Dictionnaire international des militants anarchistes
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Y’en a pas un sur cent… et pourtant des milliers d’hommes et de femmes de par le monde, souvent persécutés, embastillés, goulagisés et parfois au prix de leurs vies, ont poursuivi leur chevauchée anonyme à la recherche d’un impossible rêve : un monde sans dieux ni maîtres.

AGRESTI, Antonio, Ferdinand, Luigi “BINDI”, “Fernand PONCE”

Né à Florence le 23 octobre 1863 — mort le 28 mars 1926 — Graveur — Florence (Toscane) — Paris — Londres — Rome (Latium)
Article mis en ligne le 16 janvier 2011
dernière modification le 7 novembre 2024

par R.D.
Antonio d Agresti

Fiché dès 1883 comme anarchiste « exalté et audacieux », Antonio Agresti fut condamné le 19 septembre 1884 avec d’autres compagnons pour avoir édité et diffusé un manifeste « gravement offensant pour l’ordre constitutionnel monarchique ». Ayant fui en France, d’abord à Marseille puis à Paris où vers 1886 ou 1887 il aurait été mêlé avec Pauline Marais (sa compagne), Wagner, Redon et Bidault à une affaire de cambriolage d’un marchand de tabac de la rue de la Tour d’Auvergne.

Fin 1887, il demeurait chez le compagnon Amédée Thomas, 43 rue de Belleville, où il se faisait passer pour son frère et, selon un indicateur, se « vantait de purger les groupes anarchistes des cinq ou six mouchards qui se trouvaient au milieu d’eux ».

Début 1888 il était signalé dans les réunions et se faisait appeler Oreste. Le 20 mars 1888, il avait participé, avec notamment les compagnons Voghera et Rovigo, à la réunion organisée salle Favié par les cercles socialistes révolutionnaires indépendants contre le Général Boulanger (voir Eugène Job) et où, lors des pugilats qui avaient éclaté entre partisans et opposants du général, et pour défendre Émile Bidault agressé, il avait selon la police, sorti un couteau poignard. Il participait également à cette époque aux réunions de la Ligue des antipatriotes.

Il fut expulsé par arrêté du 1er août 1888 pour « activités subversives » — toutefois il était toujours signalé en janvier-février 1890 dans les réunions du Cercle anarchiste international de Paris (APpo BA 1506) — et rentra à Florence où il venait de bénéficier d’une mesure d’amnistie.

En mars 1890, pour s’être montré réticent au recrutement militaire, il était condamné à un mois de prison. A sa libération il reprenait son activité de propagandiste anarchiste à Florence et dans la région puis, en août repartait pour Paris où, avec notamment Guzzina, il fut signalé en 1891 comme un propagandiste actif notamment à Saint-Denis et Saint-Ouen. Selon le rapport d’un indicateur, Agresti qui se faisait aussi appeler Bindi, résidait alors derrière la butte Montmartre et se livrait à la fabrication de fausses pièces de 5 francs ; selon le même rapport il était alors « habillé comme un grand seigneur… portait un révolver toujours chargé dans la poche droite de son pantalon » et fréquentait parfois les réunions du Cercle anarchiste international de la salle Horel. Sa femme, qui aurait travaillé chez Constant Martin, 3 rue Joquelet, était également signalée dans de nombreuses réunions où, selon la police, elle ne cessait de proférer des menaces contre la police et les mouchards.

Il fut soupçonné en 1891 d’être l’auteur d’un attentat à la dynamite à Levallois-Perret. Le 20 juin 1891 il était arrêté à Paris pour « infraction à arrêté d’expulsion ». Interné à Mazas, il était condamné en août à 6 mois de prison. La police le soupçonna également d’avoir participé avec Mathieu et Bastard au cambriolage d’un château des environs de Saint-Ouen.

Après son séjour en prison il gagnait Bruxelles où il fut arrêté puis expulsé en mai 1892, puis Londres où en 1894 il résidait 80 Grafton Street, puis en 1896 au 7 Frederick Street Portland Town. Son nom figurait sur une liste d’anarchistes établie par la police des chemins de fer pour “surveillance spéciale aux frontières”. Il collaborait à cette époque au journaux The Torch (1894), La Questione sociale (Paterson) ainsi qu’à La Protesta umana (Tunis, 10 numéros, du 9 février au 30 novembre 1896) publiée par Nicolo Converti en Tunisie. Il fut également l’un des promoteurs de la publication du numéro unique de L’Anarchia (Londres, août 1896) dans lequel Malatesta publia un manifeste-programme pour la réorganisation sur une base révolutionnaire du mouvement anarchiste.

Selon Constance Bantmann, il est possible qu’Antonio Agresti ait influencé les idées de Pouget sur le sabotage. Dans The Torch de mai 1894, Agresti avait écrit : « La loi n’a pas anticipé le cas du travailleur qui oublie un marteau dans un engrenage, éteint soudainement les flammes d’un four soufflant, glisse des ciseaux dans un tissu neuf ou qui détruit ses outils en les affûtant. De cette façon, les travailleurs peuvent en toute impunité, ruiner leurs employeurs quand ceux-ci rejettent leurs exigences légitimes. »

En août 1896 il fut délégué d’un cercle des travailleurs de Morez (Jura) au congrès socialiste international de Londres.

En août 1897 il rentrait à Florence où il semblait mettre un frein à ses activités politiques. Agresti, qui était un proche d’Augustin Hamon, collabora à la revue L’Humanité nouvelle quand celui-ci lança ce périodique en 1897 à son retour d’exil. Il lui donna notamment des « Souvenirs d’un communard », en mai 1900, qui fut publié en brochure. Les deux hommes devaient correspondre au moins jusqu’en 1903.

A la fin 1902 i partait s’installer définitivement à Rome où il allait faire parti de la rédaction du journal Il Domani et colaborer à L’Avanti ainsi qu’à la revue La Lupa (Florence) fondée par Paolo Orano et dans laquelle se côtoyaient syndicalistes révolutionnaires et certaines franges du mouvement nationaliste naissant.

En 1903 (ou 1904) il fut l’auteur du roman anti anarchiste L’Idea che accide (L’Idée qui tue) paru dans le journal conservateur La Tribuna et qui lui valut d’être vivement attaqué par plusieurs compagnons dans le journal L’Agitazione.

Lors de la Première Guerre mondiale il fut l’un des plus fervents partisans des anarchistes interventionistes et l’un des promoteurs –avec Attilio Paolinelli, Massimo Rocca, Maria Rygier et Torquato Malagola — du numéro unique de La Sfida (octobre 1914) interventioniste et publié par « les anarchistes indépendants d’Italie ». Il fut également l’auteur du pamphlet Perché sono interventista dans lequel il polémiquait avec L. Fabbri et exposait les raisons purement libertaires de la lutte contre l’autocrate austro-allemand. Puis il se rapprocha du Mazzinisme et abandonna ses idées anarchistes. Dans l’après guerre il se rapprocha du fascisme et en mars 1925 fut rayé du fichier des « subversifs » pour « être devenu un homme d’ordre ».

Antonio Agresti est mort à Rome le 28 mars 1926.


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