Cultivateur au Pics à Gennetines (Allier) et sous l’influence de l’union locale des syndicats ouvriers de Moulins, Jacques Pontet, avec son frère aîné Jean, avait créé en février 1904 un syndicat de cultivateurs. Parallèlement et sans concertation la même démarche était engagée à Bourbon l’Archambault par Michel Bernard avec le syndicat des bûcherons. Les deux groupes se rejoignaient pour former la Fédération des travailleurs de la terre dont le premier secrétaire fut son frère Jean (mort à Paris en 1916 des suites de la guerre) puis l’écrivain paysan Émile Guillaumin. La Fédération, qui regroupait socialistes révolutionnaires et libertaires, au fait de son influence regroupa 1800 cotisants et 37 syndicats locaux (cf. M. Bernard Le syndicalisme paysan dans l’Allier, 1910).
Sous l’influence des frères Pontet, le syndicat de Gennetines sera à la pointe des combats et des luttes des métayers. Dans les colonnes du Travailleur rural, l’organe de la Fédération, Jacques Pontet propageait les idées du courant libertaire. A l’occasion des élections législatives de 1910, dans un article intitulé Le parlementarisme jugé par les métayers, paru dans le numéro 19 (septembre 1910), il écrivait : « Seront-ils capables de réaliser tout cela, les politiciens socialistes ? Non ce serait trop beau et il ne faut pas tant espérer d’eux. D’ailleurs beaucoup de riches sont à la tête du parti ; ces messieurs ont par conséquent des intérêts différents des nôtres. Ils nous parlent bien de transformer la société… ce jour là, il y en aura plus d’un qui retournera sa veste… Nous aussi nous voulons la transformation de la société, car il y a trop d’inégalité… mais ce n’est pas en faisant des lois que nous arriverons à la changer… aussi camarades, il n’y a pas deux solutions… travailleurs groupons nous, multiplions les syndicats… ».
Suite à ces élections législatives et aux affrontements entre Brizon le candidat officiel du parti socialiste et la tendance socialiste révolutionnaire, la déception prit de l’ampleur vis-à-vis du parti socialiste dont témoignent différents articles du Travailleur rural. A Bourbon l’Archambauit, plusieurs militants di groupe socialiste — dont le bûcheron Jean Govignon, Joachim, Nicolas, Creuzier — démissionnèrent alors pour former autour notamment de Méténier un groupe libertaire (cf. témoignage de Raymon Paul).
Jacques Pontet, qui au moment de la guerre de 14-18 avait cessé toute activité politique, est décédé à Moulins le 30 juin 1944.
René Laplanche