Arrivé à l’âge de un an en Argentine avec sa mère, Antonio Soto Canalejo, suite à des tensions avec son beau-père, avait été renvoyé très vite en Espagne pour y faire son éducation. Elevé par des tantes autoritaires, il se réfugia dans la littérature anarchiste, découvrit Tolstoi pour lequel il s’enthousiamai et qui allait nourrir son antimilitarisme.
Insoumis en 1914, il émigrait en Argentine où il allait travailler comme machiniste pour la compagnie théâtrale de Serrano Mendoza et avec laquelle, en 1920, il arrivait à Trelew — où il allait participer aux mouvements de grèves et protestations ce qui entraînera son premier emprisonnement et l’expulsion de la province de Chubur — et à Rio Gallegos où il s’intégra à la société ouvrière et où, suite à la demande de Borrero, il abandonna le théâtre pour prendre la direction du mouvement ouvrier de la région.
Nommé secrétaire général du syndicat ouvrier de Rio Gallegos il allait alors acquérir une renomée certaine auprès des travailleurs ruraux et, avec l’appui de Baron, Lorido et d’autres, devenir l’un des leaders de la Patagonie rebelle et membre de la tendance la plus anarchiste de la FORA (dite du 5e congrès). Il fut emprisonné en juillet 1920 à la suite de la grève du secteur hôtelier, en septembre suite à un hommage rendu à Francisco Ferrer, et fut en octobre menacé d’expulsion du pays. Avec d’autres anarchistes — dont Argüelles, Font, Outerelo et d’autres — il fit alors un énorme travail de propagande dans toute la région, tant et si bien qu’à la fin de l’année les ouvriers de Rio Gallegos, orientés par A. Soto et d’autres anarchistes espagnols — dont Leoncio Alonso, Antonio Fernandez, Antonio Freire, Domingo Tarrago, José Traba, Paulino Martinez, Enrique Garcia, etc.- imprimaient un caractère révolutionnaire au grand mouvement de grève qui agitait toute la région et qui fut suivi d’une très forte répression. Antonio Soto parvint à gagner Buenos Aires où, délégué avec Daniel Blanco de la société ouvrière de Rio Gallegos, il assista au 11e congrès de la FORA, où, sans obtenir d’appui ni au sein de la FORA ni dans les organisations anarchistes, il dénonça l’attitude et la passivité de la buraucratie de la FORA de Buenos Aires face à la situation en Patagonie. Lors de l’écrasement de la révolte par le colonel Varela, il refusa de déposer les armes et en décembre passa au Chili. Il fut à cette époque l’objet d’une campagne de calomnies par les dirigeants de la FORA (dite du 9e congrès), mais continua de jouir à la base d’un prestige certain.
Au Chili, après avoir été à Puerto Natal, Punta Arenas, Valparaiso et Iquique, il s’établissait comme chauffeur à Santiago et recommençait à militer dans les groupes anarchistes. En 1933 il retournait à Rio Gallegos où il échouait à mobiliser les ouvriers passés massivement au réformisme. Expulsé d’Argentine, il ouvrait alors un cinéma à Puerto Natal. En 1936, il renonçait, en raison de son mauvais état physique à partir pourt l’Espagne lors du déclenchement de la guerre et de la révolution.
En 1945 il s’installait à Punta Arenas où il travaillait dans une fonderie et tenait un petit commerce de fruits au marché de la ville. Dans les années qui suivirent, il nomadisa en Terre de feu avant de revenir définitivement à Punta Arenas où il ouvrit un petit restaurant. Il fut alors particulièrement actif au Centre républicain espagnol, au Centro gallego (1950), au Club sportif Pesca y Caza (1951), à la Croix rouge, à la Société des amis de l’union soviétique (malgré son anarchisme indiscutable) et aurait appuyé la candidature de Salvador Allende lors des élections.
Antonio Soto Canalejo, qui avait pour compagne Dorotea Cardenas, et qui semble avoir été lié au « groupe espagnol » de la FORA (Abad de Santillan, Lopez Arango, M. Villar, Torralvo, etc.) est décédé à Punta Arenas le 11 mai 1963 (ou 1969 ? selon d’autres).