Philippe Sanlaville qui résidait à Lyon, 13 rue Tronchet, et avait été délégué au premier congrès ouvrier tenu à Paris en octobre 1876, puis à la deuxième session du 2e congrès ouvrier de France qui se tint à Lyon du 28 janvier au 8 février 1878, fut un des principaux fondateurs du Parti ouvrier affilié à la FTSF. Il était également membre de la Commission de secours aux familles de détenus politiques où il était le délégué du 3e arrondissement.
Sous sa présidence se déroula, le 29 février 1880, au théâtre des Variétés, la réunion de fondation du Parti ouvrier socialiste lyonnais. Le 10 juillet 1880 se réunissait à la Croix-Rousse le congrès de fondation de la région de l’Est du parti « collectiviste révolutionnaire ». Sanlaville y représenta la Société coopérative horlogère de Besançon et présida la première séance après avoir joué un rôle important dans la commission de propagande. Au comité fédéral de la région de l’Est du Parti ouvrier, Sanlaville figura en qualité de représentant de la chambre syndicale des cordonniers. Le 13 novembre il fut délégué par Villefranche et la Guillotière au congrès socialiste du Havre en compagnie de Toussaint Bordat ; les deux délégués lyonnais étaient influencés par l’anarchisme et partisans de l’abolition du salariat par la force et de l’abstention sur le plan électoral. Dans ces conditions, la scission au sein du Parti lyonnais était inévitable et c’est ce qu’affirma le leader guesdiste Gabriel Farjat à une réunion organisée le 23 janvier 1881 par les amis de Sanlaville. Le 9 février suivant, Sanlaville et son ami Bernard créaient une fraction abstentionniste du Parti ouvrier, puis proclamaient la « liquidation » de l’ancienne organisation. Désormais, un parti « suffragiste » et un parti « abstentionniste » se disputaient l’étiquette de Parti ouvrier : le dernier, farouchement opposé aux guesdistes, prit le nom de Parti d’action révolutionnaire.
En juin 1881, le congrès fédéral de Saint-Étienne ne suivit pas Bordat, et les abstentionnistes décidèrent alors de se faire représenter au congrès anarchiste de Londres (14 juillet 1881) par Kropotkine.
C’est en 1881 qu’il avait quitté Lyon pour aller s’installer à Villefranche où, à la suite d’une grève, avait été fondé le groupe anarchiste Le Glaive.
Au printemps 1882, au nom du groupe Le Glaive de Villefanche, il avait souscrit pour l’achat d’un revolver d’honneur à l’ouvrier qui imiterait Fournier (voir ce nom) qui avait tiré sur son patron à Roanne.
En août 1882, suite aux condamnations de Bonthoux et Crestin responsables du journal Le Droit Social (Lyon), le groupe Le Glaive avait adressé la lettre suivante : « Compagnons, la justice bourgeoise, cette prostituée qui a nom Themis, non contente d’avoir tué Le Droit Social, a cru qu’il était dans son intérêt de le frapper encore dans la tombe en adjugeant aux compagnons Bonthoux et Crestin quelques années d’emprisonnement. Si cette prostituée pense affaiblir notre cause en condamnant les plus dévoués compagnons, elle se trompe et les révolutionnaires de notre localité tiennent à déclarer à la face de cette bourgeoisie infâme qu’ils sont solidaires dans les actes qui ont motivé ces condamnations. Que les victimes de toutes ces iniquités reçoivent donc l’expression de notre solidarité révolutionnaire. Le groupe anarchiste “Le Glaive” ». (cf. L’Etendard révolutionnaire, Lyon, 27 août 1882).
Le 21 octobre 1882, il avait présidé la réunion publique tenue à Villefranche où, devant environ 800 personnes, Hugonnard et Desgranges notamment — qui avaient remplacé Émile Gautier et Toussaint Bordat qui venaient d’être arrêtés — avaient fat l’apologie des émeutes de Montceau-les-Mines (voir Gueslaf).
Le 12 novembre 1882 il avait été le délégué de Villefranche à la réunion tenue à Lyon chez Bordat à laquelle avaient participé une vingtaine de compagnons dont Genet (délégué de Vienne), Ricard (de Saint-Étienne), Pautet, Sourrisseau, Chatard, Boriasse, Bayet, Courtois et Berlioz Arthaud. Sur la proposition de Pautet, il avait été décidé lors de cette réunion que chaque membre de a Fédération verserait 2 francs afin de faire reparaître le plus vite possible, suite au x arrestations, L’Etendard révolutionnaire.
Sanlaville résidait à Villefranche-sur-Saône (Rhône) où il était le responsable du groupe anarchiste Le Glaive lorsqu’il fut arrêté à l’automne lors des rafles ayant suivies les attentats commis à Lyon. Le 7 décembre 1882, lors de la perquisition à son domicile rue de la Quarantaine, la police avait saisi une liste de souscription en faveur des détenus politiques, un exemplaire du journal Le Révolté, la brochure Aux jeunes gens de Kropotkine et la brochure L’Esprit de révolte publiée à Genève.
Il fut impliqué dans le grand procès des anarchistes, dit procès des 66, accusés de reconstitution d’une organisation révolutionnaire internationale (voir Toussaint Bordat) ; lors de ses interrogatoires, il avait nié appartenir au groupe Le Glaive et avait ajouté « attendre qu’on lui en donne la preuve » et avait refusé de signer les procès verbaux d’interrogatoire. Il fut condamné le 19 janvier 1883, à quinze mois de prison, 200 f d’amende et cinq ans de privation des droits civiques, civils et de famille. Cette peine fut réduite, par arrêt de la cour d’appel de Lyon, le 13 mars 1883, à huit mois de prison, 50 f d’amende et cinq ans de privation des droits civils. Dès sa libération, le 19 septembre 1883, il reprit son activité militante. Il résidait alors à Lyon, 1, rue Saint-Jean.
Il fut l’objet de poursuites judiciaires pour avoir pris la parole au cours d’une réunion organisée à Lyon à l’occasion du 1er mai 1893 et devint à compter du numéro 4 (2 septembre) le gérant de l’organe communiste anarchiste régional L’Insurgé (Lyon, 15 numéros du 12 août au 18 novembre 1893) où il avait remplacé L. J. Jacome. Il en était membre depuis le début d’une commission de contrôle de la rédaction aux cotés de Lombard, Camberousse, Dumortier et Polo. Le 20 novembre 1893 il avait fait l’objet d’une perquisition où la police avait saisi un grand nombre de journaux, écrits et brochures anarchistes. Il résidait à cette époque 26 rue Tramassacre et avait été nommé trésorier de l’organisation anarchiste lyonnaise formée lors d’une réunion le 26 juin 1893.
Fin 1883, selon la police, il était membre du groupe Les Justiciers dont faisaient entre autres partie Champalle, Hugonnard, Fabre et Sourisseau.
Le 1er janvier 1894, comme chez une cinquantaine d’autres militants de la région, il fut l’objet d’une perquisition où la police avait de nouveau saisi in grand nombre de journaux anarchistes français et étrangers ainsi que de la correspondance. Il fut alos poursuivi avec 9 autres compagnons — dont Comberousse, Boget, Condom, Souchon — pour « association de malfaiteurs ». Le 20 février 1894, comme onze autres militants, il fut l’objet d’une nouvelle perquisition et d’une arrestation.
Début 1904, Les Temps nouveaux signalait qu’il était dans « une triste situation » et la caisse d’aide et de secours du journal « étant à sec », appelait les compagnons à envoyer quelques sommes qui pourraient lui être transmises.
En février 1906, dans les colonnes du Libertaire, il appelait les compagnons révolutionnaires de Voiron, de toutes écoles, à rejoindre la section de l’Association antinationale antimilitariste (AIA) qui venait d’y être fondée.