C’est sous l’influence de sa mère, d’origine italienne et ardente socialiste, que Émile Maurin aurait adhéré très tôt à un groupe de Carbonari marseillais avant de devenir très vite avec Alexandre Tressaud l’un des premiers militants anarchistes de Marseille. En 1881 il était membre du Club international avec entre autres Étienne Desnier, Mazade, Henry, Joseph Toche, Blanc, Cival et Moncada et fut condamné, le 2 juin, à 16 francs d’amende pour insultes à un gendarme lors d’un meeting tenu au Grand Bosquet.
En 1882 le Groupe international fut à l’initiative d’une tentative de formation d’une fédération anarchiste sur la région marseillaise et avait donné son adhésion au Manifeste révolutionnaire socialiste des groupes anarchistes de Paris.
En juin 1882, il fut condamné à Rome (Italie) à 3 mois de prison pour « port d’arme prohibée ».
Il entretenait à cette époque une correspondance suivie avec Toussaint Bordat de Lyon ce qui lui valut d’être impliqué le 8 janvier 1883 dans le procès des 66. Réfugié en Suisse il y fut condamné par défaut le 19 janvier à 5 ans de prison, 2000f d’amende et 10 ans de privation de droits civiques.
En 1890 il aurait été réformé à Aix.
Il resta à Genève jusqu’en 1886, puis rentra après l’amnistie de 1889 et s’installa à Grenoble où il prit le pseudonyme d’Élie Murmain. Il travailla alors comme photographe ambulant ce qui lui permit de se livrer à une active propagande. Le 19 février 1891, suite à un meeting où il avait pris la parole, il fut condamné une première fois à 2 mois de prison, puis sur appel du procureur par la cour d’assises de Grenoble, le 25 février, à 4 mois supplémentaires de prison et 16 francs d’amende pour « provocation au meurtre, pillage et incendie et excitation de soldats à la révolte ».
L’année suivante, Émile Maurin qui souffrait d’une forte myopie lui ayant valut le surnom L’Aveugle, partait pour Paris pour y soigner une cécité menaçante.
A Paris il participa à de nombreuses réunions de divers groupes anarchistes notamment le 2 juillet 1893, salle du commerce, où il préconisa la destruction de la propriété, puis en mars, salle Georget où il appela les anarchistes à pratiquer la propagande par le fait. Le 6 août lors d’une réunion du groupe des Ve et XIIIe arrondissements, il avait préconisé les actes individuels, glorifiant Pini et Duval et rendant hommage à Ravachol. Le 1er octobre, lors d’une réunion de la Ligue des anti-patriotes, il avait fait l’apologie de Pallas, puis le 22 octobre, à Puteaux avait appelé à « abattre cette vieille société par tous les moyens, par la dynamite, la mélinite ou toute autre chose d’analogue ». Le 25 décembre suivant, lors d’une réunion à la salle du Commerce, il avait loué le geste du jeune Léauthier (voir ce nom) « qui se venge ainsi des iniquités de la société de voleurs et de lâches“…
Le 1er janvier 1894 il avait été l’objet d’une perquisition qui n’avait donné aucun résultat.
Le 1er juillet 1894 il avait été mis en état d’arrestation à la suite d’une perquisition à son domicile, 14 rue Richelieu, où il demeurait dans une chambre du 5e étage avec sa compagne Eugénie Bourquin, et où la police avait saisis divers manuscrits de Maurin traitant d’anarchie. Lors de son interrogatoire il avait admis avoir « été autrefois partisan de la violence », et avait ajouté : « Je ne peux pas dire que je ne suis pas anarchiste, parce que je donne à ce mot une signification de liberté que généralement on ne lui attribue pas. Je n’accepte pas l’anarchie dans sa conception présente, c’est à dire dans l’emploi des moyens violents. Je fais de la philosophie humanitaire à laquelle je donne le nom d’anarchie faute d’autre appellation rendant ma pensée ». Poursuivi pour « association de malfaiteurs », il fut interné à Mazas avant d’être remis en liberté provisoire le 10 juillet.
Début septembre 1895 il revenait à Marseille avec sa compagne et bien qu’une note de police indique qu’il était « peu connu des compagnons, étant resté absent de Marseille pendant de longues années », il y participa à quelques réunions et prit la parole notamment aux cotés d’Octave Jahn et d’Augustin Marcellin. Toutefois il regagnait Grenoble semble-t-il dès la mi-septembre. Il collaborait à cette époque à Sur le trimard (Paris, juillet 1895-avril 1896, puis un numéro en février 1898) dont les responsables étaient Octave Veret et Émile Dodot, puis au titre qui lui succéda Le Trimard (Paris, au moins 7 numéros du 16 mars au 1er juin 1897) publié par Bontrond. Au début du siècle il collabora également au Libertaire et à L’Éducation Libertaire (Paris, au moins 9 numéros de juin 1900 à avril 1902) revue des Bibliothèques d’éducation libertaire dont les responsables étaient C. Papillon et René Barué ainsi, semble-t-il qu’à la nouvelle série de L’Homme libre (Paris, 1903-1904) publié par E. Girault.
En étroite relation avec David et Sorrel, les responsables libertaires, de la Bourse du travail de Grenoble, il fut le promoteur en 1907 d’une Université populaire qui, sous l’égide de l’union des syndicats, devint un centre de propagande libertaire. Il collabora à cette époque à la revue Les Cahiers de l’Université populaire (Paris, au moins 23 numéros de janvier 1906 à novembre 1907) dont le rédacteur principal était Henri Dagan. Malgré sa cécité, il participât à toutes les luttes ouvrières et était considéré comme « un des éléments antimilitaristes les plus dangereux ».
Fin 1903, dans le journal L’Œuvre nouvelle (cf. n°s 9 et 10, décembre 1903-janvier 1904), dans un article intitulé « L’évolution de l’anarchisme », il évoqua le temps où Pierre Kropotkine affirmait au Procès de Lyon, en janvier 1883 : « Avant dix ans, la révolution sociale éclatera » ; et il commentait : « Cette déclaration de Kropotkine était considérée par beaucoup de compagnons comme trop réservée. J’étais de ceux qui croyaient à la subite, à l’immédiate catastrophe. Effet de jeunesse, dira-t-on. Ceux qui, à une rumeur lointaine au milieu de la nuit, couraient à leur fenêtre, pensant que c’était le peuple qui se révoltait, peuvent dire ce que fut notre espérance ».
A l’été 1910 il donnait des causeries au profit de « l’Université sociale » qui venait d’être fondée.
Fin juin 1911 il fit partie avec P. Monatte, Sylvaire, Lentz, Pierre Martin, Guichard et Cuisse d’un jury d’honneur devant statuer sur le cas de Dudragne et Bled Bonnet accusés d’être des mouchards et sur des faits reprochés à Cagnoli, Boulanger et Kilbatchiche.
Émile Maurin Élie Murmain est décédé à Paris le 21(?) mars 1913.