Dictionnaire international des militants anarchistes
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Y’en a pas un sur cent… et pourtant des milliers d’hommes et de femmes de par le monde, souvent persécutés, embastillés, goulagisés et parfois au prix de leurs vies, ont poursuivi leur chevauchée anonyme à la recherche d’un impossible rêve : un monde sans dieux ni maîtres.

RIEFFEL, Antoine

Né le 13 janvier 1856 à Fegersheim (Bas-Rhin) — Cordonnier — Paris
Article mis en ligne le 29 avril 2009
dernière modification le 5 août 2024

par R.D.

Antoine Rieffel avait été condamné le 18 décembre 1879 à Strasbourg à 150 marks d’amende ou 10 jours de prison pour infraction à la loi sur le recrutement. Il avait opté pour la nationalité française.

Antoine Rieffel qui demeura 106 rue Richelieu, puis 3 ruelle Pellé (rue Saint-Sabin) où il avait loué une baraque, était membre en 1883 du groupe L’Eclair dont faisaient également partie Montant, Raoux, Tortelier, Gauthier et Cardillac. Cette même année 1883, selon un rapport de police intitulé “Organisation des forces socialistes à Paris” (APpo BA 75), il aurait tenté de former, sans succès, une Chambre syndicale des hommes de peine, projet qui sera repris vers 1886 par le compagnon Leboucher.

Début août 1884, lors d’une réunion du groupe Le Drapeau noir de Charonne, il avait demandé que quelqu’un s’occupe du futur journal Le Simple (paru ?) ; le compagnon Tellier s’était alors proposé à condition que le journal devienne l’organe du groupe des Amandiers. Pour se procurer les fonds nécessaires, le compagnon Hivon proposa de multiplier les réunions publiques.

La police le décrivait comme « un anarchiste ardent… poussant le dévouement à ses idées jusqu’à se faire le colleur des affiches annonçant les réunions organisées par ses coreligionnaires politiques ». Toujours selon la police il aurait été l’un des organisateurs d’un groupe révolutionnaire autrichien et fréquentait les réunions du groupe Les Insurgés.

Membre de la commission d’organisation de la chambre syndicale de la cordonnerie, il fut le délégué de la cordonnerie ouvrière à l’Exposition de Boston (17 novembre-31 décembre 1884) dont il fit un compte rendu dans Le Tire Pied (Paris, 1885) l’organe international de la cordonnerie ouvrière.

Il était également le gérant et imprimeur de l’organe communiste anarchiste Terre et Liberté (Paris, 18 numéros du 25 octobre 1884 au 21 février 1885) — auquel collaborèrent notamment Leboucher, Émile Digeon, Tortelier, Élisée Reclus, Constant Martin, Pierre Martinet, Lucien Guérineau, Denéchère et François Duprat — qui fut obligé de suspendre sa publication à la suite du saccage du siège du journal par la police et de la condamnation par défaut, le 12 mars 1885 par la 10e chambre correctionnelle de Paris de Rieffel, qui était en fuite, à deux ans de prison, 500fr. d’amende et 5 ans de surveillance pour “menaces de mort”. Dans son numéro du 6 février 1885, le journal avait écrit à propose de la répression d’une émeute : « Faites messieurs, faites de la répression et nous applaudirons. Plus il y a de répression, plus il y a de révolte. La révolution sociale s’approche et ce jour-là nous n’aurons pas de pitié. C’est dans votre sang que nous noierons notre soif de vengeance […] ». Il fut de surcroît poursuivi pour un article antimilitariste du 22 novembre 1884 et un article « incitant au pillage » du 29 novembre 1884 et divers textes antimilitaristes publiés dans le dernier numéro de Terre et Liberté (21 février 1885).
Lors de son inculpation le 6 janvier 1885 devant le juge d’instruction, Rieffel avait accepté la responsabilité des articles incriminés mais avait refusé de signer le procès-verbal « ne reconnaissant à personne le droit de le juger ».

Le journal fut alors remplacé par un nouveau titre L’Audace (Paris, 3 numéros du 7 au 21 mars 1885) dont le siège était toujours 3 ruelle Pellé et dont l’imprimeur gérant était V. Leperchey.
Le 17 avril 1885, la cour d’assises condamna Rieffel, toujours par défaut, à deux ans de prison et à 3000 francs d’amende pour “provocations à militaires, provocation au meurtre, pillage et incendie”.

Puis, avec Loth, un autre compagnon du journal Terre et Liberté, Rieffel offrit son imprimerie de la ruelle Pelé à Jean Grave pour tirer le premier numéro du journal Le Révolté.

Le 14 décembre 1888, sur opposition au jugement d’avril 1885, il fut poursuivi devant la Cour d’assises de la Seine pour “provocation au meurtre”. Il lut une déclaration réfutant les accusations dont il était l’objet et se terminant en ces termes : « … Vous le voyez, les poursuites qu’on a dirigées contre moi n’ont d’autre cause que la différence d’opinion entre le journal Terre et Liberté et le gouvernement d’alors présidé par M. J. Ferry ; il s’agit de savoir si nous avons le droit d’être anarchistes. Si vous voulez opprimer les idées, opprimer la pensée, vous me condamnerez ; si ai contraire, cous êtes partisan de la liberté de penser, de la liberté de discussion par la presse et par la parole, vous ne pourrez que m’acquitter. Vive l’anarchie ! Vive l’humanité ! Condamné ou acquitté, anarchiste j’étais, anarchiste je suis et anarchiste je resterai ». Le jury lui accorda les circonstances atténuantes et ramena la peine à huit mois de prison et à 3000 francs d’amende. Il quitta le prétoire en criant : « Vive l’anarchie ! Vive la révolution sociale ! » Il fut écroué à Sainte-Pélagie.

Selon Jean Grave, Rieffel se mit ensuite « à estamper en grand les commerçants, se faisant livrer des marchandises qu’il liquidait ensuite en — dessous de leur valeur, disparaissant pour recommencer ailleurs… jusqu’au jour où il fut pincé ».


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