Né dans une famille d’origine paysanne qui continuait de travailler la terrre tout en exeçant comme taileurs d’habits, Nocilas Stoinov, après avoir appris à l’école le russe et le français et la lecture de Rousseau, avait suivi des cours de pédagogie qui le préparèrent à la carrière d’éducateur populaire. Malgré les possibilités d’occuper des postes plus avantageux, il continuera toute sa vie comme simple maitre d’école. Plusieurs fois déplacé et congédié il ne quitta jamais la région de ses activités (Choumen, Varna, Dobrich, Silistra).
Antimilitariste convaincu, il refusa d’effectuer son service militaire ce qui lui valut d’être emprisonné à Roussé. Contemporain des massacres paysans à Dourant-Koulak pour leur refus de payer la dîme, il participa activement à la formation de sortes de syndicats de petits cultivateurs surgis spontanément de la propre initiative des paysans.
Fondateur des premiers syndicats d’instituteurset de leurs unions régionales d’abord et en 1895 de leur fédération nationale, il fut le promoteur avec le compagnon Spiro Goulaptchev des premières écoles du soir pour l’alphabétisation des adultes, des cénacles d’éducation et un militant actif des maisons de culture. Il fut également l’auteur de centaines de conférences et causeries qui execèrent une grande influence sur des milliers de personnes. Vers 1907 il fut le fondateur à Yambol du groupe anarchiste Acratis. En 1923 il participa activement au 5e congrès de la Fédération anarchiste communiste de Bulgarie (FACB).
Pendant le régne de Boris III, il dénonça dans une lettre ouverte l’enlèvement par des militaires à Choumen de jeunes étudiantes qui avaient été violées et assassinées, permettant de dénoncer ce crime et d’ouvrir une enquête pour découvrier et punir les criminels.
A sa retraite, Nicilas Stoinov que les compagnons avaient surnommé « le grans père », cultiva à Choumen la vigne qu’il y avait planté tout en recevant la visite de nombreux compagnons et paysans à qui il prodiguait ses conseils.
Après la prise du pouvoir par les communistes, puis à la vague de répression qui fin 1948 toucha notamment le mouvement libertaire, il fut convoqué au commissariat de police et fut menacé d’internement en camp de concentration, ce qu’il évita sans doute à cause de son âge. Il fut également l’objet de plusieurs perquisitions et refusa de signer toute déclaration lui demandant de renoncer à ses convictions.
Au milieu des années 1950, ayant ressenti le besoin de s’exprimer sur la situation nationale et internationale, il commença à publier un bulletin manuscrit qu’il collait sur les murs et diffusait dans les cafés de Choumen. Dans un de ces bulletins daté juillet 1957 il écrivait : « …Mais il est inconcevable, il n’est pas permis que notre pays « démocratique » devienne le pays du silence et moins encore qu’il se transforme en une caserne. Pour tout ce qui se passe et qui adviendra, une responsabilité égale nous incombe à tous, excepté aux morts et aux déments. Plus d’ignorance, plus d’imposture ! Vers la vérité, vers la responsabilité de tous ! ».
Nicolas Stoinov est décédé à Choumen le 4 février 1963 à l’âge de 101 ans.
Georges Balkanski, qui l’avait rencontré en 1923, écrivait à son propos : « Aimant profondément les hommes, il était incapable de commander. Il se serait laissé tromper et abuser plutôt que de tromper et d’imposer sa volonté aux autres… Incapable de commettre aucun acte de violence, il demeura cependant toujours ferme et intransigeant dans sa posotion révolutionnaire, dans ses conceptions selon lesquelles le monde capitaliste et autoritaire contemporain ne saurait être reconstruit sans une révolution sociale radicale ».
Œuvres : — Les vaines promesses d’en haut et la réalité d’en bas ; — La situation du paysan et la nécessité de son instruction ; — La dégénérescence du socialisme, de la social-démocratie ; — Un centenaire bulgare parle (Paris, 1968, Ed. Notre Route).