelli pour « propagande subversive », il séjournait brièvement en Allemagne avant de retourner en France à Villeurbanne où il participait aux réunions du Circolo Sacco e Vanzetti de Lyon et à la fondation du journal Insorgiamo (Lyon, 4 numéros du 1er septembre 1931 au 15 juillet 1932) dont les responsables étaient Gusmano Mariano et Attilio Scaltri et le gérant le compagnon français Noël Chabany
Le ministère italien de l’Intérieur le soupçonna alors de préparer avec Umberto Malfatti, Francesco Barbieri qui venait de revenir d’Argentine et Lino Farina un attentat contre Mussolini ; leurs noms furent inscrits aux fichiers comme terroristes soupçonnés.
En mars 1932 il participait à Lyon à une réunion « élargie » d’anarchistes italiens à laquelle participèrent également, t des compagnons venus de Suisse.
Le 16 avril 1932, Italo Ragni était arrêté à Lyon pour infraction au décret d’expulsion et était condamné le 20 avril à huit jours de prison.
Á l’automne 1933 il était reconduit à la frontière espagnole, mais il retournait immédiatement à Paris où il continua d’être actif dans les groupes d’exilés italiens, et fut menacé d’expulsion à plusieurs reprises. Il était alors membre du groupe anarchiste de Montreuil et était très lié à Ernesto Bonomini.
Le 4 octobre, le directeur de la police parisienne parlait de lui en ces termes : « Cet étranger qui travaille comme terrassier vient d’être recherché vainement à Marseille où il avait manifesté d’intention de commettre un attentat contre le Consulat italien de cette ville dans le cas où l’Italie déclarerait la guerre à l’Éthiopie. Le nommé Ragni a été expulsé de divers pays en raison de son activité anarchiste allant jusqu’à l’action directe. Individu particulièrement dangereux.”
Ragni continua néanmoins de participer à toutes les activités des groupes anarchistes italiens et aux campagnes pour le droit d’asile. Le9 mars 1936, aux cotés notamment de Berneri, il assista à l’enterrement du compagnon Giovanni Sabbadini. Le 18 juin 1935 il avait été à nouveau l’objet d’un arrêté d’expulsion.
Le 19 août 1936, il partit pour l’Espagne et s’enrôla dans la section italienne de la Colonne Ascaso. Il participa aux combats du Monte Pelato, Tardienta puis d’Almudevar. Après avoir été blessé par la ruade d’un cheval, il rentrait en France en mai 1937.
Après diverses arrestations pour infraction au décret d’expulsion, Ragni fut interné au camp de Gurs le 27 juin 1939 avec 850 autres antifascistes italiens, 800 Allemands et des centaines d’autres étrangers. Pour sortir du camp, il s’enrôla vraisemblablement dans un bataillon étranger de l’armée française au moment de la déclaration de guerre et fut sans doute faut prisonnier lors de l’offensive allemande du printemps 1940. Italo Ragni a été déporté au camp de concentration de Mauthausen (matricule 8770) où il décédait à Marbach le 6 mai 1941.