Dictionnaire international des militants anarchistes
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GOBBI, Torquato
Né à Pieve Rossa di Bagnolo in Piano le 6 août 1888 – se suicide en mai 1963 -Ouvrier typographe et relieur ; libraire - UCAI –UAI - USI – Reggio Emilia – Paris – Bruxelles - Montevideo
Article mis en ligne le 3 septembre 2007
dernière modification le 14 septembre 2023

par R.D.
Torquato Gobbi

Torquato Gobbi avait commencé à militer très tôt au cercle Francisco Ferrer de Reggio Emilia. Sa participation aux grèves de l’automne 1911 contre l’envoi de troupes en Libye, lui avaient valu d’être inscrit sur l’état des anarchistes et d’être poursuivi en justice pour “distribution de manifestes antimilitaristes” et de brochures en soutien au soldat Masetti. Début 1914 il fut un des promoteurs d’une réunion en faveur de Masetti qui était alors interné à Reggio Emilia.

Militant de l’Union Syndicale Italienne (USI) il était membre de la tendance de Borghi opposée à la guerre face à celle, interventionniste, menée par Alceste De Ambris. Début 1915 il participait au congrès national anarchiste tenu à Pise pour mettre au point une stratégie d’opposition à la guerre. C’est vers cette même époque qu’il avait gagné aux idées libertaires Camillo Berneri, secrétaire de la jeunesse socialiste de Reggio Emilia. En juin 1916, lors du congrès semi clandestin tenu à Florence, il était élu aux cotés de T. Monticelli, P. Binazzi, Gregorio Benvenuti et V. S. Mazzoni au Comité d’Action anarchiste international (CAIA) chargé de coordonner la lutte contre la guerre en Italie et en liaison avec les compagnons étrangers. La propagande qu’il allait alors mener contre la guerre lui valait d’être poursuivi à plusieurs reprises en particulier en avril 1917 et en février 1918 où il était condamné à dix ans de réclusion.

Amnistié en mars 1919, il reprenait aussitôt son militantisme et au congrès de fondation de l’Union Communiste Anarchiste Italienne (UCAI) tenu à Florence était l’un des compagnons nommés à la tête de l’organisation. Après avoir été à plusieurs reprises menacé et agressé par les fascistes à Reggio Emilia et après avoir participé au 3e congrès de l’Union Anarchiste Italienne à Ancône en novembre 1921, il décidait d’émigrer en France.

En 1923 il était à Paris membre du groupe Gori avec entre autres Borghi, Angelo Diotallevi, Alberto Meschi et Enzo Fantozzi et participait à l’aventure des légions garibaldiennes de Ricciotti Garibaldi qui était en fait un agent provocateur au service de la police mussolinienne. En 1927, il était membre du groupe Pensiero e volontà et l’un des rédacteurs de son organe La Lotta umana (Paris, octobre 1927 à avril 1929) dirigé par Luigi Fabbri et dont le gérant était Séverin Férandel. Ouvrier depuis octobre 1924 à l’imprimerie Puyfourcat, 10 rue Rochechouart, il était convoqué le 10 septembre 1927 avec plusieurs autres compagnons, à la police où on lui demanda de s’engager à ne pas participer aux manifestations (notamment celles contre les exécutions de Sacco et Vanzetti). Il déclara ne pas vouloir signer “une déclaration aussi humiliante”. Quelques jours plus tard, deux agents de la Sureté, lui demandant des informations sur le mouvement anarchiste, il leur fit part de son indignation, ajoutant que " il n’y avait pas d’or pour acheter sa conscience” (cf. Le Libertaire, 30 septembre 1927).
Expulsé le 16 septembre 1927 avec la plupart des rédacteurs – Fabbri, Fedeli, Berneri -, il allait alors à Bruxelles où il travaillait dans une usine de boutons et continuait sa collaboration au journal.

Expulsé de Belgique en 1929, malgré l’intervention de la ligue italienne des droits de l’homme, il partait alors d’Europe pour rejoindre Luigi Fabbri à Montevideo. Il allait y participer à la rédaction de la revue Studi sociali (Montevideo - Buenos Aires, 40 numéros du 16 mars 1930 au 15 mai 1935) dirigée par Luigi et Luce Fabbri. Puis au cours des années 1930 il évoluait vers un socialisme réformiste d’essence libertaire. Pendant la seconde guerre mondiale il allait devenir le président du Comité de Montevideo de l’association Italia Libera et organiser de nombreuses manifestations contre le fascisme et les puissances de l’axe. Après la guerre, il restait en Uruguay où il ouvrait une librairie et fondait la maison d’édition Libreria Italiana. Ruiné par une dévaluation au début des années 1960, Torquato Gobbi, démoralisé, se suicidait en mai 1963.


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