Dictionnaire international des militants anarchistes
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Y’en a pas un sur cent… et pourtant des milliers d’hommes et de femmes de par le monde, souvent persécutés, embastillés, goulagisés et parfois au prix de leurs vies, ont poursuivi leur chevauchée anonyme à la recherche d’un impossible rêve : un monde sans dieux ni maîtres.

MARTIN, René Louis

Né à Saint-Servan-sur-Mer (Ille-et-Vilaine) le 4 octobre 1887 — mort le 13 décembre 1964 — Ouvrier à l’arsenal ; docker ; marchand ambulant — UA — UAC — SIA — CGT — CGTU — Brest (Finistère) — Asnières (Hauts-de-Seine)
Article mis en ligne le 2 juillet 2008
dernière modification le 8 août 2024

par R.D.

Fils d’un marin et réformé à la suite de la première guerre mondiale, René Martin, qui résidait 35 rue Turenne, travaillait à l’arsenal de Brest où dès le début des années 1910 il était membre du Comité de défense sociale (CDS) dont les responsables étaient Jules Le Gall et Louis Bidan.

Le 9 avril 1920 il avait été élu au bureau de l’union départementale CGT lors du congrès régional tenu à Carhaix-Plouguer et le 15 octobre avait été élu administrateur de la Maison du peuple dont la commission administrative comptait alors 7 anarchistes sur 19 membres. Adhérent des jeunesses syndicalistes et du groupe libertaire reconstitué en janvier 1921 par J. Le Gall et qui se réunissait à l’ancienne bourse du travail (14 rue Guyot), adhéra, après le congrès régional tenu à Landernau en avril 1922 à la CGTU dont il devint le secrétaire de l’union locale. Dans le premier numéro du Syndicaliste du Finistère (août 1922), il justifia son adhésion par la trahison de la majorité confédérale de la CGT pendant la guerre et rappela que « Les partis politiques, communistes ou autres, doivent foutre la paix au syndicalisme ». Cette même année 1922, et suite à la parution d’un article collectif intitulé « Plus que jamais vive Cottin » paru dans le numéro d’août il fut condamné à l’automne à trois mois de prison avec Pierre Gouzien (secrétaire de la bourse du travail), Louis Marchand (secrétaire adjoint de l’UD) et Pierre Camblan (trésorier de l’UD). Le 27 mai 1923 il fut avec Gouzien et Quemerais l’un des délégués anarchistes au congrès de fondation de l’Union régionale unitaire (URU) dont Quelerais sera nommé secrétaire. Les 22-23 juillet 1923, avec Texier et Tircor, au Comité confédéral national de la CGTU, il dénonça le rôle des Commissions syndicales obligeant tout syndiqué du parti communiste à appliquer la ligne du parti.

Il était également membre du Comité de défense sociale et en 1921 secrétaire du Comité Sacco-Vanzetti au nom duquel, le 19 octobre 1921 il organisa un meeting de solidarité où prirent la parole Fister de l’union anarchiste et J. Le Gall du groupe de Brest et à l’issue duquel, un cortège se forma, se dirigea vers le Consulat des États-Unis dont les vitres furent brisées à coups de pierres.

Á l’été 1922, lors d’un meeting de soutien aux grèvistes du Havre, il vait déclaré : « Dans l’avenir, il faudra pouvoir descendre autant de policiers et de gendarmes qu’il y aura de victimes ouvrières ». Cette même année il participa avec entre autres L. Guérineau, C. Journet, Boudoux et G. Bastien à l’enquête sur “le fonctionnarisme syndical” publiée par La Revue anarchiste de Sébastien Faure. Le 1er octobre 1922 il fut inscrit au Carnet B du département.

Le 6 juillet 1923 il participait à la fondation du Comité de vigilance et d’action contre les menées fascistes d’Action française et autres groupes réactionnaires, comité où il représentait la CGTU et dont le bureau était formé de 6 anarchistes et 4 communistes. Il semble qu’à l’époque il ait été le secrétaire du syndicat unitaire du bâtiment et diffusait le quotidien Le Libertaire, auquel il collaborait, avec une carte de colporteur. En novembre 1923 il participait au 2e congrès national CGTU tenu à Bourges, congrès qui vit la victoire du parti communiste. Au congrès de 1924, après s’être opposé vainement à la prise en main de l’organisation syndicale par le parti communiste, il quittait la CGTU et adhérait à l’autonomie. Secrétaire de la Bourse du travail autonome de Brest, il fut perquisitionné à de nombreuses reprises en particulier en juillet 1925 où la police saisit de nombreux journaux et tracts. Puis, en 1927, il réintégrait la CGT.
Les 30 octobre-1er novembre 1927, il fut le délégué de Brest au congrès de l’UAC à Paris, un congrès de scission après lequel fut formé l’Alliance des fédéralistes anarchistes autour de Sébastien Faure.

Secrétaire à partir de l’été 1926 du groupe anarchiste de Brest et partisan de la Plate forme dite d’Archinov, il fut l’un des rédacteurs et l’administrateur du journal Le Flambeau (Brest, 80 numéros du 1er juin 1927 au 5 juin 1934) dont le gérant était J. Treguer et qui en 1929 tirait à 3.500 exemplaires et comptait 400 abonnés. Le 9 mars 1928, suite à l’article “Le livre d’Or des curés” (dénonçant notamment la pédophilie dans l’Église) paru dans le journal et sur plainte de l’évèque, il fut condamné par défaut par le Tribunal correctionnel de Brest à 100 f d’amende et à 3000f de dommages et intêrets (peine confirmée le 9 mars 1928) qu’il ne put payer et fut emprisonné à l’été 1928 au nom de la contrainte par corps. Depuis la prison il refusa que ses compagnons du CDS se cotisent pour payer les domages et intêrets. Suite à la mobilisation du CDS de Brest, il fut finalement libéré le 4 décembre 1928. Puis il fut le responsable de l’édition de l’ouest de Terre libre (Brest, 1934) et collabora aux éditions parisiennes (1936-1937) publiées par Marchal et Planche et nîmoises (1937-1939) publiées par A. Prudhommeaux.

Les 19-21 avril 1930 il fut le délégué de Brest au congrès de Paris de l’UACR.

Les 17-18 octobre 1931 il fut le délégué de Brest au congrès de l’Union Anarchiste à Toulouse où il fut chargé du copte rendu des séances, et participa également au congrès tenu à Paris les 29, 30 octobre et 1er novembre 1937. Il collabora pendant toute la décade des années 1930 à l’organe de l’UA Le Libertaire ainsi qu’à l’organe pacifiste La patrie humaine (Paris, 1931-1939). Il demeurait alors 6 rue Pierre Curie à Brest, figurait sur l’État des anarchistes du Finistère et était inscrit au Carnet B.

Le 18 octobre 1936, devant environ 400 personnes, il avait présidé avec comme assesseurs Lochu, Goavec et Le Borgne, la réunion tenue à la salle Pelloutier de la Maison du Peuple par Monclin de La Patrie humaine et de retour d’Espagne.

Pendant la guerre d’Espagne il fut responsable avec R. Lochu du Comité pour l’Espagne libre puis de la Solidarité Internationale Antifasciste (SIA) de Brest. En 1937 il accompagna P. Odéon à la Colonie Ascaso de Llansa, visite à la suite de laquelle il écrivit l’article Sauvez les gosses paru dans Le Libertaire du 18 mars 1937. Le 23 janvier 1938, la police avait signalé qu’à bord de 4 voitures portant des panneaux de la SIA et du Comité Espagne Libre, une douzaine de personnes — dont Anatole Goavec, René Martin et René Lochu — avaient sillonné les rues de la ville pour y quêter en faveur de l’Espagne antifasciste.

En 1940 il quittait Brest et s’installait à Asnières où il rejoignit sans doute sa fille qui en 1937 avait épousé Maurice Laisant.

Selon J. Maitron, René Martin aurait pendant la seconde guerre mondiale rejoint Jacques Doriot et son groupe fasciste le Parti populaire Français (PPF).

René Martin est décédé à Joinville-le-Pont, le 13 décembre 1964.

Oeuvre : — Retour des bancs (pièce, 1927).


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