Fils d’un compagnon « 2e maître vétéran », Henri Sirolle, ouvrier électricien aux ateliers des chemins de fer de l’État (Paris-Saint-Lazare), participa en juillet 1913, il à la fondation du groupe des cheminots anarchistes, qui donna bientôt son adhésion à la Fédération communiste anarchiste (FCA). Ce groupe, dont il fut secrétaire avec Lebec, comptait également parmi ses membres Yves Bidamant et Dussaux et se réunissait au 1 rue du Simplon. À l’automne 1913, il assistait l’opérateur de la société Rapid’Films pour les projections au Cinéma du peuple, afin d’apprendre le métier. Il demeurait vers cette époque à Clichy au 2 rue d’Alsace.
Mobilisé en 1914 et affecté spécial à son emploi, il entra, en janvier 1915, en relation avec Pierre Monatte pour le féliciter de s’être opposé à l’Union sacrée. Domicilié à Paris (XVIIe arr.), il était également en relations épistolaires avec Marcel Martinet.
En mai 1917, à l’issue du congrès du Comité d’entente des syndicats autonomes de la Seine, Sirolle entra à l’Union de la Seine comme représentant des cheminots du Réseau État. En février 1918, il fut l’un des animateurs de la réunion extraordinaire des comités syndicaux minoritaires de la Seine à Paris. Il y annonça la victoire des minoritaires chez les cheminots parisiens. En juin, il participa au congrès fédéral et y intervint.
Constamment critique de la direction de la confédération, Sirolle fut délégué au congrès fédéral de mai 1919 puis, délégué au congrès de la CGT à Lyon (15-21 septembre 1919), devint membre du Comité provisoire des syndicats minoritaires de la CGT dont Pierre Monatte était le secrétaire et qui donna naissance aux Comités syndicalistes révolutionnaires.
En 1919 il était membre du groupe « Rénovation sociale » de Clichy et en mars fut le signataire au nom des cheminots d’une protestation contre les perquisitions faites au siège du Libertaire, suite à l’attentat réalisé par Cottin contre Clémenceau ; cette protestation parue à la une du Libertaire n°6 (2 mars 1919) était signée par de nombreux responsables syndicaux de tendance libertaire ou syndicalistes révolutionnaires dont Le Meillour, J. S. Boudoux, G. Renneringer, Schneider, Dondon, Barday et J. Massot.
Le 17 octobre 1919, aux cotés de Séverine, Thuilier (CDS), G. Pioch (Les Hommes du jour), Lepetit (terrassiers) et Paul Veber (Fédération anarchiste), il fut l’un de orateurs au meeting organisé salle des sociétés savantes par la Fédération anarchiste pour l’Amnistie notamment en faveur de Paul Savigny, L. Lecoin et E. Cottin.
Membre de la commission exécutive du Comité de la IIIe Internationale fondé en mai 1919, il devint en 1920 secrétaire adjoint de la Fédération des cheminots. Cette même année, il fut marginalisé au Comité de la IIIe Internationale en raison du renforcement des éléments socialistes après le congrès de Strasbourg du Parti socialiste (février 1920). Révoqué fin mars 1920, il fut supplanté comme leader des cheminots par G. Monmousseau et L. Midol au cours de la grève de mai.
Arrêté le 4 mai 1920 dans le cadre de l’enquête sur le « complot », il fut emprisonné à la Santé. Remplacé par Le Guen à la commission administrative de la CGT, il signa avec Totti, Delagrange, Sigrand, etc., une lettre mettant en cause la direction de la CGT qui avait lancé le mot d’ordre de reprise du travail, consigne assimilée à une « trahison ». Libéré le 11 juin, Sirolle put assister au congrès du Réseau État et y présenta une motion au titre du secteur de Paris, motion approuvant l’ordre de grève qui fut repoussée par un peu plus de trois cents voix sur 33 830 suffrages. À l’époque du congrès d’Orléans (27 septembre-2 octobre 1920), Sirolle était partisan de la « nationalisation industrialisée ».
En décembre 1920, lors d’un meeting contre la dictature, il fut l’un des orteus aux cotés de Lecoin, Loréal et Le Meillour. Après avoir fermement condamné le concept de dictature du prolétariat, il avait ajouté : « Nous voulons que l’individu soit lire, dans un pays libre et nous voulons donner toute notre activité pour imposer ce but… Si malgré notre action, notre activité, si demain, après la Révolution, nous avons la chance d’être encore debout, et si vous imposez cette dictature, il vous restera l’honneur de nous mettre au poteau et de nous fusiller » (cf. Le Libertaire, 19 décembre 1920).
Membre du groupe anarchiste du XVe arr. de Paris, il avait assisté au Ier congrès de l’Union anarchiste (Paris, 14-15 novembre 1920) et collabora au Libertaire (notamment à la rubrique Tribune syndicaliste), avec lequel il fut parfois en désaccord. Dans le numéro daté du 14-21 janvier 1921, il écrivit : « Syndicaliste, oui. Mais vive l’anarchie quand même ! ». Au congrès extraordinaire de l’Union des syndicats de la Seine (novembre 1920), il se prononça pour la non rééligibilité des responsables et fut élu à la commission exécutive sur la liste de la minorité. En novembre 1921, à l’issue du IIe congrès de la Seine, il y fut réélu.
En février 1921, il signa le « Pacte » secret des anarchistes au sein des CDS (voir Besnard Pierre). Cette année-là, il fit partie de la délégation française au Ier congrès de l’Internationale syndicale rouge avec M. Kneler, J. Tommasi, Gaudeaux, Godonnèche, etc. Avec Gaudeaux, il désavoua l’action de Kneler. Selon A. Rosmer, Sirolle préconisa de rester au sein de l’ISR et d’y constituer une opposition anarchiste. Il rapporta par la suite, dans La Revue anarchiste, s’être opposé aussi bien à N. Boukharine qu’à l’action de Nestor Makhno.
Délégué au congrès CGTU de Saint-Étienne (juin-juillet 1922), il quitta rapidement cette organisation. Un temps membre de la CGT-SR, il s’opposa dès 1926 à Pierre Besnard puis quitta cette 3e CGT puisqu’en 1927, il fut délégué de la Fédération des cheminots au XIXe congrès de la CGT (Paris, juillet). Il le fut à nouveau au XXe et au XXIe congrès (Paris, septembre 1929 et septembre 1931).
En 1928, Sirolle était ajusteur aux ateliers de la Folie et délégué à la propagande du syndicat confédéré de Paris Rive-droite. Les 11-12 mai 1928, il intervint au congrès national des cheminots confédérés pour dénoncer « l’impossibilité de collaborer avec les syndicalistes unitaires ». En 1934, Sirolle se prononça pour la fusion organique au sein de la CGT.
Lorsqu’en 1929, le directeur du Réseau de l’État, Raoul Dautry, voulut rationaliser les ateliers de La Garenne avec le concours du cabinet Bedaux, il se heurta à la résistance farouche de la CGTU qui avait su former un front commun avec la CGT et la CFTC. Mais, au début de 1930, Dautry sut exploiter une proposition de Sirolle suggérant l’élection de délégués aux commissions techniques de rationalisation des ateliers. A la fois les minoritaires syndicalistes de la CGTU regroupés autour de Rambaud et les confédérés acceptèrent la création de comités d’atelier qui associeraient le personnel aux tâches de contrôle et de mesure des effets de la rationalisation. Les communistes dénoncèrent la « collaboration » engagée dans les « comités Rambaud-Sirolle » ou « Rambaud-Dautry » comme une véritable trahison.
A cette époque il s’éloigna définitivement de l’anarchisme au profit d’un syndicalisme réformiste et anticommuniste.
Séduit par les idées sociales de Dautry, Sirolle devînt vite l’un de ces interlocuteurs familiers dont le directeur de l’État aimait s’entourer pour prendre leur avis. Quand Dautry devînt en 1939 ministre de l’Armement, il appela à son secrétariat administratif Hyacinthe Dubreuil, Raymond Froideval et Henri Sirolle, qu’il chargea d’organiser la lutte anticommuniste au sein des usines d’armement en vue d’y assurer le développement d’un « syndicalisme sain ». Peu après, lors du procès de Riom, Sirolle était prêt à venir témoigner en faveur de son ancien « patron » avec lequel il entretenait des rapports réguliers. En 1943, devenu contrôleur technique principal et directeur de l’apprentissage à la SNCF, Sirolle était aussi membre du Comité de direction et délégué pour la Région parisienne du Secours national, création de Vichy traversée par de multiples influences antinomiques. Il fut également directeur de l’organisme vichyste L’Entraide d’hiver où il trouva du travail pour Louis Lecoin.
H. Sirolle est mort le 7 septembre 1962 à Onzain (Loir-et-Cher)