Dictionnaire international des militants anarchistes
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Y’en a pas un sur cent… et pourtant des milliers d’hommes et de femmes de par le monde, souvent persécutés, embastillés, goulagisés et parfois au prix de leurs vies, ont poursuivi leur chevauchée anonyme à la recherche d’un impossible rêve : un monde sans dieux ni maîtres.

ORTIZ (SCHIROKY), Léon

Né le 18 novembre 1868 à Paris IV — Comptable — Paris — Cayenne
Article mis en ligne le 3 novembre 2008
dernière modification le 5 août 2024

par R.D.
Léon Ortiz

Léon Schiroky était le fils d’une Polonaise et était devenu Mexicain suite au mariage de sa mère avec un nommé Ortiz. Sous le nom de Schiroky il avait participé avec Charles Malato et Pausader Jacques Prolo à la fondation de La Révolution Cosmopolite (Paris, 4 numéros du 4 septembre au 2 octobre 1886, puis un numéro 5 sous forme de revue en 1887) qui sera rapidement poursuivie pour « excitation au meurtre et au pillage ». Il fut l’auteur dans la collection Bibliothèque révolutionnaire cosmopolite de la brochure « Les guerres de demain » qui était en vente au local du groupe Cosmopolite, 10 passage des Redonneaux. Il était signalé comme membre de la Ligue des antipatriotes. Il aurait également été membre à cette époque du groupe L’Egalité sociale aux cotés de Malato, Gouzien, Lucas et Thirion. Il fut ensuite membre aux cotés de C. Malato, Alain Gouzien, Émile Roland, Eugène Villaret, Paul Paillette et F. Lettry, du comité de rédaction de L’Esprit de révolte (Paris, un numéro unique multigraphié en juillet 1888) dont l’imprimeur-gérant était Alain Gouzien et collabora ultérieurement à l’organe anarchiste Tribune Libre (Londres, au moins 6 numéros en deux séries, du 15 novembre 1890 au 15 juillet 1891).

Il aurait été en relations avec Émile Henry auquel il aurait donné 100f pour fabriquer la bombe du café Terminus. Après l’attentat en février 1894 et l’arrestation d’Henry, et selon un rapport de police (rapport du 9 mai 1894) il serait allé avec Matha et Millet au domicile d’Henry pour y enlever tout matériel compromettant. Il aurait été à cette époque surnommé Trognon.

Pratiquant de la « reprise individuelle », il fut inculpé en août 1894 dans le procès des trente (théoriciens anarchistes et partisans de la reprise individuelle) et fut condamné à 15 ans de travaux forcés. Au bagne de Cayenne, il se retrancha rapidement de la communauté anarchiste et s’efforça de gagner les bonnes grâces de l’administration. Dans un brouillon de lettre adressée au procureur et trouvée par C. Duval, Ortiz écrivait : « Je suis disposé à faire n’importe quoi à condition qu’on me sépare de ces énergumènes sans foi, sans morale, ni repentir qui s’intitulent anarchistes ». Après que Duval eut empêché les autres compagnons de le lyncher, Ortiz fut transféré par l’administration pénitentiaire à l’Ile Royale au service des religieuses de l’hôpital (cf. Lard-Courtois). Sa peine sera ensuite commuée et il regagnera la France en 1898.

A propos de l’attentat au café Terminus, Clément Duval racontait dans ses souvenirs : « …Pendant ce temps Émile Henry, à Paris, faisait parler la dynamite. Et un crâneur idiot se faisait interviewer par des journalistes, se donnant comme étant Pini, sur le compte duquel tombèrent les attentats. Toute la presse parla tellement de Pini que l’administration s’en émut, et le gouverneur de Guyanne vin aux Iles pour s’assurer que Pini était bien là et non en France. C’est un nommé Placeau, qui, en 1898, me dit que c’était Ortiz qui avait joué ce tour en se faisant passer pour Pini. Est-ce vrai, cette version, je l’ignore ».


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