Suite à la disparition des organes anarchistes lyonnais Le Droit social, L’Etendard révolutionnaire, La Lutte et Le drapeau noir, due aux poursuites et incarcérations de leurs divers gérants, apparaissait un nouvel organe L’Emeute (Lyon, 7 numéros du 9 décembre 1883 au 20 janvier 1884) dont le gérant était P. Labille. Le journal, dont la rédaction se trouvait 26 rue Vauban et comprenait notamment Léon Domergue, Claude Grillot et Vincent Berthout, proclamait vouloir continuer « avec une ardeur grandissante à semer l’esprit de vengeance et de haine contre l’autorité politique et économique, contre les gouvernants et les capitalistes, les monopoleurs (sic), les exploiteurs de toutes sortes… Nous lutterons jusqu’au bout, ; jusqu’à la victoire finale des déshérites et des souffrants, nous pousserons constamment le cri d’alarme, le cri de la Révolution vengeresse qui, seule, fera disparaître les monstruosités qui affligent l’espèce humaine » (cf. n°4, 4 décembre 1883). P. Labille après son arrestation et sa condamnation à 2 ans de prison fut remplacé à partir du n°6 par P. Parich qui sera à son tour condamné à deux ans de prison. Le journal sera alors remplacé par un nouveau titre Le Défi qui ne pourra publier que 3 numéros en février 1884.
Selon la police, Labille arriva en Algérie fin 1885 et milita au groupe du quartier de Mustapha à Alger. Il fut également le gendre d’Étienne Lemoine et, en 1897, habita pour un an la commune de Rouiba. Un rapport spécial du commissariat de la Sûreté d’Alger indique qu’il déménagea à Mustapha, rue Michelet en octobre 1898. Il participa à la souscription du journal de Jean Faure Le Libertaire d’Alger (1892). Objet d’une surveillance très rapprochée de la part de la police, en effet sa notice individuelle stipule qu’il « fait partie du groupe anarchiste local, […] fait l’objet d’une délégation en date du 30 juin 1887. Une surveillance très active fut prescrite à son égard afin de s’assurer s’il ne se livrait pas à la propagande anarchiste soit par paroles, discours, distribution de brochures, journaux ou imprimés » .
Pierre Labille est décédé en mai, 1901.
Y-a-t-il identité avec le Labille qui, au printemps 1889, se trouvait à Genève (Suisse) ?