Henri Moray fut un militant socialiste puis anarchiste dans les Ardennes et en Belgique. Le 8 janvier 1888, il fut nommé secrétaire de la commission de propagande de la Fédération socialiste des Ardennes. La même année il participa à Sedan (Ardennes) à la rédaction du journal La Révolution de Baircry, qu’il diffusait depuis chez lui, 36 rue Bourbon. Il collaborait également au Coup de feu. Il adhéra au groupe anarchiste Les Sans-Patrie fondé à Charleville le 18 octobre 1891 à l’nitiative de N. Thomassin.
Comme une dizaine d’autres militants de Charleville et de Nouzon, Moray avait été poursuivi le 22 février 1892 pour « association de malfaiteurs » avant de bénéficier, comme ses camarades, d’un non-lieu le 11 avril suivant.
Lors d’une perquisition à son domicile, la police avait saisi des lettres du soldat Loriette adressées à sa fille et qui, après avoir subi des remontrances de son capitaine, avait décidé de déserter ; avec l’aide de Moray et de Mailfait il s’était ensuite réfugié chez le compagnon Leroux où lui avaient été fourni des vêtements civils et une somme pour gagner Charleville puis la Belgique. A Charleville il avait renoncé, s’était constitué prisonnier et avait dénoncé les compagnons qui l’avaient aidé. À la suite de la dénonciation de Loriette, que Les Sans-Patrie avait soutenu, Henri Moray — qui le 12 (ou le 30 ?) mars 1892, avec Leroux, Malfait et Tisseron, avait été condamné par défaut à 3 ans d’emprisonnement pour « excitation d’un soldat à la désertion » — s’était enfui en Belgique avec Paulin Mailfait et seul Leroux avait été arrêté.
Ils trouvèrent du travail dans une chaudronnerie de Frémale-Haute où ils étaient arrivés le 23 mars 1892 et logèrent dans un cabaret où se réunissaient les anarchistes. Arrêté puis relâché par la police belge à la suite des attentats de Liège, il se retrouva sans le sou, dût revenir en France et se constituer prisonnier à Virieux en août 1892. Il fit opposition au jugement, mais, atteint de fièvre typhoïde avait dû être hospitalisé jusqu’au 28 sepyembre. Le tribunal de Charleville le condamna le 6 octobre 1892 à 8 mois de prison. Il fut emprisonné à Charleville et Rethel. A l’expiration de sa peine, il fut expulsé vers la Belgique par arrêté du 29 mai 1893. Il rentra clandestinement en France où, en juin 1893, sous le nom de Henri Moreau il aurait travaillé comme terrassier à Paris, puis dans les Ardennes, hébergé en novembre 1893 par Adolphe (ou Jules ?) Balle et Romand à Hiraumont (Rocroi), il fut découvert et — après avoir été dénoncé par l’indicateur Henri Cornet (voir ce nom) — arrêté le 20 novembre 1893 lors d’une perquisition chez ces derniers et condamné le 20 décembre suivant à 2 mois de prison pour infraction à l’arrêté d’expulsion. Libéré de la prison de Rocroi le 22 janvier 1894, il fut reconduit à la frontière.
De retour en Belgique il collabora à plusieurs journaux dont l’organe socialiste La Bataille éditée à Namur en 1895-1902, puis à L’Insurgé publié à Herstel-Liège en 1903-1909. Il collabora également à La Misère parue à Paris en 1898 et à L’Union des travailleurs éditée à Charleroi (USA). La bibliothèque du journal La Bataille publia trois brochures de Moray intitulées Causeries libertaires.
En janvier 1895, alors qu’il était colporteur de journaux à Esneux (Belgique) au prétexte qu’il avait résidé en France plus de seize ans, qu’il y avait fait une demande de naturalisation, que deux de ses frères étaient à la Légion étrangère et que ses vieux parents y résidaient toujours « dans une situation déplorable », il avait demandé l’annulation de son arrêté d’expulsion, ce qui lui avait été refusé le 14 mars par le procureur général le considérant comme « un anarchiste dangereux ».
Les 7-8 avril 1901 il avait, semble-t-il, participer au congrès anarchiste tenu à Bruxelles auquel avaient assisté une trentaine de délégués dont Chapelier, Mestag et Peuchot. Il résidait à cette époque à Liège.
Lors de « l’enquête sur les tendances actuelles de l’anarchisme » lancée dans Le Libertaire par Jean Marestan, il avait répondu : « Mon idéal est une société où tous seraient garantis de la faim, de la soif, de la guerre, de l’ignorance par leur travail qui ne serait plus salarié comme il l’est aujourd’hui… La société de demain, fondée sur la solidarité de tous ses membres, doit être une société d’hommes conscients, respectueux de la vie, de la liberté d’autrui.… » Pour y parvenir il préconisait « La suppression de toute armée permanente ou non… faire reconnaître par chacun que les sexes sont égaux et que par conséquent la femme doit avoir ls même droits que l’homme… l’éducation en commun des filles et des garçons… combattre les Églises, le dogmes par tous les moyens susceptibles de terrasser les croyances puériles… par la propagande écrite et parlée… le groupement économique de tous les salariés… ma fondation de ligues pour la paix, le désarmement.… » (cf. Le Libertaire, 16 janvier 1904).