Luigi Galleani, qui avait commencé très jeune à s’intéresser à la politique, s’était inscrit en 1881 à la faculté de droit de Turin. De tendance plutôt républicaine et garibaldienne, il collaborait à cette époque au journal démocrate L’Operaio (Vercelli). Puis il évoluait vers l’anarchisme, fondait le journal La Boje (Vercelli, 2 numéros, 25 mai & 4 juin 1885) et collaborait à La Questione sociale (Turin). Après avoir rompu avec sa famille, il dirigeait une ligue de travailleurs à Vercelli et organisait un grand nombre de conférences dans diverses villes du Piémont. En 1887-88 il était un des animateurs de la feuille anarcho-socialiste La Gazetta operaiai (Turin, 4 juin 1887 au 17 mars 1888) — puis La Nuova gazetta operaiai (31 mars 1888 au 8 septembre 1889). Il participait au 3e congrès du Parti Ouvrier Italien (POI) à Pavie et collaborait à son organe Fascio operaio. Lors du 4e congrès ouvrier tenu à Bologne en septembre 1888 il avait tenté en vain de faire adopter une ligne révolutionnaire et abstentionniste.
Après l’importante agitation et les grèves de 1889 où il avait été très actif et était recherché, il s’était exilé en Suisse puis en France où il allait rencontrer plusieurs théoriciens de l’anarchisme dont Élisée Reclus. Arrêté et emprisonné quatre mois suite à ses activités en France et objet d’un arrêté d’expulsion en date du 28 mai 1890, il avait été libéré sur l’intervention du socialiste Alexandre Millerand sollicité par Amilcare Cipriani. Retourné en Suisse en octobre 1890, il participait à Genève aux activités du groupe international animé notamment par Ardaine et L. Weill et fut arrêté le 11 novembre avec entre autres Paul Bernard et H. Rovigo, pour avoir distribué le placard anarchiste en trois langues Souvenons nous rappelant le martyr des anarchistes de Chicago (voir Pietraroja) et qui lui valut d’être expulsé de Suisse le 15 décembre suivant. Remis aux autorités italiennes le 17 décembre et écroué à la prison de Cône, il bénéficiait aussitôt d’une loi d’amnistie.
En janvier 1891 il participait au congrès de Capolago où il appuyait E. Malatesta dans sa proposition de constituer une véritable organisation anarchiste au niveau national. En avril, à la conférence internationale pour le droit des travailleurs à Milan, il fit un vibrant discours contre les tendances légalistes du mouvement ouvrier et présenta un ordre du jour en faveur de l’organisation de manifestations pour le 1er mai. Luigi Galleani participait ensuite comme délégué au congrès de l’Association Internationale des Travailleurs (AIT) à Genève en août 1892. Fin 1892 début 1893, il était impliqué dans le procès « pour association de malfaiteurs » à Genes avec 35 autres anarchistes et était condamné en juin à trois ans de détention. Emprisonné à Parme, il était ensuite assigné à résidence dans l’île de Pantelleria. C’est là qu’il y rencontrera sa compagne Maria Rallo, future mère de ses deux enfants. Fin 1897, après qu’il ait fondé à Pantelleria une “école libre pour les jeunes garçons”, il fut transféré dans l’ile de Favignana puis à Ustica.
Il participait au numéro unique du journal I Morti (Ancône, novembre 1899) dont le gérant était Alfredo Lazzari et où il repoussait la proposition d’un député socialiste de présenter aux élections plusieurs des emprisonnés anarchistes pour obtenir leur libération.
A la fin de l’année 1899, avec l’aide de compagnons, il parvenait à s’évader, à gagner la Tunisie puis Malte d’où sous la fausse identité de Antonio Valenza il gagnait l’Égypte, d’abord à Alexandrie puis au Caire d’où il reprenait contact avec le mouvement libertaire européen. Après l’attentat commis par Bresci contre le roi Umberto en 1900, il était arrêté mais n’était pas extradé. Il gagnait alors Londres d’où en octobre 1901 il s’embarquait pour les États-Unis.
Dès son arrivée il remplaçait G. Ciancabilla à la direction du journal La Questione sociale (Patterson, 15 juillet 1895 au 21 mars 1908) où il allait devenir l’un des représentants les plus intransigeants de la tendance anti organisationnelle du mouvement libertaire. Il était en juin 1902 l’un des organisateurs de la grande grève des tisseurs de Patterson au cours de laquelle il fut blessé d’un coup de revolver qui lui avait percé la joue et d’un coup de sabre qui l’avait blessé à la tête et après laquelle il dut fuir à Montreal au Canada pour échapper à l’arrestation. Revenu aux États-Unis sous le nom de Luigi Pimpino il s’établissait à Barre (Vermont) et commençait à publier un nouvel hebdomadaire de tendance anarchiste communiste Cronaca sovversiva (6 juin 1903 à mars 1919) qu’il allait animer pendant 15 ans avec notamment A. Cavalazzi.
Le 31 décembre 1906, il fut arrêté à Barre sous l’inculpation d’excitation des ouvriers à la révolte lors de la grande grève (avril-juin 1902) des ouvriers tisseurs et teinturiers de Patterson.
Pendant la première guerre mondiale il s’y prononcera contre les anarchistes interventionnistes et organisera un grand nombre de réunions contre la guerre et la conscription obligatoire. Après la suspension du journal — suite à une loi d’octobre 1917 obligeant tous les journaux étrangers à fournir la traduction des articles sur la guerre — et l’édition de quelques numéros clandestins, il était arrêté et extradé le 26 juin 1919 vers l’Italie où il arrivait à Gênes en juillet.
Il s’établissait alors à Turin où il reprenait avec Raffeale Schiavina, qui avait été expulsé avec lui des États-Unis, l’édition de Cronaca sovversiva (Turin, 19 numéros du 17 janvier au 2 octobre 1920), et de A Stormo ! (Turin, 18 numéros du 17 janvier au 28 août 1920) dont le gérant était Pietro Rayneri. Ce dernier titre était un tirage à part de Cronaca, tiré à 4.000 exemplaires et destiné à être envoyé aux États-Unis. Mais Galleani était rapidement l’objet de poursuites. Le 28 octobre 1922 il était condamné par les assises de Turin à 14 mois de prison pour « délit de presse » (provocation de militaires à la désobéissance).
Libéré en janvier 1924 avec une santé bien délabrée, il continuait d’être étroitement surveillé par la police et ne se sentait pas la force de passer en France comme plusieurs compagnons le lui avaient proposé. Après l’attentat commis par Anteo Zamboni en novembre 1926 contre Mussolini, il était arrêté et envoyé au confinat pour trois ans. C’est au confinat des îles Lipari qu’il était à nouveau condamné à neuf mois de réclusion pour “insulte au Duce”. Libéré en février 1930, il était recueilli chez les compagnons Pasquale et Zelmira Binazzi à Caprigliola (province de Carrare) où il continuait d’être étroitement surveillé et harcelé jusqu’à son décès le 4 novembre 1931.
Un numéro unique de Cronaca sovversiva sera publié en novembre 1933 par le groupe anarchiste « I Liberi » de New London (Connecticut) sera édité pour le deuxième anniversaire de sa disparition.
Œuvres : — La fine dell’anarchismo : — Faccio a faccio : l’enemico ; — Contro la guerra, contro la pace, por la rivoluzione sociale ; — Figure e figuri ; — Ameliti e singuelti ;