Antonin Lion, couramment appelé Henri, avec son frère Raoul, avait repris l’imprimerie fondée par leur père, Jean-Louis, au 5 rue Saint-Étienne (aujourd’hui rue Croix-Baragnon) à Toulouse. Ils imprimèrent entre les deux guerres de nombreuses affiches, tracts et journaux du mouvement libertaire et anarcho-syndicaliste.
Dès la fin de la guerre d’Espagne, ils furent en contact avec le réseau monté par le militant libertaire espagnol Francisco Ponzan Vidal : c’est eux qui en mai 1940 imprimèrent en espagnol un Manifeste de l’Alliance Democratique Espagnole (ADE) appelant à la neutralité de l’Espagne dans le conflit mondial. Ce manifeste introduit clandestinement en Espagne par le réseau Ponzan, vaudra à plusieurs de ses militants, dont Agustin Remiro Manero, d’être exécutés par les franquistes.
Pendant l’occupation, les frères Henri et Raoul Lion mirent très vite leur imprimerie au service de la résistance — en particulier le réseau Combat — et imprimèrent de nombreux tracts, affiches et faux papiers pour les personnes recherchées par la police et la Gestapo. Ils permirent également au militant libertaire espagnol José Ester Borras d’obtenir les papiers nécessaires au bon fonctionnement de son groupe de résistance Liberté. En liaison avec Jean-René Saulière André Arru, qui avait créé à Marseille un petit groupe anarchiste international d’une dizaine de membres, ils imprimèrent clandestinement en 1943 la brochure « Les Coupables » (40 p., tirée à 1.000 exemplaires) et le journal La Raison (1 seul numéro, juin 1943, 12 p., tiré à 2.000 exemplaires) organe de la Fédération Internationale Syndicaliste Révolutionnaire (ces deux documents sont consultables au CIRA-Marseille). Ils avaient également imprimé à la même époque la première édition clandestine du livre de l’anarcho-syndicaliste Pierre Besnard « Pour assurer la paix : comment organiser le monde ». Les frères Lion possédaient alors deux imprimeries : celle de la rue Saint-Étienne et une autre 2 rue Romiguières.
Perquisitionné à deux reprises par la police qui ne trouva rien, les frères Lion tombèrent finalement suite à un piège monté par la Gestapo avec la complicité d’un jeune collaborateur français. Le 5 février 1944 les frères Raoul et Henri Lion, ainsi qu’Amélie son épouse, et l’ensemble du personnel, dont un jeune apprenti de 17 ans, le futur secrétaire général de la CGT, Georges Séguy, étaient arrêtés dans les locaux de la rue Saint-Étienne. En quelques jours une quarantaine de personnes tombaient dans la souricière, dont l’instituteur Maurice Fonvieille responsable régional des maquis du mouvement Libérer et Fédérer et Raymond Naves responsable du Comité d’Action Socialiste (CAS) clandestin.
Emprisonnés à la prison Saint-Michel, les prévenus furent interrogés au siège de la Gestapo, rue Maignac (aujourd’hui rue des Martyrs de la Libération), où Henri fut sévèrement frappé. Le 24 février il fut transféré avec son frère et ses employés à Paris. Le 22 Mars 1944 Henri Lion fut déporté avec son frère de Compiègne au camp de concentration de Mauthausen. Envoyé à Gusen, il fut gazé à Hartheim le 21 septembre 1944.
Une place de Toulouse (anciennement place Dupuy) fut rebaptisée place des Frères Lion à la libération.