Arevado Gianneschi avait été condamné à Pise à diverses reprises : amende en mars 1972 pour “tapage nocturne”, 3 mois de prison pour “détention d’armes” (janvier 1878), condamnation pour “coups” et infraction à une mesure de surveillance (août 1878), 1 mois de prison pour “affichage de “manifeste séditieux” (septembre 1883), 18 mois de prison pour “coups avec préméditation” (septembre 1885).
Selon la police, il aurait à Pise facilité l’évasion d’Orsini, un matelot qui avait frappé au coteau trois de se supérieurs, dont deux étaient décédés, et qui avait été condamné à mort par contumace et était venu le remercier à Nice en mai 1894.
Averado Gianneschi Bobo était arrivé à Nice en juin 1891. Il y ouvrit une buvette, 53 rue de Villefranche, qui servit bientôt de lieu de réunion aux anarchistes. Il donnait également asile aux compagnons de passage. Dans un rapport sur les anarchistes, daté de juillet 1894, le commissaire central écrivait « …il faut croire que cette buvette est bien connue d’un certain monde de l’autre coté des Alpes car c’est là que se rendent tous les malandrins » (sic). Début 1894, il était qualifié de “très dangereux” sur une liste d’anarchistes résidant à Nice. Dans un rapport du commissaire spécial (27 juillet 1894) il était indiqué que, pour couvrir ses activités, Gianneschi s’était « offert comme indicateur au Consulat d’Italie et à la polie française, qu’il a trompés à la fois ». A l’été 1894 il était l’objet d’une perquisition où la police saisissait une volumineuse correspondance politique socialiste et anarchiste ainsi que deux timbres de sociétés secrètes italiennes et était arrêté. Lors de son interrogatoire, il avait signé un procès-verbal où il s’engageait, s’il n’était pas expulsé, à « rendre des services importants à la police locale et au commissaire spécial ». Lors d’une entrevue à la prison de Nice avec le commissaire spécial, il protesta contre les accusations d’anarchisme et se défendit « d’avoir trempé dans quoi que e soit » et que s’il n’avait pas fourni certains renseignements c’était par peur d’être grillé. Au cours de l’entretien il donna les noms de 4 anarchistes italiens dont deux, sous une fausse identité, vivaient encore dans la région malgré un arrêté d’expulsion. Le commissaire indiquait qu’il “serait encore temps d’utiliser ses services et d’en apprécier la valeur ».
Le 12 septembre 1894 il fut l’objet d’un arrêté d’expulsion de France dont nous ne savons s’il a été appliqué.