Paulino Diez Martin avait fait preuve dès l’enfance d’un esprit de rébellion qui lui valut d’être exclu à l’âge de 4 ans d’une école religieuse pour indiscipline, puis d’une autre école. Devenu apprenti tailleur à l’âge de 12 ans, puis bourrelier, il devint apprenti menuisier et adhéra à l’âge de 14 ans à la Société des ébénistes et menuisiers de Burgos dont en 1909 et 1910 il fut membre de la junte.
En 1910 il partait avec son frère à Melilla (Maroc) où il allait travailler à la construction de baraquements pour l’armée et participer en septembre à une grève et un mouvement de protestation. Fin 1911 il travaillait à la construction d’un hôpital et entrait en contact avec des militants socialistes et anarchistes — dont Garcia Viñas, Manuel Garcia, Victoriano Mairena —, participait à une nouvelle grève (1911), à la formation d’une société ouvrière de résistance (1912) et la création en 1913 d’un groupe anarchiste où il fut chargé de la propagande auprès des soldats. Puis il effectua une période militaire de trois mois (été 1913) à Séville où il rencontra le compagnon Sanchez Rosa.
Le 1er mai 1914 il tint son premier meeting à Pechina (Almeria) et connut sa première détention de 16 jours en avril 1915 comme « élément dangereux » à l’occasion de la visite à Melilla du roi Alphonse XIII. De nouveau arrêté lors de la grève de septembre 1916, il participa cette même année avec le groupe anarchiste de Melilla à la dénonciation de la contrebande organisée par les commerçants et le gouverneur militaire qui sera finalement destitué mais qui entraînera une tentative d’attentat contre Paulino Diez qui en échappera en se cachant à bord d’un navire.
Le 1er mai 1917 il fut l’un des orateurs du meeting tenu à Melilla pour rappeler les martyrs de Chicago et en soutien à la révolution en Russie, ce qui lui valut d’être arrêté au cours du meeting. Il ne cessa dès lors d’entrer et sortir de prison jusqu’à la grève des cheminots des mines du Rif en septembre 1918 où il fut alors expulsé de Melilla et alla à Barcelone où il arriva en octobre et adhéra immédiatement au syndicat CNT du bois dont en décembre il fut nommé délégué à la Fédération locale de Barcelone, puis en janvier 1919 secrétaire de la FL.
Devenu un proche de Gaston Leval, il fut aussi membre du comité de grève au début du conflit de La Canadiense et assura la publication clandestine de Solidaridad obrera. Parallèlement il participait à divers meetings de soutien à des grèves.
Le 3 avril 1919, suite à une dénonciation, il était arrêté dans un restaurant et poursuivi pour 10 délits pour lesquels le procureur demandait une peine de 10 ans pour chaque délit (soit 100 ans de prison). Interné à la prison Modelo puis sur le navire prison Teresa Taya, il fut remis en liberté provisoire le 5 septembre 1919, le jour même où un groupe anarchiste abattait l’ancien policier Bravo Portillo.
Le Comité national de la CNT l’envoyait alors en Andalousie où lors d’une grève des marins à Malaga il fut arrêté puis remis en liberté après que les compagnons aient déclenché une grève générale sur le port. Puis il participait à la réorganisation des syndicats CNT du bois, de la construction et des transports de Malaga avant d’aller clandestinement en novembre 1919 à Melilla épouser civilement sa compagne (avec comme témoin Garcia Viñas). Les autorité lui donnèrent 1 mois pour quitter la ville, mois qu’il utilisa à organiser une grève des ouvriers boulangers.
Revenu à Malaga, il fut de nouveau brièvement arrêté lors d’une grève des employés de commerce. En décembre 1919 il fut délégué de Malaga au congrès de la CNT tenu à La Comedia à Madrid puis participa en février 1920 à une tournée de conférences dans la zone d’Algeciras pour y exposer les accords du congrès. Revenu à Malaga il était aussitôt expulsé par le gouverneur et gagnait Séville où sous le nom de José Perez, il trouvait un emploi dans une menuiserie et participait à la formation des syndicats CNT du bois, de la métallurgie, du transport et de la construction et devenait un proche de Pedro Vallina. Il était alors membre du Comité régional andalou de la CNT et participait à l’édition de Solidaridad obrera (Séville).
Arrêté en juillet 1920 et impliqué dans un attentat commis le mois précédent à Malaga contre le journal La union mercantil, il fut emprisonné à Malaga et depuis sa cellule organisa une campagne de presse et son propre comité de défense. Lors du procès contre lui et 6 autres militants tenu le 16 octobre, il fut défendu par José del Rio et Francisco Layret et obtint l’acquittement comme les autres inculpés.
Le 4 janvier 1921 il était à nouveau arrêté et pendant un mois fut transféré à pieds avec un groupe de prisonniers de Séville à Cordoba. Assigné à résidence dans divers villages de la province de Cordoba, réincarcéré à Cordoba où il fut emprisonné au cachot pour avoir refusé d’assister à la messe, il fut assigné à résidence à La Torre de Juan Abad d’où, le 7 septembre 1921, avec l’aide de jeunes compagnons, il s’échappa et gagna Pueblo Nuevo (Cordoaba) où sous une fausse identité il allait ensuite enseigner à l’école rationaliste de Peñarroya dirigée par Aquilino Medina.
En janvier 1922, souffrant d’un ulcère provoqué par ses nombreux emprisonnements, il retournait se reposer auprès de sa famille à Melilla. En juin 1922, après la légalisation de la CNT, il participait à la conférence tenue à Saragosse où fut décidée l’adhésion de la CNT à l’AIT. Puis avec Salvador Segui il participa à une tournée de conférences en Andalousie. De retour à Melilla en juillet il était arrêté pendant 10 jours puis expulsé vers Malaga où il ; était de nouveau détenu une dizaine de jours.
Dès sa sortie de prison il participait à la grève du port ce qui lui valut d’être arrêté avec tout le comité de grève.
En février 1923, comme délégué de la FL-CNT de Malaga, il assista à la conférence des fédérations locales et régionales tenue à Mataro où fut décidée une campagne en faveur des prisonniers politiques. Il participa à cette campagne dans toutes les provinces nord (Euskadi, Vieille-Castille et Cantabrie) avant de revenir en Andalousie suite à l’assassinat à Barcelone de Salvador Segui le secrétaire de la CNT. Il occupa alors de septembre à octobre le poste de secrétaire du Comité national de la CNT dont les autres membres étaient P. Vallina (trésorier), Maniel Perez (comptable), et Ramon Mazon (secrétaire des actes).
Après le coup d’État de Primo de Rivera en septembre 1923, et le plenum clandestin tenu à Saragosse le 15 octobre, il fut désigné pour rencontrer au nom de la CNT le Colonel Macia à Perpignan et préparer la lutte contre la dictature.
Début 1924, il fut emprisonné 6 mois, puis s’embarqua pour Cuba où il allait travailler dans une distillerie de bière et fonder avec Jesus Arenas, M. Salinas et Adrian del Valle la Fédération nationale des groupes anarchistes et participer en février 1925 à la constitution de la Confédération nationale ouvrière de Cuba dont au 2e congrès il sera nommé secrétaire. Il vivait alors sous la fausse identité de Rafael Pérez.
En juin 1927, pour échapper à la répression de la dictature de Machado, il gagnait les États-Unis où, sous la fausse identité de José Torribio Crespo de nationalité portoricaine, il allait s’établir à New York et participer à un grand meeting de soutien à Sacco et Vanzetti et aux cotés de Frank Gonzalez, Restoy, Francisco Eive, Pantin, Castilla et d’autres à la lutte contre les dictatures et à l’édition du journal Solidaridad (New York, 1928).
Dès la proclamation de la République, il retournait à Barcelone en juillet 1931 avant de regagner Melilla pour y réorganiser la CNT et notamment y faire adhérer les ouvriers marocains. Suite à une grève des transports, il était arrêté et condamné à 2 ans et 11 mois de prison, avant d’être acquitté en appel où il fut défendu par Eduardo Barriobero.
En février 1932, suite aux évènements de Figols, il était de nouveau arrêté, déporté à Almeria puis assigné en liberté surveillée à Burgos d’où il s’échappait en août 1932. L’année suivante il était le secrétaire de la CNT de Melilla et en fut le délégué au congrès régional andalou où il proposa la création d’une régionale CNT d’Afrique du Nord et fut, avec Durruti et F. Ascaso, l’un des orateurs du meeting de clôture du congrès, ce qui lui valut un nouvel emprisonnement de quelques mois.
Après l’échec de la révolution asturienne en 1934, il passa près d’un an caché à Melilla et entra en contact avec des militaires républicains. Lors du coup d’État franquiste de juillet 1936, il parvint à se cacher puis, en avril 1937 à passer au Maroc français d’où il s’embarqua pour Barcelone. Il fut alors chargé de la réorganisation de la régionale andalouse et participa en juillet 1937 au plenum régional tenu à Baza, puis en août au plenum national de régionales aux cotés de Bartolome Montilla Rull le secrétaire de la régionale andalouse.
En novembre 1938, il dût être transféré à Barcelone pour y être opéré de son ulcère à l’estomac puis fut envoyé en convalescence à Perpignan. La chute de Barcelone en janvier 1939 empêcha son retour et il s’occupa alors à l’aide apportée aux compagnons internés dans les camps en France lors de la Retirada jusqu’à son internement au camp de Saint-Cyprien où un compagnon dessinera son portrait (Fonds A. Tellez). Quelques mois plus tard avec plusieurs autres compagnons dont P. Vallina il parvenait à s’embarquer pour les Amériques.
Il résida d’abord à Saint-Domingue, puis à La Havane où il habitat chez Domingo Rojas et Aurea Cuadrado et participa à l’organisation du noyau CNT, et à partir de 1941 à Colon au Panama. Avec Parra et d’autres cénétistes, il travailla comme charpentier dans la zone du canal. Pendant quelque temps il resta ultérieurement en marge de l’organisation ayant été exclu par le comité local de la CNT à Colon, avant d’être réintégré.
Paulino Diez Martin est décédé le 20 juillet 1980 à Colon.
Outre lies titres cités ci-dessus, Paulino Diez Martin avait collabiré à plusieurs titres de la presse libertaire dont Cenit, España Nueva, Nervio (Paris) et O Libertario (1961).
Œuvre : — Un anarcosindicalista de acción : memorias (Caracas, 1976).