Lorenzo Giusti avait adhéré très jeune à l’anarchisme. Chef de gare il allait militer au syndicat des cheminots italiens (SFI) où tant au niveau provincial que national il allait être l’un des représentants du courant anarchiste.
Début février 1922, partisan de la constitution d’un front unique antifasciste, il participait comme délégué du SFI à une réunion avec le Parti socialiste italien, le parti communiste, la CGIL et l’USI pour constituer l’Alliance du travail (Alleanza del Lavoro). Suite au 1er mai 1922 où il ne s’était pas présenté au travail, il fut suspendu ; puis, suite à la grève du 1er août suivant lancée par l’Alliance du travail en défense de la liberté, il fut rétrogradé au grade de sous-chef de gare, avant d’être finalement licencié en juillet 1923.
Après avoir lutté courageusement contre le fascisme, avoir refusé d’adhérer au syndicat corporatiste, il dut émigrer en 1931, d’abord en France puis en Espagne où il continua de militer dans le mouvement libertaire et devint l’un des dirigeants du syndicat international des cheminots. Ses activités lui valurent d’être alors expulsé d’Espagne et il retourna en France à Toulouse où il allait résider 22 rue des Novars et devenir le compagnon de Marie-Justine Vauthier.
Dès le coup d’État franquiste de juillet 1936, il retournait en Espagne avec sa compagne Maria Vauthier, s’enrôlait dans la section internationale de la Colonne Ascaso et partait pour le front de Huesca (Aragon). Après les affrontements de mai 1937 et l’assassinat de C. Berneri par les staliniens, il eut de fréquents et violents accrochages avec des responsables communistes italiens. Il fut également à cette époque le responsable du groupe italien Pietro Gori de Barcelone et fut, semble-t-il, membre de la Colonne Durruti (ou 26e Division).
Passé en France lors de la Retirada, il fut interné au camp d’Argelès-sur-Mer. Puis il fut vraisemblablement envoyé dans une Compagnie de travailleurs étrangers ou s’enrôla dans l’armée française, puisque il fut fait prisonnier lors de la percée allemande de Dunkerque et déporté dans un stalag. Après s’être évadé en 1941, il retourna à Toulouse.
A la chute du fascisme en Italien, il se présenta à la frontière le 5 août 1943 à Menton où il fut arrêté et emprisonné quelques jours avant d’être libéré et de retourner à Bologne où il adhéra au Parti socialiste italien (PSI) et participa aux luttes de Libération dans la zone d’Imola.
Lorenzo Giusti, qui, à la Libération, avait été nommé secrétaire national du SFI et président de la coopérative cheminote de Bologne, fut également élu conseiller municipal. Il est décédé le 19 janvier 1962 lors d’une réunion de la section socialiste dont il était membre.