Né dans une famille aisée, Silvestre Sebastian Espada — dont le véritable nom pourrait être Silvestro Spada], était l’aîné de trois frères. En troisième année d’études d’ingénieur agronome à l’Université de Rome, il avait dut abandonner à la suite de la mort de ses parents, et avait été recueilli avec ses frères avec un oncle qui, à son tour décédait peu après. Silvestre Sebastian Espada commença alors à travailler comme marin, adhéra à la Fédération syndicaliste italienne et ne tarda pas à devenir anarchiste.
Pendant la Première Guerre mondiale, il fut insoumis. Membre de la rédaction de divers hebdomadaires libertaires, il fut l’objet de poursuites et victime du boycott des armateurs qui l’obligea à parcourir diverses régions d’Italie.
Arrivé à Trieste avec les frères Golpin, il y organisa avec eux la Fédération anarchiste de Trieste et participa activement à l’Union syndicale italienne (USI) locale. Lors de la montée du fascisme, il fut arrêté vers 1920 après avoir abattu deux fascistes et blessé un troisième qui le suivaient dans l’intention de l’éliminer. Après 18 mois de prison, il fut finalement libéré à l’été 1921 après que son avocat ait prouvé la légitime défense.
En 1923, sa compagne décédait et il plaçait ses enfants chez une de ses sœurs. Cette même année 1923, après la prise de pouvoir par les fascistes, il était arrêté à Gênes et était envoyé au confinat de l’île Lipari. Avec un autre compagnon et un militant socialiste, il s’évadait ensuite puis tenta difficilement en nageant — l’autre compagnon disparaîtra en mer — de gagner la côte. A bout de forces, Espada et le compagnon socialiste furent finalement recueillis par un bateau américain qui les emmena jusqu’à Chicago où la colonie d’exilés italiens les prirent en charge.
Sebastian Epada travailla d’abord comme cuisinier dans un hôtel, puis dans une imprimerie et enfin comme charpentier. Il fut à partir du 1er mai 1928 l’éditeur du mensuel italien Germinal (Chicago, 1er avril 1926-1er mai 1930) animé notamment par Erasmo Abate, Armando Tiberi et Carlo Pagella. Il envoyait également régulièrement de l’argent à son fils élève à l’académie de marine militaire — il sera ultérieurement fusillé après avoir participé à un complot contre Mussolini et Italo Balbo et après avoir été dénoncé par un indicateur qui sera abattu quelques mois plus tard à Rome — et à sa fille élève d’une école normale et qui étaient restés tous deux en Italie.
Vers 1928, avec son groupe il avait décidé de tenter de faire évader d’Italie E. Malatesta qu’il connaissait personnellement. Il s’embauchait alors de nouveau comme marin à bord d’un navire que l’amena avec d’autres compagnons à Trieste. Il parvint à contacter Malatesta qui refusa cette offre d’évasion, se considérant comme trop vieux (Malatesta devait décéder à l’été 1932).
Revenu à Chicago, il continua de participer au groupe Germinal et à naviguer, y compris dans différents ports italiens où il tenta à chaque fois d’organiser quelque acte de résistance.
Dès l’annonce du coup d’État franquiste de Juillet 1936, Silvestre Sebastian s’était embarqué à Chicago à destination de Marseille, d’où il gagna Perpignan, puis Barcelone et s’enrôla dans la Colonne Italienne de C. Roselli avec laquelle il partit pour le front de Huesca. Blessé à une cheville d’une balle qui ne put être extraite, il fut renvoyé à Barcelone, où après avoir été soigné, il fut désigné pour intégrer le Comité de Défense de Madrid où il fut emmené par les compagnons J. Pastor Sevilla.
A Madrid il se chargea de l’édition italienne de Frente Libertario (Madrid, 11 avril 1937- 10 février 1939). Il résidait alors dans une habitation de l’Institut de la réforme agraire, près du siège de l’émetteur radio de la CNT qu’il utilisait comme salle de rédaction. Il avait à cette époque trouvé un petit chien à la patte fracturée, l’avait baptisé Trotski et avait été surnommé par les camarades el compañero del perro (le compagnon au chien).
Le 28 mars 1939, à la veille de la chute de Madrid, J. Pastor Sevilla le trouvait au local de l’émetteur, avec la dernière édition de Frente Libertario, n’ayant pa été averti de l’évacuation vers Valence. Pastor Sevilla l’emmenait alors jusqu’à Gandia où ils parvenaient à s’embarquer pour la Grande-Bretagne où à son arrivée il fur enregistré comme réfugié espagnol.
C’est à Londres, où il avait été accueilli par une famille anglaise, que la balle reçue sur le front de Huesca put enfin être extraite. Pendant la Seconde Guerre mondiale, la famille britannique l’emmena à Earling où il allait cultiver un petit terrain d’un jardin publique, puis former une petite société de jardiniers présentant chaque année leurs meilleurs produits.
A la fin de la guerre, n’ayant plus de famille en Italie — sa file était devenue fasciste — il resta en Angleterre avec la famille qui l’avait recueilli.
Silvestre Sebastian Espada, qui dans certaines sources est aussi appelé Sebastian Espada de Lagos jusqu’à son décès le 19 novembre 1968 à Londres des suites d’une gangrène de sa cheville, continua jusqu’au bout à défendre ses idéaux libertaires. Il a été incinéré le 26 novembre au crématorium de West London.