Dictionnaire international des militants anarchistes
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Y’en a pas un sur cent… et pourtant des milliers d’hommes et de femmes de par le monde, souvent persécutés, embastillés, goulagisés et parfois au prix de leurs vies, ont poursuivi leur chevauchée anonyme à la recherche d’un impossible rêve : un monde sans dieux ni maîtres.

MOLLIN, Gabriel

Né le 15 septembre 1835 à Bourges (Cher) — mort le 18 octobre 1912 — doreur sur métaux — AIT — Paris
Article mis en ligne le 30 octobre 2012
dernière modification le 8 août 2024

par R.D.

Gabriel Mollin fit partie de la sous-commission de dix-sept membres adjointe au 1er bureau de Paris de l’Internationale installé, le 8 janvier 1865, 44, rue des Gravilliers, et dont les secrétaires correspondants étaient Tolain, Fribourg et Ch. Limousin.
Il figura parmi les membres de l’Internationale signataires d’une lettre rédigée par Fribourg et Ch. Limousin dans le courant de 1865, et adressée aux membres de l’AIT en vue de préparer le premier congrès de l’association. Cette lettre est donnée dans la brochure Congrès ouvrier. Association Internationale des Travailleurs, reproduite pp. 16-24 du t. I de La Première Internationale (J. Freymond) op. cit.

Après la démission, le 19 février 1868, des quinze membres de la commission élue au lendemain du congrès de Lausanne de septembre 1867, une commission nouvelle de neuf membres fut désignée le 9 mars. Tous furent condamnés le 22 mai — en appel le 24 juin 1868 — à trois mois de prison et 100 f d’amende. Mollin était du nombre.

Détenu à Sainte-Pélagie, Mollin et ses camarades de la commission : Combault, Granjon, Humbert, Landrin, Malon, Varlin — Bourdon et Charbonneau exceptés pour des motifs que l’on ignore — ainsi que Cluseret, non membre de la commission, mais détenu lui aussi pour délit de presse et membre de l’Internationale, protestèrent contre la résolution du 3e congrès de Bruxelles, 6-13 septembre 1868, déclarant que la Ligue de la Paix et de la Liberté n’avait pas de raison d’être ; ils déclarèrent que le congrès n’avait pas mandat pour agir ainsi et que « Le droit de se croire la seule expression des aspirations d’une époque ne peut appartenir à aucune association isolée » (cf. J. Guillaume “L’Internationale…”, op. cit. t. I. pp. 67-68).

G. Mollin fut délégué au 4e congrès de l’Internationale (Bâle, septembre 1869) par le Cercle des prolétaires positivistes. Bien que le Cercle ne fût pas encore adhérent de l’Internationale, Mollin fut accepté à l’unanimité, compte tenu du fait qu’il était un ancien membre de l’Internationale et que le groupe auquel il appartenait était « un groupe de travailleurs parmi lesquels se trouvent plusieurs anciens membres de l’Internationale » (Le Cercle demanda à adhérer fin janvier ou début février 1870) ; une lettre d’Eugène Dupontdu 14 avril 1870 — cf. Arch. PPo., B a/ 1 190 — communiqua à Mollin l’acceptation par le Conseil général de la demande d’adhésion du Cercle).

Mollin, qui fit partie de la commission sur l’instruction intégrale, s’abstint dans le vote sur la propriété collective. D’un point de vue général, il précisa ses conceptions par la déclaration suivante :
« Ancien communiste, je suis […] tombé non dans l’individualisme, mais dans un terme moyen aussi éloigné de l’individualisme, qui sacrifie le concours à l’indépendance, que du communisme qui sacrifie l’indépendance au concours… J’ai un pied dans le camp des communistes : c’est à eux que nous devons d’avoir posé le principe incontestable que la richesse est sociale dans sa source et doit l’être dans son emploi […] L’erreur de la solution communiste consiste au fond à ne reconnaître que l’efficacité des mesures politiques, en méconnaissant complètement l’influence des procédés moraux ; ils veulent régler politiquement ce qui ne peut et ne doit l’être que moralement. Je tends, d’un autre côté, la main aux individualistes, car leur doctrine a eu pour résultat d’empêcher l’absorption de l’individu par la collectivité. Il faut donc reconnaître le double caractère de la situation actuelle : l’aspiration de plus en plus grande à l’indépendance personnelle ; la multiplicité croissante des rapports des hommes entre eux et par suite la nécessité d’un concours de plus en plus grand.
Pour satisfaire à ces deux conditions, qui semblent contradictoires, il suffit de rendre le concours de plus en plus volontaire par la libre acceptation des devoirs propres à régler tous les actes de notre vie personnelle, domestique et sociale. D’accord avec Tolain qu’on ne doit pas voter sur cette question, et pénétré des idées positivistes, je dépose sur le bureau la déclaration suivante : “Les prolétaires, ici réunis, déclarent solennellement renoncer à l’emploi de l’action gouvernementale, sous une forme quelconque, pour faire prévaloir les systèmes sociaux. Ils déclarent que l’action gouvernementale doit se réduire à protéger la liberté de tous, et que chaque doctrine ne doit prévaloir que par une adhésion complètement volontaire résultant d’une libre exposition.
 »

Avec ses amis du Comité central des vingt arrondissements auquel il appartenait, il présenta, le 15 septembre 1870, les mesures d’urgence que le gouvernement de la Défense nationale aurait dû, selon les signataires, se hâter « de transformer en décrets pour le salut de la patrie et de la République”. Ces mesures intéressaient la sécurité publique, les subsistances et les logements, la défense de Paris et des départements.

Mollin fut, pendant le Siège, porte-drapeau, sous-lieutenant au 197e bataillon. « On ne croit pas qu’il ait pris part aux événements insurrectionnels de 1871, car son nom est inconnu à la Justice militaire ».

En décembre 1873, il se maria, eut un enfant, mais, le 27 novembre 1875, fut interné à Sainte-Anne à la suite d’un dérangement mental dû à des excès alcooliques. Il quitta l’asile le 22 janvier 1876 et s’en prit au Dr Robinet qu’il accusa de l’avoir fait enfermer et rendit responsable du fait que sa femme l’avait abandonné en emmenant son fils. Mollin fut condamné, le 15 décembre 1879, par la 10e chambre du tribunal correctionnel de la Seine, à 25 f d’amende et 200 f de dommages et intérêts.

En 1879, il s’attaqua aux chefs positivistes. La 10e chambre le condamna le 19 décembre à 25 f d’amende.

En 1879, il fut délégué au congrès ouvrier socialiste de Marseille et, l’année suivante, deux groupes révolutionnaires du IIIe arr. de Paris le déléguèrent au congrès du Havre, dernier congrès national réunissant socialistes et anarchistes ; il y siégea parmi les collectivistes. À partir de 1881, Mollin « n’a cessé de prendre part à toutes les manifestations anarchistes ». Il demeurait alors rue de Lourcine et était signalé, avec notamment E. Gautier et Émile Violard, dans les réunions d’un cercle qui se réunissait 128 rue Mouffetard.
En 1882, aux cotés notamment d’Émile Gautier, A. Bérard, E. Baillet, G. Falies, Thomachot et Corapied, il était membre du Groupe de propagande anarchiste de Paris et participait notamment aux réunions du groupe du faubourg Marceau tenues au 66 rue Monge puis rue Pascal.
A l’automne 1884, il était, selon la police, le responsable d’un nouveau groupe dans le XIIIe arrondissement, remplaçant l’ancien groupe du Faubourg Marceau. Ce groupe se réunissait chaque jeudi au Réveil Matin rue des Cinq diamants. Il demeurait alors rue Godefroy et aurait été l’auteur de deux ouvrages contre les positivistes. Toujours selon la police, il était l’ami intime d’Émile Gautier, était « très méfiant » et faisait « une propagande active, surtout parmi les jeunes gens ». Barbu il était toujours vêtu d’une blouse blanche.

Il collabora notamment à Terre et Liberté (octobre 1884-février 1885 : dix-huit numéros) et fut gérant du Glaneur anarchiste (janvier-mai 1885 : deux numéros). Il assistait à cette époque aux réunions du groupe La Vengeance dans le Ve arr. et en 1884 à celles du groupe Les Misérables dans le XVe. Il travaillait alors, semble-t-il, comme peintre en bâtiment.

Au printemps 1893 il demeurait 45 rue de la Verrerie.

Gabriel Mollin, qui s’était séparé définitivement de sa femme en 1901, est décédé le 18 octobre 1912.

OEUVRE : (Cotes de la Bibl. Nat.) : Rapport sur le Congrès de Bâle, Paris A. Le Chevalier 1870 in-12, 44 p., Rp 8 473. — Paroles prononcées au banquet positiviste du 14 Saint-Paul 89 (3 juin 1877), Paris, Impr. de Rudrauf (1877) in-16, 3 p., 8° Ln 27/ 30 260. — Les Jobards et les rublards (sic) du positivisme, lettres au citoyen Isidore Finance, Paris, Librairie des publications populaires, 1879, in-18, 60 p., 8° R 2 174. — Les Dessous du positivisme, lettre à M. le Dr Robinet, Paris, impr. de Rudrauf, 1879, in-18, 300 p., 8° R. 2194.


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