Dictionnaire international des militants anarchistes
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Y’en a pas un sur cent… et pourtant des milliers d’hommes et de femmes de par le monde, souvent persécutés, embastillés, goulagisés et parfois au prix de leurs vies, ont poursuivi leur chevauchée anonyme à la recherche d’un impossible rêve : un monde sans dieux ni maîtres.

CHATILLON, Jules, Jean Baptiste “MENARD” (ou “MINARD”)

Né le 18 février 1863 à Torteron (Cher) — Journalier — Levallois-Perret (Hauts-de-Seine)
Article mis en ligne le 17 août 2018
dernière modification le 21 août 2024

par Dominique Petit, R.D.
Jean Baptiste Chatillon

Tiré au sort dans le Cher, Jules Chatillon avait été réformé pour « faiblesse de constitution ».

Le 22 juin 1892, Jules Chatillon avait été condamné par le tribunal correctionnel de la Seine à un mois de prison et 100 francs d’amende, pour « coups et blessures ».

Du 27 décembre 1892 au 1er mars 1894, Chatillon vécut dans un hôtel, sous le nom de Jules Ménard avec une « fille soumise » nommée Anne Marie Leroy, dite Jenny Leroy ou Berthe Tudoret. Ils ne travaillaient pas, sortaient ensemble le soir et ne rentraient que tard dans la nuit. Berthe Tudoret se livrait à la prostitution, elle était inscrite comme « fille soumise » depuis 1883 et ne s’était pas présentée depuis longtemps à la visite sanitaire.

A partir du 31 mars, jusqu’au 4 juillet Chatillon et Tudoret vécurent dans un garni 21 rue Valentin à Levallois-Perret où demeuraient également Gama, Bouchet et Bocquet.

Chatillon déclarait travailler comme journalier dans des stands de tir sur les fêtes publiques, mais en réalité il vivait surtout de la prostitution de sa maîtresse. Il était vu « souvent sur la route de la Révolte, en compagnie de prostituées et de souteneurs ».

Il fréquentait les groupes anarchistes et exploitait de concert avec Jules Rousset, dit Saint-Martin, les personnalités en vue, en leur demandant des subsides, pour organiser des soupes-conférences. Ces recueils de fonds pour les soupes-conférences débutèrent en novembre 1892. Rousset et Chatillon avaient fait imprimer des cartes de visite à leur nom indiquant : « J. Rousset et Chatillon, organisateurs des soupes-conférences 1891-92-93. Désirent quelques instants d’entretien. 5, rue de l’Arc-de-Triomphe ». Lors de leurs visites, l’un des deux compagnons portait une serviette sous le bras, la dépliait et montrait une liste de donateurs, attestée par des signatures et suivies des montants des dons.
La première soupe-conférence réunissant un milliers de « meurt-de-faim et de va-nu-pieds », à la salle Favié, venus écouter une conférence de Martinet et manger une ou plusieurs assiettes de potage, eut lieu en novembre 1891.

Chatillon aurait été aussi l’agent électoral de l’abbé Garnier, de Lucien Millevoye et du socialiste Hubert Lelorrain.

Le 19 février 1894, lors d’une perquisition la police trouva chez lui une lettre de l’anarchiste Migeon où il était dit : « Faites pour le mieux, si vous jugez à propos d’agir seul cette fois ». Il ne fournit de cette phrase que des explications embarrassées.

Chatillon fréquentait également Cherville, Amblard et Gama.

Le 4 juillet 1894, le commissaire de Levallois-Perret fit une descente, au 21 rue Valentin, un garni, supposé être le refuge habituel de prostituées et de souteneurs. Il trouva Jules Chatillon couché avec Berthe Tudoret. Chatillon avait un dossier à la Préfecture de police, comme anarchiste, sous le n° 138.371. Il fut arrêté et conduit au commissariat. Lors de son interrogatoire il nia être anarchiste, reconnut avoir été autrefois membre de la Jeunesse blanquiste du 6e arrondissement à la fin des années 1880 mais ne plus faire de politique depuis.
Sa maîtresse Berthe Tudoret aurait été, auparavant, frappée au visage par Chatillon. Elle fut envoyée au Dépôt par mesure administrative, comme prostituée et libérée le 9 juillet. Elle disparut ensuite, malgré les recherches de la police.

Le 7 juillet, Chatillon fut emprisonné à Mazas. Il fut libéré le 13 août 1894. Le 3 juillet 1895, le juge d’instruction Meyer délivrait un non-lieu concernant l’inculpation de d’association de malfaiteur et de vagabondage spécial (proxénétisme), le forain, propriétaire du tir ayant déclaré qu’il l’employait, bien que ce ne fut pas un travail régulier.

Chatillon figurait sur un état récapitulatif des anarchistes au 31 décembre 1896, il habitait alors 9 route de la Révolte à Neuilly (Seine).


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