Après un apprentissage en charpenterie, Willi Paul avait travaillé comme ouvrier métallurgiste en 1915. Après sa démobilisation à la fin de la guerre, il s’installa à Kassel où il adhéra à la Ligue Spartakus dont il fut le délégué pour Kassel en mai 1920 lors de la fondation du Parti communiste allemand (KAPD). Puis avec plusieurs autres camarades dont Josef Hodek, il fonda la section locale de l’organisation anarcho-syndicaliste FAUD qui comptait une trentaine de militants et adhéra à la Fédération Communiste anarchiste allemande (FKAD)
En 1923 il fut arrêté alors qu’il vendait les journaux Der Syndikalist (FAUD) et Der Freie Arbeiter (FKAD), emprisonné un mois avant d’être relâché. Il joua, avec entre autres Enno Wolf et Fritz Schroeder, pendant toute la période de la République de Weimar, un rôle déterminant dans l’organisation du mouvement des chômeurs à Kassel. Il s’opposa en particulier à la ligne des communistes qui proposaient de coopérer sur ce sujet avec les nazis.
En 1931 il fut l’un des organisateurs à Kassel des Schwarzen Scharen (Troupes noires) groupes de défense contre le nazis et à la même époque fut également le directeur de l’organe antifasciste Die Proletarische Front. Après la prise du pouvoir par les nazis et l’incendie du Reichstag, et le passage à la clandestinité, Willi Paul et sa compagne Erna, qu’il avait épousé en 1926, montèrent une petite imprimerie clandestine où furent tirées un numéro du journal Die Internationale (1er mai 1933) et quelques exemplaires de Die Kommenden et de Internationaler Sozialismus.
Malgré la surveillance dont il était l’objet, il parvint en mars 1937, après l’arrestation de Julius Nolden à Düsseldorf, à gagner Amsterdam puis Bruxelles d’où en avril il partait pour Barcelone rejoindre les volontaires allemands de la DAS. Arrêté avec plusieurs autres militants allemands par les staliniens, après les affrontements de mai 1937, il fut rapidement libéré — sa carte de la CNT datée du 5 mai lui permit de prétendre qu’il qu’était pas à Barcelone avant cette date — et partit avec Paul Sammel pour Lerida et le front d’Aragon où il appartint à la 25e Division (Ascaso).
En août 1938 il quitta l’Espagne et, après avoir rencontré à Paris Helmut Rudiger, retourna à Amterdam où il vécut avec sa compagne et leurs enfants sans permis de séjour.
Arrêté lors d’un contrôle en mars 1939, il fut emprisonné 6 mois, puis en août eut à choisir entre être interné dans une île ou être expulsé en Belgique. Il obtint alors le droit de résider à Anvers où, en mai 1940, lors de l’attaque de la Hollande et de la Belgique par les Allemands, il fut arrêté avec d’autres étrangers, puis le 10 mai expulsé en France où au déclenchement de la guerre il fut interné dans un camp du sud de la France (Saint-Cyprien et Gurs) en tant que « résident ennemi ». Puis il fut envoyé au camp de concentration du Vernet où il restait quatre mois avant d’être transféré à la prison de Castres, puis à celle de Vichy où les autorités de Vichy en mai 1942 le remettaient à la Gestapo. Transféré à la prison de la Santé, il était interrogé par la Gestapo puis, au bout de deux semaines, rapatrié à Kassel où il était violemment battu par l’agent de la Gestapo Hellwig.
Accusé de trahison, il était condamné le 6 novembre 1942 à six ans d’internement et incarcéré à Ziegenhain. Le 1er mars 1943 il était transféré à Hauberg et enrôlé dans un bataillon disciplinaire 999 formé essentiellement d’antifascistes qualifiés de « criminels ». Puis il était envoyé sur le front russe à Cherson sur le Dniepr où plusieurs membres du bataillon désertaient et se rendaient aux soviétiques. Les membres du bataillon étaient alors regroupés au camp de prisonniers de Nikolaieff puis rapatriés en Allemagne où ils subissainet un entrainement pour aller sur le front occidental. Le 25 mars 1945, Willi Paul parvenait à se rendre aux troupes américaines.
Entre temps, sa compagne avait été arrêtée en juin 1944 à Amsterdam avec Paul Brunn et condamnée à un an et demi de prison avant d’être internée au camp de concentration de Ravensbrück.
Libéré peu après par les Américains, Willi Paul regagnait Kassel où il trouvait un emploi de postier et participait à la reconstruction du mouvement libertaire, en particulier à la fondation de la Fédération Socialiste Libertaire.
Dans les années 1970 il collaborait à divers titres de la presse libertaire allemande (Neues Beginnen, Zeitgeist, Akratie) où, en particulier, il critiqua l’appui apporté par la Fraction Armée Rouge (RAF) aux mouvements nationalistes notamment palestiniens et insista sur le peu de rapport entre l’idéologie de la RAF et l’anarchisme.
En 1978, avec sa compagne et Fred Schroeder, il fit un voyage à Barcelone poir y assister à la renaissance de la CNT. Willi Paul décédait peu après le 27 avril 1979 //