Dictionnaire international des militants anarchistes
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Y’en a pas un sur cent… et pourtant des milliers d’hommes et de femmes de par le monde, souvent persécutés, embastillés, goulagisés et parfois au prix de leurs vies, ont poursuivi leur chevauchée anonyme à la recherche d’un impossible rêve : un monde sans dieux ni maîtres.

BERTHIER, René

Né le 7 décembre 1946 à Shanghaï (Chine) — Correcteur — FA — CFDT — CGT — ASRAS — Paris
Article mis en ligne le 30 juillet 2021
dernière modification le 23 juillet 2024

par Hugues Lenoir, R.D.

René Berhierest le fils de Robert Berthier, né en 1893 à Saint-Malo, mort le 21 décembre 1946 à Shanghai, qui fut inspecteur principal dans la concession française de Shanghai de 1923 à 1940, et de Lucie Luciani, née en 1905 à Rome et décédée en 1992 en Normandie. Sa mère, d’abord « sans profession », fut par la suite femme de service dans une école maternelle. Sans engagement politique majeur, son père prit toutefois le parti de De Gaulle en 1940.

René Berthier vit et milite à Paris depuis 1969. Après des études secondaires à Lisieux, il passa le bac en 1965 et fit des études d’anglais à l’université de Caen, où il passa sa licence. Il s’intéressa au mouvement libertaire et s’abonna à Anarchisme et non-violence et aux Cahiers de l’humanisme libertaire, de Gaston Leval.
Il s’installa à Paris en 1969 et s’inscrivit en maîtrise d’anglais à la Sorbonne. Sa bourse d’études étant supprimée sans raison apparente, il abandonna ses études et trouva un emploi à mi-temps dans la bibliothèque de revues du CNRS, quai Anatole-France. C’est alors qu’il se syndiqua au syndicat des intérimaires CFDT, dont il fut secrétaire adjoint et où il rencontra Christiane, sa future compagne. Il fut le témoin de la dissolution, par l’appareil syndical de la CFDT, de l’union locale des VIIIe-IXe arrondissements.

Il fréquenta plusieurs années le Centre de sociologie libertaire de Gaston Leval, où il rencontra Jacky Toublet qui, avec d’autres camarades du Syndicat CGT des correcteurs, dont Albert Sadik, l’aida à se former comme correcteur. Il se syndiqua au Syndicat des correcteurs en 1972 et travailla alors dans plusieurs imprimeries de labeur à Paris : imprimerie de Montmartre, Moriamé, etc.
Après son service militaire en 1974, il se fit embaucher à l’imprimerie Georges-Lang. C’est en travaillant chez Lang qu’il passa une maîtrise d’anglais à la Sorbonne. Il se maria en 1980 avec Christiane, dactylo-facturière, déléguée du personnel CGT à la Thomson-CSF de Gennevilliers. Ils eurent trois enfants.
Son engagement pratique en tant que militant anarcho-syndicaliste remonte à son adhésion au Centre de sociologie libertaire de Leval, où il fut entraîné dans l’action syndicale par les militants qui étaient en train de constituer l’Alliance syndicaliste, à laquelle il adhéra. (Cette expérience est racontée dans sa brochure À propos de l’Alliance syndicaliste, éditions No Pasaran.)
Après la dissolution de l’Alliance syndicaliste, il adhéra au groupe Pierre-Besnard de la Fédération anarchiste, en 1984. En 1991, il co-fonda l’éphémère groupe Février de la FA avec notamment Nelly Trumel (peintre et militante féministe) et Philippe Garnier (psychanalyste), qu’il rencontra à Radio libertaire au moment de la guerre contre l’Irak. Ce groupe était essentiellement un groupe de réflexion destiné à produire des analyses sur la guerre en Irak, sur le nouvel ordre mondial, l’oppression des femmes, le pouvoir, l’autorité. Il assista à plusieurs congrès de la Fédération anarchiste dans les années 1985-1990 (Lille, Rouen…)

À la veille de la guerre du Golfe, fin 1990, René Berthier anima une émission mensuelle sur Radio libertaire, Le Magazine libertaire, émission de réflexion politique et culturelle. Il y traita en particulier de « la femme de quarante ans » en réponse à une émission scandaleusement orientée passée à la télévision sur le même thème ; de « la crise » en réponse à une émission animée par Yves Montand à la télé ; de Don Juan lors du bicentenaire de la création de l’opéra de Mozart. Lors du 80e anniversaire de la révolution russe, il organisa sur Radio libertaire une « semaine de la révolution russe ».

René Berthier fit l’essentiel de sa carrière comme correcteur d’imprimerie. En 1979-1981, il fit des remplacements dans différents quotidiens parisiens, puis fut embauché au Journal officiel jusqu’à sa retraite en 2003.

Son activité syndicale suivit de près son engagement dans le mouvement libertaire. Une fois ouvrier du Livre, il devint en 1974-1975 délégué CGT au comité d’entreprise de Georges-Lang et membre du comité syndical du Syndicat des correcteurs. Vers 1988, il fut délégué du personnel CGT au Journal officiel, jusqu’en 1997 où il devint secrétaire adjoint du Syndicat des correcteurs. De 1999 à 2003, il fut secrétaire du Syndicat des correcteurs, Membre du bureau du Comité intersyndical du Livre parisien CGT. En 2002, il fut élu au congrès de Nantes comme membre au bureau fédéral de la Filpac (Fédération du Livre CGT).

En 1985, il co-fonda un comité de soutien aux mineurs britanniques en grève et il co-organisa, sous l’égide du groupe Pierre-Besnard de la FA, deux tournées en France de délégations de mineurs. En 1991, il fut co-fondateur d’un comité contre l’embargo imposé au peuple irakien. Il abandonna Le Magazine libertaire et anima alors les Chroniques du nouvel ordre mondial, qui furent quotidiennes pendant toute la durée de la guerre, puis hebdomadaires. L’émission cessa lorsque ses activités syndicales devinrent trop prenantes, en 1997
.
Depuis une quarantaine d’années, il participe à la presse libertaire, en particulier dans Solidarité ouvrière (organe de l’Alliance syndicaliste) et Le Monde libertaire — où il signe de son nom ou sous deux pseudonymes : Raoul Boulard ou Éric Vilain = à la revue Noir et Rouge (Paris, 1986)

René Berthier ne se définit pas comme anarchiste mais comme anarcho-syndicaliste. L’anarchisme français n’a pas eu d’influence déterminante sur lui. Par sa proximité avec Gaston Leval, sa formation en fait plutôt un produit du mouvement anarcho-syndicaliste espagnol. Le théoricien du mouvement libertaire dans lequel il se reconnaît le plus est Bakounine. C’est encore l’influence de Gaston Leval qui le conduisit à la conscience de la nécessité pour les militants d’avoir une bonne formation historique et théorique.
René Berthier prépare actuellement une Philosophie politique de l’anarchisme en trois volumes.

Membre dans les années 2010 du groupe « Salvador Segui de la FA

ŒUVRE : “Chroniques du nouvel ordre mondial, 1991-1997”, émission sur Radio libertaire : “Bakounine politique. Révolution et contre-révolution en Europe centrale”, Éditions du Monde libertaire, 1991. — “L’Occident et la Guerre contre les Arabes. Réflexions sur la guerre du Golfe et le Nouvel ordre mondial”, L’Harmattan, 1994. — “Ex-Yougoslavie. Ordre mondial et fascisme local”. Co-édition Monde libertaire-Atelier de création libertaire-Reflex, 1996. — “Israël-Palestine. Mondialisation et micro-nationalismes”, Acratie, 1998. — “Octobre 1917, le Thermidor de la Révolution russe”, Éditions CNT région parisienne, 1997. Contributions à l’ouvrage collectif “Les Anarchistes et la révolution française”, Éditions du Monde libertaire, 1990 : « 1789. Révolution et contre-révolution en Angleterre. Godwin et Burke” ; “La Révolution française comme archétype : 1848 ou le 1789 manqué de la bourgeoisie allemande” ; “La Révolution française dans la formation de la théorie révolutionnaire de Bakounine ». — Digressions sur la révolution allemande, Éditions du Monde libertaire, 2009. « La réhabilitation de Boukharine ou la seconde mort de Trotski », Économies et société, « Etudes de marxologie », S, n° 28-29, 1991, pp. 165-177. « Le discours libéral de la guerre. La revue Hérodote et la guerre du Golfe », Fédération anarchiste, cahiers du groupe Février, 1992 (épuisé). URSS 1917-1992 : du faux communisme au vrai capitalisme, éd. Décembre, Saint-Étienne, 1992, 68 p. « Du système des contradictions économiques au capital. Hegel, Proudhon, Marx », Fédération anarchiste, cahiers du groupe Février (épuisé). Sur la nation et le nationalisme : contribution à un débat paru dans Le Monde libertaire, éd. gr. Février (FA), Paris, 1994, 36 p. Fédération anarchiste (épuisé). « État, droit et légitimité », L’Homme et la Société, n° 123-124, 1997. « Mai 1937 : contre-révolution stalinienne à Barcelone ». Le Monde libertaire hors-série n° 7, juillet 1997. « Actualité de Bakounine », postface à Michel Bakounine, d’Amédée Dunois. Éditions du Monde libertaire (Paris)-ed Alternatives libertaires (Bruxelles). 1998. « Cent cinquante ans de Manifeste communiste », Les Temps maudits, n° 4, janvier 1999. « Bakounine, l’État et l’Église », Réfractions, n° 7, 2001. Il y a dix ans, la guerre du Golfe, Éditions Reflex, 2002. « Éléments d’une théorie bakouninienne de la bureaucratie », Informations et réflexions libertaires, Lyon, été 2007. « Crise du travail ou crise du capital ? », Les Temps maudits, n° 2, janvier 1998. « L’anarchisme dans le miroir de Maximilien Rubel », Anticommunisme et anarchisme, Éditions du Monde libertaire-Paris — Éditions Alternative libertaire-Bruxelles, 2000. À propos de l’Alliance syndicaliste, éditions No Pasaran, 2008. Nombreux articles dans la presse libertaire, en particulier Solidarité ouvrière (organe de l’Alliance syndicaliste) et Le Monde libertaire


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