Dictionnaire international des militants anarchistes
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Y’en a pas un sur cent… et pourtant des milliers d’hommes et de femmes de par le monde, souvent persécutés, embastillés, goulagisés et parfois au prix de leurs vies, ont poursuivi leur chevauchée anonyme à la recherche d’un impossible rêve : un monde sans dieux ni maîtres.

PAUTET, François

Né le 12 janvier 1856 à Chagny (Saône-et-Loire) — Ouvrier serrurier — Lyon (Rhône)
Article mis en ligne le 16 décembre 2008
dernière modification le 6 août 2024

par R.D.

Demeurant rue Mazenod à Lyon, François Pautet était au début des années 1880 membre de la Fédération révolutionnaire de la région de l’Est. Membre de la commission de grève lors d’un mouvement déclenché par les serruriers lyonnais, il fut ensuite le délégué des serruriers de la région Est au congrès ouvrier régional qui se tint en juin 1881 à Saint-Étienne. Il était également délégué des serruriers à la Fédération des chambres syndicales.

Le 27 mai 1882, aux cotés de Dejoux, Demoncet et la femme Palais, tous anarchistes, il avait été membre du bureau d’une réunion d’environ 500 tisseurs tenue à la salle de l’Alcazar et à laquelle avait été discutée l’organisation d’une Ligue pour les intérêts populaires pour refuser de payer l’impôt et les loyers…

Le 18 juin 1882, il était, avec Toussaint Bordat et Régis Faure, à la tête de la manifestation organisée à La Ricamarie (Loire) à l’occasion de l’anniversaire de la fusillade des mineurs de la Loire qui fit treize morts et des blessés dans la nuit du 16 juin 1869. Les manifestants forcèrent les portes du cimetière que d’accord avec le préfet le maire avait fait fermer, et c’est Pautet qui, au nom de la Fédération révolutionnaire, déposa une couronne sur la tombe des victimes de la fusillade.

Suite aux violentes manifestations d’août 1882 des mineurs de Montceau-les-Mines et aux attentats perpétrés à Lyon en octobre, François Pautet, qui venait d’effectuer ne période de 28 jours comme réserviste, fut arrêté le 19 novembre 1882 avec 25 autres membres de la Fédération révolutionnaire et de nombreux autres compagnons tous impliqués dans le procès dit des 66 qui se déroula au Tribunal correctionnel de Lyon du 8 au 19 janvier 1883.
Lors de la perquisition à son domicile la police n’avait saisi que le livre Histoire du socialisme, la brochure Menace à la bourgeoisie et un certificat du secrétaire de la commission de grève des ouvriers plâtriers.

L’accusation avait classé les prévenus en deux catégories. La première comptait les 28 prévenus suivants : Chavrier, Jean Antoine Coindre, Joseph Damians, François et Louis Dejoux, Desgranges, Nicoles Didelin, Dupoisat (ou Dupoizat), Fabre, Fages (ou Farges), Régis Faure, Gaudenzi, Genet, Genoud, Giraudon (ou Girodon), Gleizal (ou Garnier-Gleizal), Hugonard (ou Hugonnar), Huser, Landau (ou Landeau), César Mathon, Michaud, Jules Morel, Pautet (ou Pautel), Peillon, Péjot, Joseph et Hyacinthe Trenta et Tressaud.
Cette catégorie était accusée « d’avoir, depuis moins de trois ans, à Lyon ou sur toute autre partie du territoire français, été affiliée ou fait acte d’affiliation à une association internationale ayant pour but de provoquer à la suspension du travail, à l’abolition du droit de propriété, de la famille, de la patrie, de la religion et d’avoir ainsi commis un attentat contre la paix publique ».

Les 38 prévenus de la seconde catégorie étaient : Baguet dit Bayet, Bardoux (ou Bardou, Berlioz-Arthaud), Joseph Bernard, Blonde, Félicien Bonnet, A. Bonthoux, Toussaint Bordat, Boriasse, Jean-Marie Bourdon, Bruyère, Champalle (ou Champal), Chazy, Cottaz, Courtois, Claude Crestin, Antoine Cyvoct, Dard, Ebersold, Étienne Faure Cou-Tordu, Georges Garraud dit Valadier, Émile Gautier (ou Gauthier), Joly, Kropotkine, Liégeon, Pierre Martin, Maurin, Pinoy, Renaud, Ribeyre, Jean Ricard, Sala, Sanlaville, Sourisseau (ou Sourrisseau), Thomas, Viallet, Charles Voisin, Zuida.
À la seconde catégorie était imputé « d’avoir, dans les mêmes circonstances de temps et de lieu, accepté des fonctions de cette association ou d’avoir sciemment concouru à son développement, soit en recevant ou en provoquant à son profit des souscriptions, soit en lui procurant des adhésions collectives ou individuelles, soit enfin en propageant ses doctrines, ses statuts ou ses circulaires » (d’après La Gazette des tribunaux, 10 janvier 1883).

Prévenu de la première catégorie, Pautet, qui lors de ses interrogatoires, avait systématiquement nié ou ne plus se rappeler les paroles qu’on lui attribuait dans diverses réunions, fut condamné le 19 janvier à deux ans de prison, 500f d’amende, dix ans de surveillance et cinq ans d’interdiction des droits civils. En appel le 13 mars 1883, le temps de surveillance fut ramené de dix à cinq ans.


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