Dictionnaire international des militants anarchistes
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HENRI, Marius
Né à Bessèges (Gard) le 28 juillet 1859 - Mineur – Bessèges (Gard) - Saint-Étienne (Loire)
Article mis en ligne le 25 juin 2011
dernière modification le 7 septembre 2023

par R.D.
Marius Henri (fiche de police)

Né de père inconnu, Marius Henri, qui savait lire et écrire et était considéré comme « très intelligent » travaillait au milieu des années 1880 à la mine de Lalle où il regroupa très vite autour de lui beaucoup des mineurs qui avaient participé à la grève de 1882 et avaient été licenciés. Il s’était marié le 31 décembre 188 avec Marie Philomène Petit, veuve Dardaillon, et avait deux enfants.

En 1886 il constituait la Chambre syndicale des travailleurs réunis de Bessèges qui regroupaient mineurs, métallurgistes, cordonniers, vanniers, horlogers, etc. et dont les responsables étaient Chanal (secrétaire), Henri (secrétaire adjoint), Ginestière (trésorier) et Deloule (trésorier adjoint).

Délégué au congrès des ouvriers mineurs tenu à Saint-Étienne, il rendit compte de son mandat le 19 février 1887 à Bessèges devant une assemblée d’environ 300 personnes et où il critiqua vivement l’idée d’élire des députés ouvriers : « Le Parlement ne fera jamais rien pour les ouvriers… La Chambre des députés est un sac de pommes de terre pourries dans lequel on mettrait une pomme de terre saine : celle-ci se détériore en 24 heures au contact des autres ». Il était alors membre du groupe anarchiste local animé notamment par Paul Reclus, ingénieur depuis 1886 aux mines de Bessèges.

Il fut l’un des organisateurs de la grève victorieuse qui se déroula dans la région du 2 au 10 mars 1887. A la suite de cette grève, la Chambre syndicale fut dissoute par les autorités qui la jugèrent illégale et contraire à la loi de 1884 sur les syndicats, parcequ’elle regroupait différentes professions.

Selon, rapport du 4 mai 1887 Henri était “Sujet certainement dangereux et à surveiller étroitement” et était “en relations avec Rondet, de Saint-Étienne et l’on suppose qu’il a des correspondances avec les comités anarchistes de Paris, Genève et Bruxelles”.

Henri fut poursuivi en décembre 1887 et condamné à un mois de prison avec sursis pour « infraction à la loi de 1884 et exhibition d’objets propres à troubler l’ordre public » (le 14 juillet 1887, il avait exposé une petite guillotine à la fenêtre du local du syndicat).

Au cours même du procès le mouvement syndical s’était reconstitué avec notamment une Chambre syndicale des mineurs dont Henri fut nommé secrétaire et où il continua de lutter contre le réformisme, l’électoralisme et en faveur de l’action directe.

Il fut l’organisateur de la journée du 1er mai 1890 dans le bassin houiller du Gard et organisa une réunion à Bessèges où il invita les 1000 mineurs présents à se mettre en grève pour la journée de huit heures et des augmentations de salaire. Dès le 3 mai la grève s’était largement étendue et le lendemain 4 mai, la police se présentait à son domicile pour l’arrêter. Henri s’était échappé et ne fut arrêté que le 10 mai. Le 16 mai il fut condamné par le Tribunal correctionnel d’Alès à 12 jours de prison pour "menaces de mort" et fut licencié comme près de 500 autres mineurs.

En 1894 il résidait et travaillait à Saint-Étienne.

Il pourrait s’agir du Henri Marius, signalé en 1937, comme un abonné du Libertaire à Nîmes où il demeurait 6 rue des Patins.