Dessinateur au port, Jean-Marie Guerenneur, était abonné au Père Peinard et recevait fréquemment depuis Londres des ballots de placards, dont certains furent saisis par la police au bureau de poste de Brest. Il entretenait une correspondance suivie avec des compagnons d’autres départements et de l’étranger.
Le 13 mars 1892 il avait été signalé par le commissaire de police pour avoir prononcé avec Jean Demeule des discours révoluttionnaires à l’occasion d’une réunion commémorant la Commune de Paris tenue à Recouvrance et à laquelle avaient assisté une centaine de personnes.
Le 10 mai 1892, comme plusieurs autres compagnons dont la veuve Gouzien et A. Sevré, il fut l’objet d’une perquisition.
Considéré comme « dangereux » et en 1893 comme l’un des principaux animateurs avec Jean Demeule du groupe anarchiste local, son domicile du 2 rue Graveran était étroitement surveillé par la police qui saisissait systématiquement les colis de placards qui lui étaient adressés depuis Londres. Il était à cette époque l’un des vendeurs à la criée du Père Peinard. A l’occasion des élections législatives d’août et septembre 1893, les anarchistes de Brest et de Lambézellec constituèrent un Comité de propagande socialiste anarchiste qui présenta quatre candidatures « anti votardes » — Jean-Marie Guerenneur, Jean Demeule, Eugène Marion, Prosper Guyard — et imprima une affiche appelant à l’abstention (voir portfolio). Guerenneur fut l’un de ces candidats dans la 2e circonscription de Brest et participa à plusieurs réunions en faveur de l’abstention à Brest et Lambézellec avec notamment Demeule et Régis Meunier.
Au cours de l’année 1894 son domicile fut perquisitionné à cinq reprises par la police qui ne put saisir que quelques brochures et périodiques. Sur l’état des anarchistes établi fin 1894 il était qualifié de « dangereux, à surveiller de près ». Jamais condamné, Guerenneur, qui prenait parfois la parole dans les conférences anarchistes, était avant tout un organisateur et non un orateur.
Jean-Marie Guérenneur est décédé le 27 avril 1896. Une note d’un indicateur, datée du 23 juin 1896, précisait qu’il avait eu « un service à l’église (où) il ne s’est produit aucun incident ».(APpo BA 1499)
Sa fille, Henriette (née en mars 1894) épousa en juillet 1915 le compagnon Paul Gourmelon.