Jan Pellering était le fils d’un militaire de carrière qui participa à la révolution belge en 1830 et reçut par la suite une décoration.
Jan lui-même s’était d’abord engagé dans l’émancipation sociale flamande.
Entre 1836 et 1840, il soutint Jacob Kats dans l’organisation de réunions populaires flamandes dans divers cafés de Bruxelles.
En 1840, il fut arrêté parce qu’il était soupçonné de rébellion contre la police. Dans des textes, il aurait incité à la révolte et, concrètement, il aurait été accusé d’avoir poignardé un policier lors d’une manifestation. Cependant, faute de preuves, il avait dû être libéré après cinq semaines de détention provisoire.
Pellering revint sur le devant de la scène en 1843 dans la Société populaire d’Agneessens, où des sujets plus sociaux et politiques étaient abordés. Il pensait alors que des changements sociaux immédiats pourraient améliorer le sort de l’homme ordinaire. En ce sens, il avait défendu le suffrage universel, les impôts progressifs et la gratuité de l’enseignement public. Cependant, selon lui, il ne fallait pas attendre grand-chose de la bonne volonté des plus riches. « Seul l’acte, l’acte impitoyable peut aider […] ce qui est un droit est pris ! »
Par exemple, lui et plusieurs autres avaient organisé une marche de la faim à Bruxelles en 1846.
Il avait dû comparaître à nouveau devant le tribunal.
Il faisait également partie du parti lors de l’agitation républicaine de 1848. Il exigea l’abdication du roi Léopold Ier et la mise en place d’un gouvernement provisoire comme en France. Cela lui avait coûté une condamnation et six mois d’emprisonnement effectif.
Dès lors, Pellering évolua de plus en plus dans une direction révolutionnaire. Puisque les travailleurs ne devaient compter que sur eux-mêmes, pour lui le seul moyen d’action viable devenait une révolution violente majeure. Il s’éloigna des organisations à vocation philanthropique ou coopérative et s’associa désormais à des hommes comme Nicolas Coulon — son éternel soutien — et Arnold Bataille.
En 1854, il cofonda le Cercle des libres penseurs L’Affranchissement, et il considérait ce groupe comme la phalange de la révolution à venir.
Mais Pellering n’avait pas encore perdu toute confiance dans la voie parlementaire. En 1858, la Société électorale des ouvriers fut fondée et une liste ouvrière fut présentée pour les élections législatives. Pellering était le chef du parti.
Par la suite, surtout après 1865, il devint partisan de Proudhon et plus tard de Bakounine.
Son biographe, Julien Kuypers, dit de lui et de Coulon que leurs parcours étaient à peu près parallèles : « Ils ont suivi un chemin fier dans leur programme, anarchistes et blanquistes dans leurs parcours d’action ».
En d’autres termes, ils étaient devenus des « anarcho-collectivistes ».
À partir de janvier 1865, Pellering prit la direction du journal Le Prolétaire. Cet organe de presse avait voulu affirmer les positions inconciliables contre l’opportunisme du socialiste La Tribune du Peuple. Son principal adversaire était Désiré Brismée.
Il avait fondé un nouveau groupe de libres penseurs, Les Solidaires, en 1857 parce qu’il s’était heurté à la majorité des membres de L’Affranchissement.
À la fin des années 1860, Brismée, avec le soutien de César De Paepe, défendait un mouvement coopératif mettant l’accent sur la coopération entre coopératives de consommation et de production.
Pellering, qui avait déjà expérimenté les coopératives de production, et avait nié toute signification à de telles « solutions de contournement ».
Issu du Cercle Populaire, fondé en 1865, il s’en prenait à l’Association de la Démocratie Militante de Brismée. Il avait avancé des vues beaucoup plus radicales. Et lorsqu’en 1866 surgit un mouvement du côté libéral-progressiste qui fit campagne pour l’expansion du suffrage, Pellering fut l’un des opposants les plus farouches. Il y voyait une synthèse du mouvement ouvrier. Selon lui, seul le suffrage purement universel trouverait encore une satisfaction car cette émancipation politique favoriserait peut-être l’égalité sociale et économique. Et c’était, selon lui, ce qui comptait. Cependant, il n’avait pas plaidé en faveur d’améliorations sociales directes car, à son avis, elles ne nous rapprochaient pas de l’objectif final.
Pellering ne prit pas une part active aux activités de la Première Internationale (après 1867). Elle n’était pas assez révolutionnaire pour lui. Il avait milité dans une nouvelle section de Bruxelles ou Section des Affranchis, qui faisait office de groupe anarchiste. Des tentatives ultérieures furent faites pour établir une section anarchiste radicale au sein de l’Internationale.
Lorsque les délégués belges au Congrès international de La Haye en 1872 soutinrent Bakounine, ou du moins rejetèrent le pouvoir du Conseil central de Londres (Marx), cela fit le jeu des anarchistes belges. Dès lors, Pellering tentera de réintégrer l’Internationale, ce à quoi il réussit en 1874. A partir de mars 1874 il fut l’un des animateurs avec Léonard Dupaix et Nicolas Coulon du Cercle populaire radical des anarchistes.
Jusqu’à sa mort à Bruxelles le 1 janvier 1877, il resta fidèle aux principes anti-autoritaires.
Le 17 ai 1877, le compagnon Léonard Dupaix avait prononcé un éloge lors d’un hommage rendu devant la tombe de Jan Pellering.
Jan Pellering était marié à la couturière et brodeuse de lin Jacqueline Overcant et serait le père de Jean Joseph (Johann ?) fiché comme anarchiste en 1890