Né dans une famille libertaire, Vindice Rabitti avait commencé à militer très jeune. Le 22 septembre 1917, il participait avec entre autres Armando Guastaroba au Congrès régional clandestin contre la guerre tenu à Imola par l’union anarchiste d’Émilie-Romagne et organisé par Diego Guadagnini. En juillet 1920 il subissait une première condamnation pour « outrages à agents de la force publique ». Membre du groupe Arditi del popolo, il allait participer à de nombreux affrontements avec les fascistes. Arrêté en 1921 il était emprisonné deux mois avant d’être relâché après deux grèves de la faim et en tant que mineur. Le 25 juillet 1922, il subissait une nouvelle condamnation à un an et trois mois de prison par la Cour d’Assises pour « participation à bande armée ». L’année suivante, en juillet 1923 ; il était condamné par contumace à onze mois de prison : lors d’un affrontement armé avec les groupes fascistes il avait été grièvement blessé au thorax et avait du être opéré d’urgence. Il allait alors à Florence où il rencontrait Camillo Berneri et Enzo Fantozzi.
Recherché par les bandes fascistes, il obtenait un passeport pour aller travailler comme mineur en Belgique et en septembre 1923 partait en fait à Paris. Revenu en Italie lors de l’affaire Matteoti, il était arrêté et interrogé sévèrement pendant plusieurs jours à la caserne Mussolini de Bologne. Hospitalisé suite à l’intervention de Leandro Arpinati, un ancien anarchiste rallié au fascisme, il partait de nouvau clandesrtinement pour la France puis pour la Belgique.
A l’automne 1926, avec d’autres anarchistes italiens dont Otello Pezzoli, il participait à l’expédition armée organisée en Espagne par le catalaniste F. Macia contre la dictature de Primo de Rivera. Après l’échec du mouvement et après avoir échappé à la capture, il retournait à Paris où avec Erasmo Abate, Alberto Meschi, Enzo Fantozzi et d’autres il participait au projet d’expédition monté par Riccioti Garibaldi qui était en fait un agent mussolinien.
En décembre 1929, alors qu’il travaillait avec d’autres militants italiens sur les voies ferrées, il était arrêté à Chambéry étant suspecté de préparer un attentat contre la délégation fasciste italienne de Genève. Suspecté par la police politique italienne d’être le responsable au sein de l’Union communiste anarchiste italienne de la coordination des actions en Italie, il fut mêlé à divers projets d’attentats contre le régime et fut arrêté à de nombreuses reprises : en 1931 pour préparation avec entre autres Cremonini, d’un attentat contre Mussolini, en mai 1932, avec Edmondo Lelli, Ulisse Merli et Emanuele Granata suite au vol de 38 kilogs d’explosifs par Ludovico Vergendo aux mines de Montgenèvre. Bien que condamné à deux ans de prison par le tribunal de la Seine, il parvenait à rester à Paris où il travaillait comme peintre avant de gagner l’Algérie fin 1933 où il allait continuer son militantisme.
Fin juillet 1936, avec entre autres Carlo Mariotti et Adamo Agoletto, il s’embarquait pour Port Vendres puis gagnait l’Espagne avec Enzo Fantozzi et le républicain Mario Angeloni. Il participait à la caserne Bakunin de Barcelone à l’organisation de la section italienne de la Colonne Ascaso. Représentant de la section italienne au Comité de défense du front d’Aragon, il participait aux combats du Monte Pelato, Almudevar et Carrascal. Fin octobre il fut l’un des signataires d’un communiqué refusant le décret de militarisation des milices. Il allait ensuite à Barcelone faire plusieurs rapports sur la situation au front et la responsabilité de Rosselli dans l’importance des pertes subies, puis, après le remplacement de Rosselli par Giuseppe Bifolchi, il retournait au front. Accusé de « sabotage » par le communiste Severino Casati Raimondi, et suite à des tensions internes au sein de la Colonne, il obtenait l’autorisation d’aller à Barcelone pour se mettre au service de la CNT-FAI.
Il travaillat alors pour les services militaires de la généralité et était membre du groupe anarchiste Pietro Gori dont le responsable était Lorenzo Giusti. C’est à cette époque que, sur une nouvelle dénonciation de Severino Casati, il fut arrêté par une patrouille de contrôle de la CNT-FAI, mais fut rapidement relâché suite à l’intervention de Girolimetti et de Giusti. Selon un rapport de la police fasciste italienne, il était début 1937, chargé avec Marzocchi, Barbieri, Ercolani et Schiaffonati, de se procurer des armes pour s’opposer éventuellement aux staliniens. Lors des combats de mai 1937, il se trouvait avec L. Giusti et d’autres à la caserne Espartaco dont était responsable Pio Turroni, pour participer à un assaut contre la caserne Karl Marx qui fut finalement annulé. En juillet suivant, avec un passeport suédois fourbi par la LIDU, il passait en France. Arrêté à Perpignan, il était emprisonné un mois pour « infraction à un arrêté d’expulsion », puis obtenait la permission de résider à Sains (Somme ?) à une centaine de kilomètres de Paris où il trouvait un emploi de peintre.
Fin mars 1940 il était rapatrié en Italie et était condamné à deux ans d’isolement à Ventotene où selon la police, il ne reprenait pas ouvertement de contact avec ses anciens compagnons. Il obtenait une libération conditionelle en novembre 1941 et retournait à Bologne où apparemment il s’abstenaut de toute activité politique.
Le 16 mai 1943 il participait avec Attilio Diolaiti et Giuseppe Sartini au congrès anarchiste clandestin organisé à Florence par Augusto Boccone où fut fondée la Fédération Communiste anarchiste italienne. Le 26 juillet 1943 il organisait le blocage de son entreprise pour fêter la chute du fascisme et quelques mois plus tard passait dans la clandestinité et à la collaboration à la lutte partisane. Avec Ugo Guadagnini et d’autres il participait en septembre aux combats contre les Allemands dans la région d’Imola.
A la libération, comme L. Giusti et d’autres anarchistes de Bologne, il se rapprochait du parti socialiste tout en maintenant les contacts avec les compagnons et se montrant solidaires avec ceux qui pouvainet être en difficulté. En 1965 il réintégrait le mouvement libertaire et était nommé à la Commission de correspondance de la FAI lors du congrès tenu à Carrare en novembre. En 1967 il proposait à d’autres militants ayant combattu en Espagne — dont Marzocchi, Turcinovich et Tommasini- de coordoner un travail de reconstruction historique de cette expérience. En 1983, avec de jeunes militants, il participait à un « voyage de la mémoire » au Monte Pelato et à Barcelone dont il fit le récit dans la Revista A (février 1983). Vindice Rabiti est décédé à Bologne le 3 novembre 1983.