
Dès le lycée, Georges Vidal connut des ennuis à cause de ses convictions libertaires : « Je tiens (…) à vous annoncer que je viens d’être exclu du lycée Mignet d’Aix-en-Provence pour propagande anarchiste en cette ville » écrivait-il, le 16 décembre 1919, à Le Meillour, secrétaire de la Fédération anarchiste, dans une lettre reproduite dans Le Libertaire (4 janvier 1920) et qu’il concluait “Je suis révolté de ce procédé, mais cela me fortifie dans mes convictions anarchistes”.
Il collabora aux revues Fortunio (Marseille) fondée en 1913 par Marcel Pagnol et à La Criée (Marseille).
Vers 1921 il fonda avec Colomer et Dalgara une revue poétique libertaire. En 1922, il fit paraître dans Terre libre (Marseille, n°2, 5 juillet 1922), organe de la Fédération anarchiste du Sud auquel il collaborait, et dans Le Libertaire (21 juillet 1922), un poème dédié à Émile Cottin, auteur d’un attentat contre Clémenceau, ce qui lui valut, avec Viaud et Le Roux, le 16 novembre une peine de deux mois de prison et 100 francs d’amende infligée par un tribunal de Paris puis une peine de trois mois infligée le 24 novembre par le tribunal correctionnel de Marseille. A la Petite-Roquette où il était détenu fin décembre, il dut faire la grève de la faim pour obtenir d’être admis au régime politique. Lors d’un nouveau procès à Aix en Provene et pour la même affaire, il fut condamné par défaut en mars 1923 à 8 mois avec Leroux le gérant de Terre libre.
Dans le poème à Cottin, on pouvait notamment lire :
“Alors dans les éclairs fulgurants de ton arme
S’illumina tout le passé
Et les yeux convulsés,
Appelant auprès d’eux policiers et gendarmes
Les bourgeois virent s’avancer
Le spectre noir des trépassés
Ravachol, Caserio, Vaillant
Les regardaient en souriant
Et leurs têtes nimbées de sang
Disaient la gloire des apôtres.
Et les bourgeois fous de terreur
Ont cru qu’il en reviendrait d’autres
… C’est pour cela qu’ils ont voulu
Tuer en toi l’âme des foules
Mais ton exemple est là, Cottin
Plus fort que cette armée de drôles
Et nous irons quelque matin
Ouvrir les portes de ta geôle"
A l’été 1923, il fut nommé responsable du Comité pour la défense de Makhno chrgé de mener une campagne pour obtenir sa libération des prisons polonaises. Ce comité édita un portrait de Makhno en carte postale.
Le quatrième congrès de l’Union anarchiste, qui se tint à Paris, les 12 et 13 août 1923, l’élut membre de la commission administrative de la Librairie sociale, et quelques semaines après, il fut nommé, le 26 octobre, administrateur du Libertaire - où il remplaça S. Férandel - et le demeura jusqu’au 10 décembre. Le 28 septembre précédent il avait lancé dans le journal un appel pour sauver le compagnon et poète allemand E. Mühsam condamné à 15 ans de prison et interné à la forteresse de Niedersehoenenfeld.
Le journal se trouvait domicilié 9, rue Louis-Blanc à Paris. Le 22 novembre, Vidal y reçut un jeune homme exalté qui se confia à lui : Philippe Daudet, fils de Léon Daudet, le directeur de l’Action française, qui, quelques jours plus tard, périt tragiquement (suicide ? assassinat ?). Cette mort fut le départ des attaques violentes de Léon Daudet et de l’Action française contre Le Libertaire et contre Georges Vidal, en particulier. Il fut alors remplacé à l’administration du journal par Pierre Lentente.
Au journal il collaborait notamment à la rubrique "La Vie des lettres".
Les 1er-3 novembre 1924, Vidal assista à Paris au congrès de l’Union anarchiste. Deux ans plus tard, il partit avec Marius Theureau et sa compagne Fernande Miquet pour le Costa-Rica dans le but d’y participer à la communauté anarchiste de Mastatal fondée par Charles Simoneau Pedro Prat, expérience qui échoua.
Revenu en France, il s’écarta peu à peu de l’action militante pour se consacrer aux romans d’aventures, mais collabora notamment aux chroniques littéraires de L’Insurgé (Paris, 1925-1926) de Colomer et à L’anarchie » (1926-1929). Il avait été admis le 1er janvier 1924 au syndicat des correcteurs. Il en démissionna en 1929 en raison d’un changement de profession, y fut réadmis en 1932 et, de 1936 à juin 1940, fut membre du comité syndical de cette corporation.
Georges Vidal est décédé à Paris le 13 novembre 1964. Sur sa tombe, Albert-Jean, au nom de la Société des gens de lettres, et Louis Lecoin prononcèrent son éloge funèbre.
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Oeuvre : Quelques rimes, 1919. — Devant la vie, 1923. — Comment mourut Philippe Daudet, 1924. — Han Ryner, l’homme et l’oeuvre, 1924. — Le Club artistique des Hydropathes (en feuilleton dans Le Libertaire du 24 au 26 février 1924). — Commentaires, Ed de L’Insurgé, 1925 — La Halte (poémes), 1925 — J.H. Fabre ou une leçon d’énergie, 1925 — Six-Fours, bourgade provençale, Ed. Les Humbles, 1925 — Aventure, 1930. — Romans d’aventures chez Ferenczi et romans policiers aux Éd. du Fleuve noir. — Filmographie : L’Aventure est à bord de Pierre Montazet, 1947.