Devenu orphelin de père à l’âge de 14 ans, Emilio Travé avait commencé à travailler dans une usine textile, avait adhéré à la CNT et, en 1932, aux jeunesses libertaires (FIJL) de Rubi (Barcelone). Lors du coup d’État franquiste de juillet 1936 il s’enrôla dans une centurie du Syndicat CNT du transport maritime de Barcelone, constituée pour être envoyée aux Baléares. Puis il s’intégra à la Colonne Durruti (puis 26e Division) où, après avoir suivi les cours de l’école de guerre de Sarria, il sera nommé lieutenant dans les transmissions.
Passé en France lors de la Retirada de février 1939, il fut interné dans divers camps. Pendant l’occupation il participa à la Résistance et en 1945 participa aux combats pour réduire les dernières poches allemandes de l’Atlantique. Il était alors membre du Bataillon Libertad, presque entièrement composé de libertaires espagnols.
En 1946, dès sa formation, il adhéra à la CNT française dont il allait être nommé secrétaire, tout en contiinuant à militer à la CNT de l’exil — il sera secrétaire de propagande de la FL de Bordeaux — et à la Solidarité Internationale Antifasciste (SIA) dont il sera le secrétaire local. Dans les années 1960-1970 il se rendit à plusieurs reprises à Rubi où résidait une partie de sa famille et en profita pour assurer des contacts avec les compagnons de l’intérieur.
Après la mort de Franco, il s’opposa à l’accord consistant à transformer la CNT de l’exil en une régionale de l’extérieur et ne milita plus dès lors qu’à la CNT française. Parallèlement il continua à aider financièrement un certain nombre d’activités en Espagne dont la Collectivité Los Arenalejos, le journal CNT, les grèvistes de Mercadona, etc.
Emilio Travé a collaboré à plusieurs titres de la presse libertaire dont Cenit, CNT (Madrid), et Le Combat syndicaliste dont il fut directeur.