C’est dans sa région de naissance que Robert François, dès l’adolescence, avait rejoint le mouvement libertaire et dès l’âge de 18 ans s’était fait stérilisé par les compagnons de Bordeaux (affaire Bartosek). Il apprit à cette époque le métier de coiffeur qu’il allait exercer de nombreuses années. Pendant la Seconde Guerre mondiale il rendit visite à Royan à Sébastien Faure qui lui fit part, au cas d’une réédition de La Douleur universelle, de modifier tout le chapitre ayant trait au néo-malthusianisme.
A la Libération il établissait des contacts avec les noyaux anarchistes des villes de son département et organisa de nombreuses conférences à L’Oratoire (une église désaffectée) tant de la Fédération anarchiste, que de la Libre Pensée ou du groupe éditeur du journal Ce Qu’il faut dire publié par Louis Louvet et Simone Larcher. Il fut vers 1946 l’organisateur de la tournée dans le sud-ouest de l’auteur compositeur et interpète Raymond Asso
Puis Robert François montait à Paris où il s’intégrait à la Fédération anarchiste. Après avoir exercé comme coiffeur dans la capitale il s’initia à la prestidigitation et sous le nom de Mystag allait devenir un illusioniste de talent, mettant ses connaissances dans ce domaine au service de la raison et dénonçant les impostures et les procédés des mages et autres fakirs prétendant à des “dons transcendantaux”.
Collaborateur du Libertaire, Robert François, qui demeurait 52bis rue des Abesses (Paris 18e), collaborait ensuite au bulletin L’Entente anarchiste (Le Mans, 5 numéros du 30 octobre 1952 au 8 février 1953) publié par Raymond Beaulaton, Jean Perrin et André Prudhommeaux et regroupant les opposants à la ligne imposée par Georges Fontenis au sein de la Fédération Anarchiste puis de la Fédération Communiste Libertaire. Il participait ensuite à la reconstruction de la FA autour de Maurice Joyeux et était chargé du suivi des communiqués et annonces à la rédaction du Monde libertaire (n°1, octobre 1954) ; lors du congrès de reconstitution tenu à Paris les 25-27 décembre 1953, il avait été nommé secrétaire aux relations intérieures aux cotés de Pierrette Martinez (Secrétaire générale), Maurice Laisant (relations extérieures) et André Prudhommeaux (relations internationales).
A l’automne 1952 il fut membre avec entre autres P.V. Berthier du Centre de recherches philosociales qui chaque samedi organisait des débats à la salle des sociétés savantes (conférences Défense de l’homme). Il fut également à l’origine de l’édition en fascicules de L’Église devant ses juges de Han Ryner et participa à l’organisation de plusieurs galas et meetings pour diverses organisations libertaires ou proches et notamment à un gala de magie au profit du journal Liberté de Louis Lecoin. En collaboration avec Charles-Auguste Bontemps et Alain Sergent il fut l’auteur d’un peti fascicule ronéoté L’anarchisme et la science (1965, 14 p.).
Suite à l’exclusion de la Fédération anarchiste de Maurice Laisant, Robert François fut nommé secrétaire aux relations extérieures lors du congrès de fondation autour de ce dernier de l’Union des Anarchistes les 17-18 novembre 1979. Il résidait alors 31 rue des Prairies (XXe arrr.).
Robert François, qui était également membre de La Libre pensée, de l’Union rationaliste, de l’Union pacifiste, des Amis de Han Ryner et du Mouvement d’autogestion distributive, est décédé le 22 août 1988 à Puy-du-Lac dans un accident d’automobile.
Patrick Pecherot, à propos de son roman Belleville-Barcelone, évoquait Robert François en ces termes : « Tous les personnages d’un récit n’empruntent pas au souvenir. Ainsi, je n’ai jamais connu, de près ou de loin, de croque-mort fakir. J’en ai inventé un pour Belleville-Barcelone parce que l’idée me semblait propice à des situations intéressantes. Pour autant, la naissance de Corback a son histoire. Il y a plusieurs années, lors d’une visite au musée de la magie, à Blois, j’avais flashé sur des objets d’une grande intensité poétique. Parmi eux, une affiche représentait un illusionniste que j’avais connu jadis dans les cercles libertaires. Mystag le magicien. Un personnage hors du commun qu’on peut d’ailleurs voir dans Daguerréotypes, le film d’Agnès Varda. Anar, libre penseur, il pratiquait les grands tours de la prestidigitation (la malle des indes, la femme coupée en morceaux) en les démystifiant. L’affiche exposée à Blois, et qu’il utilisait pour annoncer ses spectacles, le représentait entouré de flammes. En la revoyant un détail terrible m’est revenu. Mystag avait trouvé la mort dans un accident de la route au cours duquel sa voiture avait pris feu. Subitement, les flammes de l’affiche revêtaient une signification particulière, prémonitoire. Je ne sais pas ce qu’aurait pensé André Breton de ce hasard objectif. Mais à ce moment précis, j’ai décidé qu’un illusionniste prendrait place dans un de mes romans. »
Œuvre : — Vérités et mensonges de la magie (Ed. de l’auteur, 1976).