Né dans une famille ouvrière, Juan Garcia Oliver avait commencé à travailler dès l’âge de 11 ans d’abord chez un marchand de vins, puis comme apprenti cuisinier et enfin comme garçon de café. En 1917 il était à Barcelone où en 1919 il adhérait à la société des garçons de café L’Allianza. Il était à l’époque membre du groupe anarchiste Regeneración — avec entre autres Rico, Bover, Roma, Pons et Alberich — dont il était le délégué à la fédération locale des groupes anarchistes appelée Bandera Negra. Après avoir été emprisonné à la suite d’une grève, la CNT l’envoyait à Reus pour y organiser le syndicat. Avec l’appui des groupes d’action il syndiquait un grand nombre d’ouvriers de la région et en 1921 était le responsable du Comité provincial de Tarragone et un des responsables du groupe affinitaire Crisol qui en 1922 fusionnera avec le groupe Los Justicieros de Sarragosse pour donner naissance en octobre, lors d’un congrès clandestin à San Andrés de LLavaneras, au fameux groupe d’action Los Solidarios — dont étaient entre autres membres B. Durruti, F. Ascaso, Torres Escartin, Aurelio Fernandez, Suberviola, Ricardo Sanz et Miguel Garcia Vivancos — qui allait s’opposer les armes à la main aux tueurs du syndicat libre et à leurs inspirateurs.
Le 6 avril 1924 à Manresa il participait avec F. Ascaso à un attentat contre Laguia, un des pistoleros responsables d’un attentat contre le leader cénétiste A. Pestaña. Après avoir participé à un plenum à Sabadell en mai 1924, il était arrêté et emprisonné une année. A sa libération de prison, il passait en France où il travaillait comme ouvrier vernisseur et où avec les autres membres du groupe Solidarios il préparait un attentat contre Mussolini (projet abandonné suite au retrait des militants italiens) puis à un attentat contre le roi Alphonse XIII, ce qui l’obligeait à se cacher avec l’aide d’Aurelio Fernandez et de Manuel Pérez. Puis il passait en Belgique avec Aurelio Fernandez. En 1926, il participait au congrès anarchiste tenu à Marseille mais quittait le congrès après que celui-ci ait refusé une proposition d’alliance avec le catalaniste Macia.
Rentré en Espagne il était arrêté en Navarre fin 1926 et condamné en décembre 1928 à dix ans d’emprisonnement. Libéré par l’amnistie suivant la proclamation de la République en 1931, il participait comme délégué d’Alforja au 3e congrès de la CNT tenu à Madrid du 10 au 16 juillet 1931 (Congrès du Conservatorio) où il s’opposait aux partisans de la tendance trentiste et à l’organisation de la CNT en fédérations d’industrie. Secrétaire de la Fédération Anarchiste Ibérique et qualifié « d’anarcho bolchévique », il allait alors mettre en pratique sa théorie de « La gymnastique révolutionnaire » en favorisant et préaparant le mouvement insurectionnel de janvier 1933. Il était également rédacteur du journal CNT (jusqu’à son interdiction en 1934) et membre des cadres de défense de Barcelone. Délégué au congrès de Saragosse il y exposait ses thèses sur l’unité syndicale et sur le communisme libertaire.
Lors du soulèvement militaire de juillet 1936, il allait jouer un rôle déterminant dans l’écrasement de la rebellion à Barcelone. Lors du plenum régional du 21 juillet, il y défendait en vain la thèse de la prise totale du pouvoir par les anarchistes et était nommé responsable des opérations militaires avec B. Durruti et Asens au Comité central des milices antifascistes. Responsable de la formation des cadres militaires, il organisait la colonne Los Aguiluchos de la FAI et l’École populaire de guerre où devaient être formés des officiers d’origine ouvrière. Opposé à l’entrée de la CNT au gouvernement central, il appliquait toutefois les décisions de l’organisation et en novembre 1936 était nommé ministre de la Justice. En juin 1937 il fut responsable des services publiques de la Généralité. En avril 1938 il fut l’un des fondateurs d’un discutable Comité exécutif CNT-FAI-FIJL.
Passé en France lors de la Retirada en janvier 1939, il y fut membre du Conseil général du MLE. Par lettre du Ministére de l’intérieur datée du 18 mars 1939, comme 28 autres militants anarchistes espagnols, il avait bénéficié d’un sursis d’un mois (jusqu’au 31 mars) pour une autorisation à résider à Paris ou dans le département de la Seine. Il résidait alors 18 rue de Berne. La police notait qu’il avait été « L’organisateur d’actes de terrorisme » et que durant la guerre civile il s’était distingué « par ses instinct criminels et occupé la charge de ministre de la Justice ».
Puis avec l’aide de l’organisation anarcho-syndicaliste suédoise SAC, parvenait à gagner la Suède où il allait rester 18 mois et entretenir une importante correspondance –en particulier avec Jover, Domenech et Vivancos—dans l’intention de former un parti, le Partido Obrero del Trabajo (POT), projet qui sera rapidement abandonné. En 1941 il émigrait au Mexique où il allait être nommé en 1942 secrétaire du Comité régional catalan de la CNT en exil où il allait défendre une ligne d’unité républicaine et se montrer partisan de l’entrée de la CNT au gouvernement républicain de Giral, ce qui entrainera la scission de la CNT exilée au Mexique.
Après la réunification de la CNT en 1960, il revenait en Europe et appartint brièvement à l’organisme Defensa Interior (DI) chargé de la lutte armée à l’intérieur de l’Espagne avant de retourner au Mexique. Après la mort de Franco, il refusera de toucher sa pension d’ancien ministre tant qu’in ne lui pairait pas « les arriérés ».
Juan Garcia Oliver qui a collaboré à pratiquement tous les titres de la presse libertaire de l’exil est mort à Guadalajara (Mexico) le 17 juillet 1980.
Œuvres : — El facismo internacional y la guerra antifascista española (Barcelone, 1937) ; — Mi gestion al frente del ministerio de justicia (Valence, 1937) ; — El eco de los pasos (autobiographie, Barcelone, 1978).
Un numéro monographique de la revue A contre temps est consacré à Juan Garcia Oliver